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Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

L’individu, fin de parcours ? Le piège de l’intelligence artificielle, par Julien Gobin (Penser c'est chouette)

Julien Gobin, philosophe, dont le premier essai “L’individu, fin de parcours ? Le piège de l’intelligence artificielle” est paru en 2024, dans la collection Le débat chez Gallimard, nous présente avec ce texte les idées originales qu’il y développe.

Selon lui, nous sommes à l'orée d’un changement de civilisation qui verrait la résolution de la contradiction fondamentale de notre époque entre le désir d’émancipation individuelle et les avancées de la science.
Si nous vivons depuis les lumières selon l’idée que nous serions des êtres dotés de libre arbitre et donc autonome et que nous avons fait de cette idée le socle de nos sociétés modernes, la science, en révélant toujours plus de déterminismes biologiques et sociaux pesant sur les individus tend à démontrer le contraire.
L’injonction de s’émanciper le plus possible afin de devenir plus autonome n’est pas sans séquelles pour les individus et la société. D’une part elle serait à l’origine d’une “fatigue d’être soi” dont les symptômes sont bien connus de nombres d’entres nous, perte de repères, quête de sens, angoisse, solitude, burn-out, dépression et addictions, d’autre part elle nuirait à notre capacité à nous accepter un peu d'aliénation afin de vivre ensemble selon des normes et valeurs collectives.
Cette double peine nous pousserait alors à une fuite en avant et à conclure un pacte faustien avec la technologie. Souhaitant poursuivre notre quête d’émancipation sans avoir à en subir les conséquences, nous serions à passe de déléguer des choix comme celui de notre conjoint ou à quel média nous vouer à des intelligence artificielle nous connaissant mieux que nous mêmes et donc plus à même de faire le bon choix pour nous.
Cet abandon progressif du libre arbitre peut nous faire envisager un nouveau type de gouvernance algorithmique branchée sur les IA personnelle de chaque individu et tentant de répondre au mieux à nos désirs profonds parfaitement compris et retranscrit par nos IA.
Notre pacte faustien irait même jusqu’à accepter le remplacement de notre langage symbolique par le langage de la formalisation logique.
Qu’adviendra t-il de nous une fois ce pacte faustien entièrement consommé ? Notre besoin de sacré, insatisfait par la mise en ordre logique du monde, ne nous portera-t-il pas à sacraliser les intelligence artificielles qui pilotent nos vies ? Notre quête d’émancipation nous aura-t-elle alors conduite à notre dilution totale ? La civilisation des lumières n’en serait-elle pas définitivement abandonnée au profit d’une nouvelle basée sur la mise en algorithme du monde humain dans son intégralité ? "
Théodore Brossolette
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