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Publié par ERASME

Pour reprendre les termes plus savants de la question, il faut dépasser le finalisme en biologie.
Autant vous dire que c’est une réponse à une question que je ne me suis jamais posée.
Mais on reconnaît les bons articles à leur intelligibilité pour les profanes : ce qui se conçoit bien s’énonce clairement reste toujours aussi vrai.
Le finalisme, c’est l’idée d’expliquer un phénomène par sa finalité. Or, comme l’écrit Mathilde Tahar : « Depuis l’avènement de la science moderne, les phénomènes naturels ne sont plus expliqués à partir de leurs buts supposés, mais à partir de leurs causes. »
Seulement, il semblerait que la biologie fasse exception. À la question « Pourquoi avons-nous des yeux ? », vous et le biologiste réputé répondrez tous deux « pour voir ».
Henri Bergson, philosophe français des XIXe et XXe siècles, critiquait déjà cette approche finaliste de la biologie qu’il décelait même chez ceux qui prétendaient s’en défaire.
En s’inspirant de ce que ce dernier avait nommé “l’élan vital” pour caractériser la manière dont le vivant évolue, sans être encastré dans une voie unique et mécanique ni poursuivre de but défini à l’avance, Mathilde Tahar propose aux biologistes d’adopter une vision moins déterministe de l’évolution.
Deux chercheurs ont proposé un remplacement sémantique : abandonner « les causes » d’une évolution pour leur préférer « les contraintes » qui ont conduit à cette évolution.
Passer de causes à contraintes permet de montrer que ces contraintes auraient pu déboucher sur autre chose et que c’est l’agent biologique qui a fait preuve d’inventivité et s’est approprié ces contraintes à sa manière.
Mathilde Tahar propose un bel exemple : un héron qui se sert de ses grandes ailes pour faire de l’ombre pendant qu’il pêche, plutôt que pour voler.
Mathilde Tahar conclut en nous soumettant l’idée qu’une telle approche de la biologie nous permettrait de penser des politiques écologiques détachées de l’illusion conservatrice d’un contrôle de l’évolution, pour au contraire la favoriser, afin que les organismes puissent s’adapter plus rapidement à un environnement sans cesse changeant.

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