Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !
" Sur Israël et l'ONU, Macron a proféré une énormité qui est en même temps une démonstration par l'absurde.
- Une énormité car aucun pays ne naît du droit international. Le droit international se contente de constater et de réguler l'expression sans cesse réactualisée d'une souveraineté collective.
- Une démonstration par l'absurde car la tempête provoquée par ces propos démontre qu'il est impossible d'amorcer une historicisation d'Israël sans faire émerger des soubassements imaginaires qui ne sont dicibles que dans le paradigme fondamentaliste d'un Smotrich ou d'un Netanyahou. En effet, si l'histoire d'Israël ne débute pas en 1948 par une décision de l'ONU, alors on est bien obligé d'admettre avec les extrêmes-droites d'ici et d'ailleurs que la "victoire de 1948" rétablit un continuum de 3000 ans, ce qui contraint le récit occidental à renouer avec des superstitions religieuses dont la modernité se flattait justement de nous avoir libérés. De ce point de vue, Israël n'est rien d'autre qu'un miroir dans le reflet duquel notre folie est seule capable de s'admirer - folie dédoublée qui combat ici au nom du "droit au blasphème" et de la "laïcité" (Charlie) ce qu'elle promeut là-bas au nom de la "civilisation" et des "valeurs" ("si Israël tombe, c'est nous qui tombons").
Le conflit israélo-palestinien n'a donc rien de périphérique : comme le dialogue d'Antigone et de Créon, il est un glaive planté au coeur de notre identité collective.
Ce n'est qu'en le restituant comme tel, c'est-à-dire comme une tragédie, qu'il sera possible d'en sortir et de le vivre rétrospectivement comme une épreuve salvatrice, comme une obligation de nous hisser au-dessus de nous-mêmes.
Pour cela, il ne faudrait pas se contenter de produire des renversements à l'intérieur du "paradigme des antériorités rivales". Il conviendrait de renverser le paradigme lui-même pour sortir du "j'étais là en premier". Des entités réellement démocratiques pourraient alors émerger de l'"ici et maintenant" que vivent réellement les populations locales, fracturées par des rapports de classe qu'il s'agirait de dégager des clivages identitaires qui les brouillent jusqu'à présent. Cela supposerait en parallèle un retrait radical des actuelles puissances coloniales (Europe, USA) et une mise au pas de tous ceux qui font d'Israël leur "résidence secondaire identitaire". Comme tout se noue dans cette tête d'épingle de l'"espace-temps occidental", une telle libération ne pourrait avoir lieu que si les peuples européens se décolonisaient eux-mêmes de l'intérieur, c'est-à-dire s'ils parvenaient à s'instituer démocratiquement en rupture avec l'ordre socio-économique dont ils sont actuellement tributaires...
Plus que jamais, face à tous les fraudeurs de mémoire, le moment est venu de "faire le mur"."