Le mot d'Esprit : Audiovisuel public, le mirage des synergies (Revue Esprit - 24 mai 2024)

Le projet de rapprochement des médias de service public est de retour, cette fois sous la houlette de Rachida Dati, en vue d’une fusion devant intervenir au 1er janvier 2026. Les syndicats des entreprises concernées (France télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel), qui y sont fermement opposés, ont maintenu leur appel à la grève alors que l’examen du texte en première lecture à l’Assemblée nationale, initialement prévu cette semaine, a été reporté au mois de juin.

Il y a de multiples objections à opposer à l’argument du gouvernement selon lequel les médias de service public, ensemble, seraient « plus forts ». La principale est que ces entreprises sont incontestablement des réussites : elles ont développé en cinquante ans, et à moindre coût, des savoir-faire singuliers, proposent une offre diverse et de qualité, qui trouve son audience. À rebours du mirage des « synergies » qu’offriraient la constitution d’entités gigantesques, la fusion ne pourra qu’abraser cette richesse, sans garantir d’économies pour autant. Et la radio en sera probablement la principale victime, face à une télévision qui exige plus de moyens. Alors même que les productions audio rencontrent un succès croissant, dans un monde saturé d’écrans.

La précipitation avec laquelle ce projet est remis sur le métier paraît surtout à contretemps : dans une économie médiatique bouleversée par le numérique et les plateformes, et alors que l’argent privé afflue pour mettre des rédactions entières au service des idées d’extrême droite, une telle réforme, qui accroît la dépendance du service public de l’information au pouvoir politique, pourrait se révéler particulièrement dangereuse. Loin de la véritable ambition régulatrice dont l’économie des médias a besoin.

La rédaction

L’audiovisuel public entre fusion et confusion

Olivier Da Lage, mai 2024

Loin de la promesse d’une « BBC à la française », l’actuel projet de fusion de l’audiovisuel public consistera à réassembler des entités issues du démantèlement de l’ORTF, qui ont acquis en 50 ans des cultures et des pratiques très différentes. Quoi qu’en dise le gouvernement, la qualité des programmes et le service public ne pourront pas en sortir gagnants.

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Audiovisuel public : chronique d’un affaiblissement programmé

Françoise Benhamou, janvier 2009

À propos de la réforme de l’audiovisuel public engagée par Nicolas Sarkozy, Françoise Benhamou soulignait que, sur les questions de financement comme de nomination des dirigeants, elle a créé de l’incertitude là où l’État aurait dû tracer la voie d’un service public qui serve d’aiguillon et préfigure la télévision du futur.

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Pour une radiotélévision libre

Jean Gargan, janvier 1964

Au moment de la création de l’ORTF, ce texte déplorait que la France soit, parmi les démocraties occidentales, la seule à abandonner sa radio et sa télévision à la domination exclusive du pouvoir. Un choix déjà jugé dangereux, alors que naissait la civilisation du son et de l’image dans laquelle nous baignons aujourd’hui. 

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Du débat à la polémique : avons-nous changé de régime médiatique ?

Éric Bertin, Dominique Boullier, Jean-Maxence Granier, Nathalie Sonnac, septembre 2022

Le poids croissant des réseaux sociaux dans le mix médiatique contemporain fait parfois oublier que la perte de confiance dans les médias, le désamour du public ou la critique de l’information en continu n’ont pas attendu Facebook et Twitter pour se faire jour.

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