Max-Erwann Gastineau, politologue, nous offre avec ce texte un point de vue particulièrement intéressant sur la situation géopolitique de l’Occident.
L’Occident doit réaliser que “depuis la fin de la guerre froide, un processus de « désoccidentalisation » des références et des idéaux a recomposé en profondeur l’ordre international.”
Il avance que la mondialisation a permis au reste du monde de contester à l’Occident son “vieux monopole sur le terrain de l’innovation” et d’ainsi éroder ses bases industrielles. Seulement, ces succès économiques n’ont pas inspiré les pays du reste du monde à davantage imiter l’Occident mais plutôt à se servir de ces nouveaux leviers de puissance pour affirmer leurs spécificités culturelles.
“Aussi la désoccidentalisation du monde prend-elle des accents culturels, civilisationnels, sous l’égide d’une Chine valorisant ses racines confucéennes, mais aussi d’une Russie redécouvrant l'orthodoxie, d’une Inde mettant l’accent sur l'hindouisme, d’une Afrique explorant ses valeurs traditionnelles, d’une Amérique latine mettant en lumières ses racines précoloniales”
Or, l’auteur affirme que l’Occident, en raison d’une vision ethnocentrique du reste du monde, continue de penser son modèle de développement comme la panacée et tous les pays non démocratiques comme en retard. Une persistance qui “alimente une arrogance contreproductive, aveuglante, en plus d’atteindre à la crédibilité des Etats occidentaux”.
Selon l’auteur il est temps pour l’Occident de faire preuve d’humilité pour mieux appréhender son environnement stratégique et ses marges de manœuvres afin d’entamer une reconstruction adaptée à ce nouveau paradigme.
“L’affirmation culturelle des pays du sud change la nature de la mondialisation. Elle n'est plus cette promesse d'un dépassement des nations mais le produit de rapports de force entre nations soucieuses de défendre leurs spécificités, leurs intérêts, n'hésitant pas à utiliser la puissance publique pour défendre leur industrie, leur histoire, leurs racines, et ainsi accroître leur influence, légitimer leurs desseins, revendiquer leur indépendance.”