De la politisation du savoir, par Yaël S. (A propos de : 𝙇𝙚𝙨 𝙃𝙪𝙢𝙖𝙣𝙞𝙩é𝙨 𝙖𝙩𝙩𝙖𝙦𝙪é𝙚𝙨, l'ouvrage collectif publié sous la direction de Jean Szlamowicz et Pierre-André Taguieff)
Comment les sciences humaines sont-elles devenues le cheval de bataille (et de Troie) de l’activisme postmoderne ?
Telle est la question qui occupe les brillants contributeurs de 𝙇𝙚𝙨 𝙃𝙪𝙢𝙖𝙣𝙞𝙩é𝙨 𝙖𝙩𝙩𝙖𝙦𝙪é𝙚𝙨, remarquable ouvrage collectif publié sous la direction de Jean Szlamowicz et Pierre-André Taguieff.
Condamnant à l’obsolescence « patriarcale » la rigueur méthodologique et la quête d’objectivité naguère en vigueur dans l’enseignement supérieur, des secteurs entiers de la recherche universitaire se sont mués en redresseurs de torts idéologiques, voués à « déconstruire » et « décoloniser » le savoir, quitte à ostraciser ceux qui s’écartent de la nouvelle orthodoxie et osent encore se réclamer de la « neutralité axiologique » chère à Max Weber.
Les stratégies de ce discours militant, prêt à infliger au réel les pires contorsions pour servir les causes « intersectionnelles » et « anti-impérialistes », sont ici finement analysées : subversion de l’argumentation logique et du principe de causalité, culte de la performativité, falsification, simplisme, spéculations oiseuses, sophistiques et relativistes, inversion victimaire, recours aux poncifs antisémites, moralisation/négation de la science, réécriture stalinienne de l’histoire, délation et fascisation des mal-pensants, complotisme, sectarisme, vacuité de la pensée dissimulée derrière un jargon amphigourique ou des titres académiques tapageurs, etc.
Les auteurs ne manquent pas de souligner le narcissisme de ces pseudo-savants lyssenkistes, l’hypocrisie d’« anticapitalistes » d’opérette qui ne dédaignent pas de recueillir les gains sonnants et trébuchants de leur engagement wokiste, de même que le germe totalitaire qui infecte leur posture partisane.
Un péril épistémologique qui menace la sociologie, l’histoire, la linguistique, la philosophie et, plus largement, les esprits malléables de toute une génération étudiante, composante principale des futures élites.
Source : Linkedin