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Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

Manifester publiquement notre solidarité face à l’antisémitisme, sans oublier les autres combats que la République se doit de mener

Bien sûr, les institutions de la République, les institutions juives, les différents représentants des grandes confessions présentes sur le territoire français, comme les différents mouvements engagés dans la lutte contre le racisme et, plus particulièrement, contre l’antisémitisme, ou en faveur de la promotion et de la défense de la laïcité, doivent se mettre en mouvement pour témoigner leur solidarité aux juifs de France, comme aux juifs du monde entier, et notamment aux juifs installés en Israël.

Bien sûr, les médias doivent se mobiliser pour rappeler au droit et aux principes de la République. Mais en veillant à ne pas ajouter de l’huile sur la braise en multipliant des témoignages qui ressassent sans cesse les mêmes arguments au point de saturer les auditoires.

Bien sûr, des marches républicaines peuvent être entreprises dans des lieux symboliques pour manifester publiquement cette indispensable solidarité. Mais avec quel slogan ?

« Pour la République, contre l'antisémitisme » pourra-t-on lire sur la banderole de tête, que porteront les présidents de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher, les initiateurs de la Marche républicaine contre l’antisémitisme du 12 novembre 2023[1], au lendemain de la commémoration de l’armistice de 1918[2], qui ont jugé nécessaire de préciser qu'ils « ne défileraient pas à côté » du Rassemblement national.

Le Président de la République, Emmanuel Macron, a pris le parti de mettre en garde ceux qui confondent « le rejet des musulmans et le soutien des juifs », et ceux qui « préfèrent rester ambigus sur la question de l'antisémitisme par souci de flatter de nouveaux communautarismes ».

« S'en prendre à un juif, c'est toujours chercher à atteindre la République », a prévenu aussi le chef de l'Etat devant le Grand Orient de France, principale obédience maçonnique française.

Le porte-parole du gouvernement a tenté de désamorcer les polémiques générées par cette initiative : « A mon sens, le Rassemblement national n'a pas sa place dans cette manifestation », mais « c'est une manifestation publique à laquelle chacun est libre, en conscience, de participer. »

Quand bien même cet appel a été lancé le jour où l’on commémorait le souvenir de la nuit de cristal de la nuit du 9 au 10 novembre 1938, dates qui renvoient également dans la mémoire collective des Français aux anniversaires du fondateur la Vème République, Charles de Gaulle, souhaiter ne pas y voir figurer les membres de certains partis politiques en plein exercice, est-ce respecter ces mêmes principes alors que le principe d’unité et d’indivisibilité garantit l’homogénéité des lois, des droits et des devoirs sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin, et qu’aucun individu, aucune partie de la population française, ne peut s’arroger un exercice de la souveraineté qui appartient aux citoyens français dans leur ensemble ?

Si l’on peut aisément comprendre qu’attendre le 27 janvier 2024, date dédiée à la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, ne faisait aucunement sens, dans le contexte du moment, le slogan mobilisateur retenu par les organisateurs satisfait-il à cette exigence de prudence républicaine en présentant la laïcité comme « un rempart contre l’islamisme » alors qu’elle est un rempart contre tous les fanatismes religieux en vertu des principes de la République[3] ?

Dans l’éditorial du Mot d’Esprit évoqué dans le préambule de ce document, la rédaction de la Revue Esprit donne une parfaire illustration du climat dans lequel a été lancé cet appel :

« […] les tergiversations qui ont entouré l’appel à manifester le 12 novembre est un mauvais signal. Le retournement vertigineux par lequel un parti comme le Rassemblement national peut se présenter comme le défenseur des juifs témoigne d’un double effondrement, de la mémoire historique et des catégories politiques sur lesquelles sont nées les démocraties européennes après 1945. La difficulté d’une partie de la gauche à reconnaître la persistance de l’antisémitisme sous certains mots d’ordres décoloniaux ne fait qu’ajouter à la confusion. »

Craignant le risque d'amalgame avec un soutien inconditionnel à Israël, dans un pays où la confusion entre antisionisme et antisémitisme a été consacrée par le législateur en 2019, le risque d’instrumentalisation de ces mots d’ordre pour raviver la colère des minorités qui éprouvent déjà le sentiment amer d’être stigmatisées n’aurait-il pas dû faire l’objet de toutes les attentions ?

Limiter l’enjeu d’une telle marche à la lutte républicaine contre le seul antisémitisme ne saurait être à la hauteur des principes de la République !

Car c’est bien évidemment contre toutes les formes de haine, de violence et de racisme que la République a une ardente obligation de se mettre en marche ! Et c’est pour la paix et la sécurité de tous au Proche Orient que la France doit manifester sa volonté en mobilisant la Nation toute entière.

Une société idéale, çà se bâtit ! Et la République française doit y travailler sans relâche, ses fondations maçonniques nous rappelant son lien étroit avec les fondements spirituels des grands textes bibliques les plus anciens.

 

2023 n’est-elle pas l’année où est commémoré le tricentenaire des constitutions d’Anderson[4] ?

Dont acte !

« Que chacun apprenne la solitude, la fierté et la prudence.

Noueux et tordu, avec une dureté flexible, chacun doit se dresser auprès de la mer, phare vivant de la vie invincible.

Là-bas, où les tempêtes se précipitent dans la mer, où le pied de la montagne est baigné par les flots, il faudra que chacun monte la garde de jour et de nuit, veillant pour faire son examen de conscience.

(...) Jusque-là je continue à errer sur des mers incertaines ; le hasard me lèche et me cajole ; je regarde en avant, en arrière, — je ne vois pas encore la fin.

L’heure de ma dernière lutte n’est pas encore venue, — ou bien me vient-elle en ce moment ?

En vérité, avec une beauté maligne, la mer et la vie qui m’entourent me regardent !

Ô après-midi de ma vie ! Ô bonheur avant le soir ! Ô rade en pleine mer ! Ô paix dans l’incertitude ! Comme je me méfie de vous tous !

En vérité, je me méfie de votre beauté maligne ! »

Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra

[1] « La République est en danger ; ses fondements mêmes sont attaqués. Il est temps de réagir, il est temps de retrouver ce qui fait la force de notre pays ; le respect des droits de l’homme et de la laicité, pilier de notre modèle humaniste.
Depuis l’attaque terroriste perpétrée en Israël par le Hamas, le 7 octobre dernier, un massacre d’une ignominie jamais égalée depuis la Shoah, qui a causé la mort de 40 de nos compatriotes, les actes antisémites se multiplient dangereusement dans notre pays. En 4 semaines à peine, plus de 1000 faits ont été enregistrés, soit deux fois plus qu’au cours de toute l’année 2022. Cela se traduit sur notre sol par des injures, des menaces, des violences contre nos compatriotes de confession juive. La peur s’installe et risque même de se banaliser, si nous ne réagissons pas. Un sursaut s’impose, pour manifester clairement que la France n’accepte pas l’antisémitisme et que les Français ne se résignent pas, et ne résigneront jamais à la fatalité des haines.
Plus qu’un sursaut, plus que des mots : une mobilisation générale est indispensable, un cri des consciences pour déclarer à la face du monde que la République française ne laisse pas, et jamais ne laissera, prospérer l’abjection. L’antisémitisme, comme toutes les haines, est un symptôme des maux de notre société. Quand il progresse, montent avec lui tous les dangers.
Par-delà leurs différences et leurs divergences, tous les républicains doivent se rassembler, pour réaffirmer l’essentiel : les valeurs qui fondent notre République, les principes de tolérance et de liberté grâce auxquels chacun en France doit pouvoir vivre en paix, quelles que soient ses origines et ses croyances. Notre laïcité doit être protégée, elle est un rempart contre l’islamisme.
La démocratie ne se résume pas au droit de vote : elle est un combat de tous les jours, un engagement à tous les niveaux, pour une société de justice et d’égalité qui refuse la désignation de victimes expiatoires. Ce combat, les Dreyfusards l’ont mené jadis, et plus tard les Résistants, faisant passer avant tout autre considération l’éminente dignité de la personne humaine. Ce combat continue aujourd’hui, et il appartient tout particulièrement au Parlement de le conduire, en présence des périls qui visent les droits et libertés les plus fondamentaux, garantis par la loi et la constitution.

Parce qu’ils représentent la Nation française, députés et sénateurs ont une responsabilité particulière, unique, qui doit les mobiliser dans les moments graves de notre histoire. Ils ne peuvent se taire, ils ne peuvent rester passifs. Ils doivent résister.
C’est pourquoi nous, Gérard Larcher, Président du Sénat et Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, appelons dimanche après-midi à une grande marche civique entre le Palais Bourbon et le Palais du Luxembourg unissant tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République et sont déterminés à les défendre.

Une marche pour la République et contre l’antisémitisme,

Une marche pour la France des droits de l’Homme et pour la Nation réunie,

Une marche des citoyens pour dénoncer les porteurs de haine.

Une marche pour la libération des otages dont 8 de nos compatriotes.

Comme l’écrivait Clemenceau en défendant Dreyfus : 

« La France ne serait plus la France, si elle refusait de nous entendre ». »

[2] souvenir évocateur d’une guerre imputable aux Etats et à leurs dirigeants, et qui fit plus de 18 millions de victimes de toutes confessions et de tous les continents (les victimes civiles représentant près de la moitié de ce chiffre horrible)

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