Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par ERASME

La possibilité qu’Israël lance une opération de grande envergure au Liban semble augmenter depuis quelques semaines. Pourquoi ? Quels sont les objectifs de l’Etat hébreu ? Les enjeux d’un tel conflit ? On fait le point.

Ce qu’il faut savoir sur les risques d’une guerre totale entre Israël et le Hezbollah

Une roquette tirée depuis le Liban vers Israël, le 26 février 2024 (Photo Jalaa MAREY / AFP)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ombre d’une guerre totale entre Israël et le Hezbollah plane depuis le 7 octobre dernier. La possibilité qu’Israël lance une opération de grande envergure au Liban semble augmenter depuis quelques semaines. Pourquoi ? Quels sont les objectifs de l’Etat hébreu ? Les enjeux d’un tel conflit ? On fait le point.

Les faits les plus récents

Cités par CNN, des membres de l'administration et des services de renseignements américains craignent qu’Israël ne lance une opération terrestre au Liban à la fin du printemps ou au début de l’été si les négociations diplomatiques n’aboutissent pas.

Le timing

C’est la première fois depuis des semaines que Washington se montre aussi alarmant concernant les risques d’une guerre totale entre Israël et le Hezbollah. Cela indique que les Israéliens sont clairement en train de se préparer pour cette offensive mais pas nécessairement qu’ils ont déjà pris leur décision. Ce genre de message peut aussi avoir pour objectif de renforcer la pression contre le Hezbollah afin que les négociations s’accélèrent.

La position d’Israël

Israël est hanté par l’idée que le Hezbollah, en particulier sa force d’élite Al-Radwan, spécialisée dans les opérations d’infiltration, ne mène un jour une attaque similaire à celle du Hamas le 7 octobre dernier. L’Etat hébreu souhaite que le parti chiite soit repoussé le plus loin possible de sa frontière, au minimum à 10 ou 15 kilomètres, au mieux, jusqu’au fleuve Litani.

 

Israël semble par ailleurs considérer qu’il a une occasion unique d’affaiblir son ennemi, et de façon plus générale l’ensemble de « l’Axe de la Résistance ».

Des dizaines de milliers de civils ont été déplacés des deux côtés de la frontière, ce qui pourrait faciliter les opérations. De plus, selon un sondage récent du quotidien Maariv, 71% des Israéliens sont favorables à une opération de grande envergure contre le Hezbollah.

Le cabinet de guerre israélien paraît plus divisé. Parmi les voix qui comptent, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, y est favorable depuis le 7 octobre. Benny Gantz et Gadi Eizenkot semblent vouloir donner une chance à la diplomatie. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu souffle le chaud et le froid, dans un souci de gagner du temps avec des calculs plus personnels en tête.

La position du Hezbollah

Le Hezbollah ne veut pas d’une guerre totale avec Israël. Le « front de soutien » au Hamas lui coûte déjà cher et le met dans une position assez délicate. L’Etat hébreu élargit ses opérations dans plusieurs régions du Liban ce qui aboutit à fragiliser la capacité de dissuasion du parti chiite.

Le Hezbollah ne ferme pas la porte à un accord avec Israël même s’il parle plutôt d’un nouvel équilibre de la dissuasion. Mais il refuse d’entamer les négociations avant que la guerre de Gaza ne se termine. Et sa marge de manœuvre sera probablement plus limitée si le Hamas est vaincu militairement à Gaza.

Où en sont les négociations ?

La France a fait une proposition qui prévoit notamment un cessez-le-feu, un retrait du Hezbollah à dix kilomètres de la frontière et un déploiement de l'armée libanaise dans la zone.

Cette proposition n’a pas été bien reçue par le Hezbollah qui considère qu’elle est beaucoup trop favorable à Israël.

Elle ne semble pas non plus bénéficier de l’appui de Washington qui estime qu’il n’est pas possible de régler la situation à la frontière israélo-libanaise avant la fin de la guerre de Gaza. Les négociations porteront a priori dans tous les cas sur un retrait du Hezbollah le plus loin possible de la frontière contre un retrait israélien des territoires occupés.

A quoi pourrait ressembler une opération israélienne ?

Les Israéliens pourraient d'abord intensifier leurs bombardements dans le sud du Liban et viser des infrastructures clés du Hezbollah dans d’autres régions. Dans un deuxième temps, une opération terrestre semble nécessaire s’ils ont pour ambition de créer une zone de sécurité au Liban-Sud. Mais le troisième temps paraît beaucoup plus difficile à envisager. En cas d’offensive israélienne, le Hezbollah va multiplier les attaques contre les soldats ennemis et lancer des dizaines de milliers de missiles et de roquettes (il en posséderait autour de 150 000) sur Israël. Le Hezbollah a les moyens de frapper des infrastructures clés et des grandes villes de de l’Etat hébreu. Sur le terrain, il peut mener des opérations de guérilla afin d’épuiser les soldats israéliens.

 

Il pourra sans doute compter sur l’appui d’autres forces venues de Syrie, d’Irak, d’Iran ou du Yémen, ce qui lui apportera également une profondeur stratégique et un soutien en matière de logistiques et d’armements.

Israël ne bénéficiera pas du feu vert américain pour lancer son opération. Il peut espérer que Washington se retrouve contraint à l’appuyer une fois celle-ci lancée mais elle aura dans tous les cas un coût politique et diplomatique important, tant vis-à-vis des Occidentaux que par rapport aux arabes.

Comment se retirer une fois que les soldats israéliens ont mis un pied sur le sol libanais ? Comment circonscrire cette guerre dans l’espace et dans le temps ? Voilà la problématique israélienne.

La suite ?

Si une trêve est décrétée à Gaza avant le début du ramadan, sera-t-elle respectée au Liban ? Le Hezbollah répond par l’affirmative, Israël par la négative. La poursuite des combats serait un très mauvais signal. Il sera beaucoup plus difficile, si tel est le cas, de relancer les négociations diplomatiques.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article