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Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

Comment penser le post-humain ? par Jean-Michel Besnier (Penser c'est chouette)

Comment penser le post-humain ?                                                                                                                                       

 Jean-Michel Besnier, Professeur émérite de philosophie à l’université Paris-Sorbonne, se penche avec ce texte sur l’envers philosophique du futur transhumaniste auquel aspirent, entre autres, les hauts dignitaires de la Silicon Valley. Sans questionner la crédibilité scientifique de leurs ambitions, il en questionne les représentations pour comprendre ce qui, dans notre époque, les sous-tend. 

Selon l’auteur, “les technoprophètes” sont convaincus qu’une ère post-darwinienne est d’ores et déjà engagée et que “c’est la technologie qui modifiera désormais les espèces, grâce à des mutations et des sélections artificielles”, souscrivant logiquement “à la thèse de l’effet réversif, régulièrement soutenue par Patrick Tort lecteur de Darwin, selon laquelle la sélection naturelle ayant sélectionné la civilisation technicienne, celle-ci s’applique en retour à orienter celle-là dans le sens de l’utilité”. 

Le posthumain nous évoque en premier lieu l’hyperbolisation des idéaux scientifiques de l’époque moderne “l’homme devrait se rendre comme maître et possesseur de la nature” disait Descartes. 

Le posthumain nous soulagerait de ce que Gunther Anders, dans les années 1950, avait baptisé “la honte prométhéenne”, à savoir la réalisation que nous sommes inférieurs à nos machines car nous sommes le fruit du hasard de l’évolution alors qu’elles sont le fruits de raisonnements rationnels. Nous devons donc fusionner avec elles. 

Les “technoprohètes” s’intéressent ainsi de près aux ambitions métaphysiques de toujours qui “depuis Platon jusqu’à Hegel inclus, vise à intégrer la corporéité soit au titre d’une illusion à laquelle l’âme doit s’arracher, soit au titre d’un moment nécessaire à l’auto-révélation de l’esprit”. Certains d'entre eux imaginent concrétiser ces ambitions en nous digitalisant entièrement. 

Selon l’auteur, ces ambitions rencontrent opportunément une certaine “fatigue d’être soi” qui concernent nombre de contemporains des sociétés technologisés. 

La fatigue d’être soi et la honte prométhéenne explique selon l’auteur le recours aux représentations transhumanistes. 

L’auteur explore ensuite une autre voie d’accès à la pensée du posthumain. Si les paléoanthropologues considèrent que l’hominisation consiste dans la coévolution du langage et de l’outil, Le posthumain pourrait coïncider avec la dissociation de la technique et du langage qu’on observe à notre époque. Par exemple, “ les neuroprothèses que nous connaissons déjà et qui permettent aux tétraplégiques de piloter par la pensée des machines, des membres artificiels ou des exo-squelettes, n’ont pas besoin du langage articulé” “C’est pourquoi les utopies posthumaines paraissent associer tacitement l’au-delà de l’humain avec l’obsolescence du recours aux symboles qui nous arrachèrent jadis à la nature”.
 

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