Si Erasme réapparaissait en 2025, que penserait-il de ce qu'est devenu et de ce qu'il pourrait bien advenir demain de l'humanisme européen ?
Erasme, ce géant de la Renaissance, humaniste intransigeant, défenseur de la raison, de la paix, de la tolérance et d’une éducation accessible, serait sans doute à la fois émerveillé et profondément troublé par l’Europe de 2025.
- L’accès au savoir : Erasme, qui a passé sa vie à traduire, annoter et diffuser les textes antiques, serait stupéfait par l’accès quasi instantané à la connaissance (Internet, bibliothèques numériques, traductions automatiques). L’idéal d’une Respublica litteraria (République des lettres) qu’il chérissait semble enfin réalisé, même si imparfaitement.
- La liberté de pensée : Malgré les reculs, l’Europe reste un espace où la critique, la satire et la diversité des opinions sont (pour l’instant) protégées. Les débats sur la laïcité, les droits humains ou l’écologie rappellent ses propres combats contre le dogmatisme.
- L’Europe comme projet politique : L’Union européenne, avec ses défauts, incarne une tentative de dépasser les nationalismes qui ont déchiré le continent. Erasme, qui a voyagé entre Bâle, Louvain, Paris et Londres, verrait là une réalisation partielle de son rêve d’une Concordia Europae.
- La marchandisation du savoir : Les algorithmes, les bulles informationnelles et la privatisation des données transformeraient son idéal humaniste en un produit de consommation. Il dénoncerait probablement la réduction de la culture à des "contenus" et la polarisation des débats.
- Les nouvelles guerres de religion : Les fractures identitaires (religieuses, ethniques, idéologiques) et la montée des populismes lui rappelleraient les conflits du XVIe siècle. Il s’inquiéterait de voir la raison instrumentalisée, comme il l’a dénoncée dans L’Éloge de la folie.
- La crise écologique : Erasme, sensible à l’harmonie entre l’homme et la nature (influencé par les stoïciens), serait horrifié par la destruction environnementale. Il verrait là l’échec d’un humanisme qui n’a pas su intégrer la Terre comme sujet de droit.
- La technocratie : L’euro numérique, l’IA, et la gouvernance algorithmique lui sembleraient des menaces pour la liberté individuelle. Il craindrait que la technique ne remplace la délibération, comme il critiquait déjà l’abus des formes juridiques dans La Plainte de la Paix.
Erasme était un réformiste, pas un révolutionnaire. Il prônerait probablement :
- Un humanisme numérique : Repenser l’éducation pour former des esprits critiques face aux IA, aux fake news et aux manipulations. Il appellerait à des "collèges humanistes" où l’on enseignerait l’éthique des données et la philosophie du numérique.
- Une Europe des communes : Inspiré par les cités italiennes de la Renaissance, il encouragerait les initiatives locales (coopératives, monnaies complémentaires, assemblées citoyennes) pour contrer la centralisation technocratique.
- Un retour à l’adagia : Ses Adages, recueils de proverbes antiques, étaient des outils pour penser le présent. Il militerait pour une culture du "commun" (biens communs, savoirs partagés) contre l’individualisme algorithmique.
- La paix par la traduction : Face aux conflits, il relancerait son projet de traduction des textes sacrés et philosophiques pour créer des ponts entre les cultures. L’IA pourrait être un outil, mais il insisterait sur le rôle irremplaçable des humains dans l’interprétation.
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