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Publié par ERASME

Accusé de violations des droits humains contre des civils palestiniens en Cisjordanie, ce bataillon ultraorthodoxe de l’armée israélienne est en passe d’être frappé par des sanctions américaines.

 

Que sait-on de « Netzah Yehuda », le bataillon israélien dans le viseur de Washington ?

Des soldats israéliens opérant dans la bande de Gaza, le 18 avril 2024. Photo AFP

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un bataillon de l’armée israélienne, « Netzah Yehuda », est en passe d’être sanctionné par les États-Unis pour avoir commis de multiples violations des droits humains en Cisjordanie avant le 7 octobre 2023. Si elle est appliquée, cette décision constituerait une première dans les relations israélo-américaines et mettrait un terme à toute forme d’assistance militaire américaine aux membres de cette escouade. L’information, qui a dernièrement été relayée par des médias américains et israéliens, semble préoccuper les États-Unis depuis un moment. Que sait-on de ce bataillon qui, selon le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, joue un rôle important dans la lutte contre le Hamas et le Hezbollah, et pourquoi est-il dans le collimateur de l’administration Biden ?

Également connu sous le nom de 97e bataillon de la brigade d’infanterie Kfir, « Netzah Yehuda » a été créé en 1999 pour encourager l’enrôlement de jeunes issus de la communauté ultraorthodoxe, toujours exemptée de service militaire, précise le quotidien Haaretz. C’est la seule unité non mixte de l’armée israélienne : si l’escouade s’est progressivement ouverte aux soldats non orthodoxes, elle est restée fermée aux femmes « par respect pour les recrues ne souhaitant pas servir avec des femmes », indique le média israélien.

 

« Netzah Yehuda » est également devenu le repère des « hilltop youth » (jeunes des collines), désignant des jeunes d’extrême droite installés dans des colonies illégales en Cisjordanie et rejetés par les autres unités. Opérant de huit à dix mois par an en Cisjordanie occupée - contrairement à un système de rotation mis en place pour les autres unités de l'armée -, ce bataillon est soutenu par des leaders ultranationalistes et ultraorthodoxes, fervents partisans de la politique coloniale isréalienne, tels que le ministre des Finances Bezalel Smotrich.

Pourquoi est-il dans le viseur de Washington ?

Washington est mis sous pression d'invoquer la loi Leahy de 1997 pour s’en prendre au bataillon, qui prévoit l’interdiction de toute aide américaine à destination des unités de sécurité, militaires et policières d’un pays étranger lorsqu’il existe des informations crédibles les impliquant dans des violations des droits humains. Le texte avait dans le passé servi à mettre sur liste noire des unités militaires indonésiennes accusées de kidnapping et de meurtres d’activistes politiques, ainsi que des soldats de l’armée pakistanaise impliqués dans des campagnes d’assassinats en Afghanistan. « C’est une loi importante que nous appliquons à tous les niveaux », a souligné le secrétaire d’État américain Antony Blinken. « Lorsque nous menons ces enquêtes (...), cela prend du temps. Cela doit être fait très soigneusement, à la fois en matière de collecte des faits et de leur analyse, et c’est exactement ce que nous avons fait. Et je pense qu’il est juste de dire que vous verrez les résultats très bientôt », a-t-il poursuivi.

 

C’est en 2022 que Washington aurait commencé à enquêter sur cette unité à la suite de multiples incidents survenus en Cisjordanie impliquant ses membres, notamment après la mort de Omar Assad, un Américano-Palestinien de 78 ans. Ce dernier a succombé à une attaque cardiaque liée à des conditions illégales de détention. Le 24 août 2023, quatre soldats de cette unité ont été suspendus par leur état-major après la diffusion d’une vidéo les montrant en train de frapper des Palestiniens près de Ramallah. Face aux violations constatée des droits de l'homme, le bataillon avait été relocalisé dans le Golan occupé en janvier 2023 pour une mission de onze mois.

La colère d’Israël

La menace de sanctions, dont l’ambassade d’Israël à Washington a averti les autorités de Tel-Aviv depuis plusieurs mois, aurait largement « surpris » le cabinet de guerre et l’état-major israéliens, selon le site Axios. Dans la foulée, le ministre de la Défense a organisé une réunion en urgence à ce sujet avec plusieurs officiers de l’armée israélienne. « Les dommages causés à une unité affectent l’ensemble de notre armée, ce n’est pas une démarche bienvenue de la part de nos amis et alliés », a-t-il commenté dans un communiqué publié par son bureau dans la nuit de dimanche à lundi.

 

 

« L’armée israélienne ne doit pas être sanctionnée », a de son côté réagi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur le réseau X sans toutefois nommer cette unité. De son côté, le ministre Benny Gantz a estimé que « la décision d’imposer des sanctions à une unité de l’armée israélienne et à ses soldats crée un dangereux précédent et transmet un mauvais message à nos ennemis communs en temps de guerre ».

Alors que l'annonce de sanctions doit encore se concrétiser - Tel-Aviv ayant déployé d'importants efforts pour les éviter -, elle intervient alors qu'Israël est engagé dans une guerre contre le Hamas à Gaza depuis le 7 octobre et des combats meurtriers avec le Hezbollah à la frontière libano-israélienne. Elle ne remet toutefois pas en cause le soutien financier continu des États-Unis à leur allié. La Chambre américaine des représentants a en effet adopté samedi un nouveau plan massif incluant 13 milliards de dollars d’aide militaire à l’État hébreu, notamment pour renforcer le bouclier antimissile israélien, le Dôme de fer, mis au test par l’attaque iranienne du 14 avril courant lancée en représailles de la frappe contre l'annexe consulaire de l’Iran à Damas le 1er avril.

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