L'hexagone occupe une position particulière de carrefour culturel en Europe, avec une centaine de langues régionales. Elles se classent en langues gallo-romaines (langues d'oïl et d'oc) auxquelles s'ajoutent le catalan, le corse et le franco-provençal. Mais on compte aussi des langues germaniques comme l'alsacien, le francique ou le flamand. Sans oublier les parlers basques et bretons.
Mais ce sont les langues d'outre-mer qui sont les plus nombreuses : près de 2/3 des 307 langues étudiées. Parmi elles, les différents créoles des Antilles, les vingt-huit langues kanak, les douze langues de Guyane... Mais aussi le mahorais, le malgache de Mayotte, le tahitien, le marquisien, la langue des Tuamotu, le walisien, le futunien...
Je parlerai des langues et du territoire dans mon futur ouvrage "Géoconscience", dont la campagne bat son plein ici https://buff.ly/4dsTpId
Le CNRS a réalisé un travail exceptionnel : un texte unique dans toutes nos langues.
Une fable d'Esope a été enregistrée dans nos 307 patois différents, révélant l'immense richesse linguistique de notre pays.
La diversité linguistique n'est pas une faiblesse. C'est un patrimoine précieux. Les langages constituent non seulement des particularités culturelles mais aussi des liens immémoriels avec les territoires.
Une structure symbolique.
Par la représentation de l'espace et le temps, elles entretiennent une relation spirituelle avec le monde. Tant de variétés, d'énergies et d’expériences passent par les mots que l'on choisit de transmettre.
L'uniformisation générale des modes d'existence, des cultures et des formes de vie sur Terre n'est pas autre chose qu'un appauvrissement.
Je ne parle pas du dilemme centralisation-décentralisation, qui n'en est pas un. Je parle de l'articulation entre l'unité et l'héritage.
Faire table rase des racines est un réflexe sociétal très ancien. Une erreur qui nous coûte rien de moins que la représentation du monde.
En 2022 sur Terre, seulement 20 langues sont parlées par 95% de la population.
7 000 langues se partagent les 5% restants. Mais l'UNESCO recense la disparition définitive de 25 à 50 "langues maternelles" par an, ce qui fait que la moitié des langues du monde aura disparu avant la fin du siècle.
Sur ce terrain, la France est dans une position ambigüe. Depuis François 1er, elle a pratiqué une intense politique de langue unique. Mais son repentir permet à la richesse régionale de renaître. Les chaines régionales ont retrouvé l'occitan, le breton, l'alsacien et le corse...
Ce qui est beau avec les langues,
c'est qu'elles sont à la fois des rivières et des ponts.