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Publié par ERASME

La chute du mur de Berlin et la démocratisation rapide des pays de l’est de l’Europe avaient été porteuses d’espoir pour beaucoup de populations des pays de ce que l’on qualifie aujourd’hui de « Sud global ». La fin de la polarisation laissait penser que les valeurs portées par le camp occidental (démocratie, liberté, justice…) sortiraient renforcées et qu’elle faciliterait la gestion des crises géopolitiques dans le monde. Ainsi les forces occidentales sont intervenues après l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990, avec le soutien de pays du sud comme le Niger, la Syrie et le Sénégal. Quelques années plus tard, le 13 septembre 1993, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat se serraient la main sur la pelouse de la Maison-Blanche, avançant vers la paix dans le cadre du processus d’Oslo. La situation géopolitique des années 1990 n’était pas idéale, mais il y avait un espoir qui ne s’est malheureusement pas traduit par une refonte des institutions internationales, notamment l’ONU et son Conseil de sécurité, dont les cinq membres permanents disposent d’un pouvoir plus important, via leur droit de veto, que l’Assemblée générale.

Les attentats du 11 septembre 2001 vont pousser les États-Unis et leurs alliés à mener une longue guerre contre le terrorisme. Vingt-deux années ont passé, et le bilan de cette politique est désastreux. Le terrorisme islamiste s’est renforcé partout dans le monde et les interventions américaines en Afghanistan et en Irak ont causé bien plus de morts que les attaques du 11-Septembre. Les retraits précipités des troupes américaines ont plongé l’Irak et l’Afghanistan dans le chaos. Cette stratégie de lutte antiterroriste questionne sur une réaction qui tue bien plus de civils que l’acte terroriste ainsi que sur ses conséquences.

Normalisation de l’horreur

La fracture Nord-Sud, souvent évoquée quand il s’agit de l’Ukraine, de la Palestine ou de l’affaiblissement de l’Occident, ne se mesure pas dans les chiffres des budgets militaires, l’accroissement des dettes des pays occidentaux et les alliances géopolitiques. Elle réside surtout dans la perte d’influence et dans le recul des valeurs des démocraties. La supériorité morale dont se prévalent ces dernières n’est plus perceptible auprès des populations de ce que l’on qualifie de « Sud global ». Il n’est pas ici question des régimes autocrates qui instrumentalisent l’iniquité de l’action occidentale, mais bien des populations qui perçoivent que la vie d’un civil afghan ou irakien n’a pas de valeur en tant que « victime collatérale » de la lutte contre le terrorisme. Il ne suffit pas de déclarer que les vies d’un Européen, d’un Américain, d’un Afghan ou d’un Palestinien sont égales lorsque les faits démontrent le contraire. Cette situation profite aux autocrates qui, par le biais de leurs médias aux ordres, s’en servent pour alimenter la défiance vis-à-vis de l’Occident et démontrer que les valeurs universelles de liberté et démocratie ne sont que paroles vides de sens, relativisant par la même occasion leurs crimes.

La Palestine, elle, est la représentation du fossé qui sépare le Nord du Sud, Israël étant intégré au camp occidental. Colonisation, apartheid, impunité et indifférence face à l’injustice quotidienne frappant les Palestiniens cristallisent le ressentiment des populations du Sud. J’aurais aimé dire que j’ai été surpris par la barbarie de l’attaque terroriste du 7 octobre, mais ce n’est malheureusement pas le cas, même si j’ai été étonné par son ampleur et son effroyable bilan humain. La barbarie traverse les frontières : en la légitimant dans un pays, elle se propage ailleurs.

[...]

Voir la suite de l'article : Sortir de l’instrumentalisation de la cause palestinienne par les régimes autoritaires

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