POURQUOI PERSONNE NE CONTRÔLE PLUS RIEN ? Entretien avec Olivier Rey

"Olivier Rey est mathématicien, philosophe et essayiste. À travers des ouvrages tels que "Une question de taille ou Itinéraire de l'égarement", il explore les limites du progrès technique, l'importance de la mesure et des seuils, et les dérives d’une humanité dépassée par ses propres créations technologiques. Dans cet entretien, il analyse le développement exponentiel de la technique et le sentiment de « honte prométhéenne » qui en découle. Le philosophe nous offre des pistes de réflexion pour comprendre pourquoi l’humanité est arrivée à un point critique à cause de la technique, et d'envisager un renoncement de l’humanité à diriger le monde pour s’en remettre à d’autres formes de sagesse."

POURQUOI PERSONNE NE CONTRÔLE PLUS RIEN ? Entretien avec Olivier Rey

📚 Olivier Rey est mathématicien, philosophe et essayiste. À travers des ouvrages tels que Une question de taille ou Itinéraire de l'égarement, il explore les limites du progrès technique ...

https://www.youtube.com/watch?v=kIFgjbrnvJE

Comments

[Ph. Forget]

O. Rey pointe des problèmes justes mais qui n'ont rien de nouveau depuis la naissance des philosophies du système techniciste. En somme, il tient un prêche où la posture morale, néo-chrétienne, console de l'impuissance politique : confusion des ordres. Discours aussi de l'irresponsabilité politique collective à l'égard du futur qui s'avance vers nous. Propos, en dernier ressort, qui tend à la morbidité d'une vie qui se rétracte sur le présent précaire. L'orientation occidentale vers le futur ne date pas du XVIIIème, quoiqu'en dise Rey. Elle est déjà active dans le mythe antique des Hespérides et nourrit la marche de l'Empire. Elle renaît avec les utopies de la Renaissance, et même avec une interprétation adamantine du Christ-Pascal (et non du Crucifié). Prisonnier du fixisme identitaire, onto-théologique, l'orateur veut ignorer le métamorphisme de la vie. Comme l'a bien discerné G. Bruno, il n'y a pas d'essence de l'âne ou du cheval, il y a une complexion de la matière vive qui les forme tels. Si la vie peut s'intensifier, elle abandonnera cette complexion pour une forme plus éclatante. A la fin, le crypto-thomiste apparaît écrasé, muet, face au déploiement de la technique. D'un scepticisme conservateur, il passe à un égotisme nihiliste et stérile. Il est en fait désespéré parce que le processus de la puissance technique nie le pouvoir de l'Etre dont il voudrait être le messager institué. Son attitude est également très partagée par toute sorte d'idéologues déroutés par le cours de l'Histoire, et qui dès lors, se réfugient dans la posture morale et émotive, pour continuer à se faire aimer et acclamer.