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" Dans un contexte où la pensée de René Girard est instrumentalisée par l'entourage libertarien de Trump pour réhabiliter la violence sociale - en ce sens, le trumpisme serait bien l'expression fasciste du déjà-là néolibéral - il est possible de prendre le contre-pied en comprenant le capital comme un sous-produit du "christianisme historique" - cette articulation très complexe entre le cheminement subversif de la "révélation chrétienne" (l'innocence du bouc émissaire) et la digestion de cette subversion dans un nouvel ordre sacrificiel qui en dévoie le message (une chrétienté constantinienne que Thiel dit préférer à Mère Thérésa).
Si le capital, en vertu de son illimitation systémique, s'attaque à toutes les structures d'une sociabilité humaine vivable, c'est aussi la dissolution de ces mêmes structures qui rend le capital possible et le confronte en permanence aux contradictions de sa propre perpétuation. Comme le capital se contente d'intensifier le mimétisme d'appropriation et d'accumulation au-delà d'un seuil qu'aucune société dite archaïque n'aurait pu tolérer, il doit sans cesse restaurer sous une forme carcérale les liens sociaux dont il subvertit par ailleurs la vitalité. La souveraineté de l’État westphalien, instituée au sortir des guerres dites "de religion", constitue l'un des moments de ce processus.
Parce que le "capital de droite" et le "capital de gauche" s'affairent aujourd'hui autour du cadavre de la souveraineté, ils nous donnent le sentiment de l'avoir tuée. En fait, ils s'escriment à enfermer dans un placard le spectre angoissant de leur propre néant. Il y a donc une certaine naïveté à situer le souverainisme dans une position de surplomb qui le mène à regarder les classes populaires comme un matériau inerte manipulé par un "capital de droite" et par un "capital de gauche". Ces agencements idéologiques ne sont pas auto-moteurs. Ils s'inscrivent dans un champ de déterminations plus larges, de nature anthropologique, qui les fait apparaître comme la superstructure narrative d'évolutions beaucoup plus profondes. Et c'est cette superstructure narrative dont le "en même temps" macronien comme le "MAGA" trumpiste expriment la fragilité sous les apparences de rodomontades plus ou moins grotesques.
Si le concept de souveraineté demeure central dans une perspective d'émancipation, il ne suffit pas d'en appeler au retour de quelque chose dont la crise est précisément ce dont il faudrait parvenir à rendre compte. Être souverainiste, ce n'est pas seulement récupérer la clé du placard pour en libérer le cadavre. C'est arracher Girard à Thiel pour repenser une authentique "théologie de la libération".
Le souci de la souveraineté ne doit pas se figer sous les traits d'une idéologie. Il doit resituer la souveraineté au cœur d'une relation dialectique à l'histoire."
Source : Fcebook
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J
Ce sont nous, les Européens, qui font du giraldisme de CM2 - redondance - en anthropologisant la guerre en Ukraine, alors que Trump qui nous remet dans la bulle politique, là où Poutine n'a pas réussi à nous coincer pour notre plus grand mal à nous : redéfinir un concert des nations à l'échelle du continent et dessiner un glacis militaire entre Russes et OTAN. D'où les délires bellicistes des tarés de sévices, tout simplement parce que Trump fait, à notre place, ce que nous aurions dû faire en novembre 2021. Cf. https://www.lettrevigie.com/blog/2025/01/10/trump-ou-le-chaos-le-cadet-104/
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E
Et même bien avant, lorsque Sarko et Medvedev tentaient de préparer un traité sur la sécurité européenne, contre vents et marées néocons anglosaxons, euroatlantistes et franchouillards ! PC