Mikati : 35.000 violations israéliennes de la 1701 ont été enregistrées (lorientlejour.com)
La guerre de Gaza et ses répercussions pourraient conduire à une nouvelle déstabilisation politique et économique au Liban, ce qui pourrait affecter « la capacité du Liban à gérer ses affaires internes et accroître les défis en matière de sécurité », selon Nagib Mikati.
Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati a affirmé, jeudi, que le Liban avait enregistré « 35.000 violations israéliennes » de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, y compris « des violations de la souveraineté aérienne, terrestre et maritime du Liban ».
M. Mikati n'a pas précisé depuis quand ce décompte avait été effectué, ni par qui, mais le chiffre qu'il avance est conforme à celui donné la semaine dernière par l'ancien chef de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui avait estimé à « près de 30.000 » le nombre de violations de la résolution depuis son adoption en août 2006.
La résolution 1701 avait mis un terme à la guerre de juillet 2006 entre le Hezbollah et Israël. Elle prévoyait le retrait de l'armée israélienne derrière la Ligne bleue, le renforcement de la force intérimaire des Nations unies (Finul) pour faciliter le déploiement de l'armée libanaise dans le Sud et l'établissement d'une zone démilitarisée entre le fleuve Litani et la Ligne bleue, qui marque la frontière entre le Liban et Israël.
Toutefois, l'aviation et des drones israéliens survolent presque tous les jours le Liban, et des incursions des troupes israéliennes sont aussi régulièrement rapportées le long de la Ligne bleue, ainsi que dans les eaux territoriales libanaises. Du côté libanais, la zone démilitarisée au sud du Litani n'a jamais vu le jour, le Hezbollah y étant toujours fortement mobilisé. Et depuis le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque du mouvement palestinien Hamas contre Israël, le Hezbollah et Israël s'affrontent quotidiennement à coups de tirs d'artillerie et de bombardements, principalement concentrés sur les localités de part et d'autre de la frontière.
Lors d'une visioconférence avec l'American Task Force for Lebanon, une organisation regroupant des Américains d'origine libanaise, M. Mikati a réitéré l'engagement du Liban à l'égard de la résolution 1701. « Le gouvernement libanais travaille avec la Finul pour maintenir la stabilité dans la région et prévenir toute escalade supplémentaire des tensions. Il est nécessaire que toutes les parties concernées respectent les règles d'engagement et le droit international pour prévenir tout autre conflit », a ajouté M. Mikati.
Déstabilisation politique et économique
Répondant à une question, le chef du gouvernement sortant a révélé que la guerre de Gaza et ses répercussions pourraient conduire à une nouvelle déstabilisation politique et économique au Liban, ce qui pourrait affecter « la capacité du Liban à gérer ses affaires internes et accroître les défis en matière de sécurité ». Il a ajouté que, pour cette raison, « toutes les parties concernées doivent trouver une solution diplomatique au conflit et s'attaquer aux causes profondes de la guerre à Gaza, afin d'éviter d'autres retombées dans la région ».
Il a également donné des informations sur sa rencontre avec l'envoyé spécial américain Amos Hochstein qui, lors d'une visite à Beyrouth au début de l'année, avait émis des des propositions pour calmer la situation dans le sud du Liban.
« M. Hochstein a dit clairement que ce qu'il fallait, c'était une solution diplomatique qui permette aux habitants du sud de retourner dans leurs villes et villages, tout comme aux habitants du nord d'Israël. Nous espérons pouvoir continuer à travailler pour parvenir à une solution qui permette à chacun de vivre en sécurité et de retourner dans sa patrie », a encore déclaré M. Mikati.
Selon le ministère libanais de la Santé, qui cite l'Organisation internationale des migrations, 86.874 personnes vivant dans les villages du Liban-Sud ont été déplacées en raison des hostilités en cours. Du côté israélien de la frontière, 40.000 civils ont été évacués des zones à risque.
Cessez-le-feu « indispensable » à Gaza
M. Mikati a également déclaré que « le dialogue et la diplomatie sont essentiels pour résoudre les différends ou calmer les tensions dans la région, et que le gouvernement libanais s'engage à œuvrer en faveur d'une solution diplomatique ». Il a toutefois souligné qu' « un cessez-le-feu immédiat à Gaza est indispensable pour que la diplomatie l'emporte sur la violence et la guerre ». En outre, il a remercié l'administration américaine pour «l'engagement de l'administration Biden pour éviter que le conflit entre le Hamas et Israël ne s'étende au Liban».
Évoquant par ailleurs le dossier de la présidence de la République libanaise, alors que le pays est sans chef de l'État depuis un an et trois mois, il a affirmé que « les divisions politiques et des facteurs externes » ont entravé les efforts du Groupe des cinq (États-Unis, France, Arabie saoudite, Qatar et Égypte) pour résoudre la vacance présidentielle. M. Mikati a ajouté que ces facteurs rendent difficile la recherche d'une solution et a appelé « tous les députés à assumer leurs responsabilités dans l'intérêt du Liban et à travailler sérieusement à l'élection d'un président ».
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