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Publié par ERASME

Si Konrad Adenauer revenait en octobre 2025, voici ce que ce grand artisan de la reconstruction allemande, de la réconciliation franco-allemande et de l’intégration européenne nous dirait probablement, avec son mélange caractéristique de pragmatisme rhénan, de foi en l’Europe et de réalisme géopolitique :

Sur l’Allemagne : « Une nation forte, mais en quête de repères »
  • Succès économique et défis sociaux : Adenauer se féliciterait de la puissance économique allemande, première économie européenne et quatrième mondiale, mais s’inquiéterait de la fragmentation politique et sociale. L’Allemagne, confrontée à la montée des populismes, aux tensions migratoires et à la transition énergétique, doit « retrouver son unité morale et son sens du devoir européen », comme après 1945. Il rappellerait que « la prospérité ne suffit pas : il faut une société stable et solidaire ».
  • Dépendance énergétique et défense : Il critiquerait la dépendance passée au gaz russe et appellerait à une autonomie stratégique, notamment en matière d’énergie et de défense. « L’Allemagne ne peut plus se permettre d’être un géant économique et un nain politique », diriez-vous en écho à ses propres mots. Il saluerait les efforts récents pour réarmer (2 % du PIB consacré à la défense), mais insisterait : « La sécurité de l’Europe passe par une Allemagne responsable, pas par une Allemagne hésitante ».
Sur le couple franco-allemand : « Le moteur de l’Europe, mais à réparer »
  • Un partenariat indispensable : Adenauer, co-signataire du traité de l’Élysée en 1963, rappellerait que « sans la France, l’Allemagne ne peut pas ; sans l’Allemagne, la France ne doit pas ». Il constaterait avec inquiétude les divergences actuelles (énergie, dette, défense), mais verrait dans les initiatives récentes (Conseil des ministres franco-allemand, sommets sociaux) des signes d’espoir. « Il faut dépasser les querelles de clocher et penser l’Europe », martèlerait-il.
  • Leadership européen : Il exhorterait Macron et Merz à « cesser de se regarder en chiens de faïence » et à proposer ensemble une vision pour l’Europe, notamment face aux défis posés par les États-Unis, la Chine et la Russie. « L’Europe ne se fera pas par des communiqués, mais par des actes concrets : une politique industrielle commune, une défense européenne, une énergie indépendante ».
Sur Israël : « Un État légitime, mais un conflit sans fin »
  • Soutien à Israël : Adenauer, qui a établi des relations diplomatiques avec Israël en 1965 et soutenu les réparations pour la Shoah, réaffirmerait le droit d’Israël à exister et à se défendre. Il condamnerait sans ambiguïté les attaques du Hamas et de l’Iran, tout en mettant en garde contre une réponse disproportionnée. « La sécurité d’Israël ne peut reposer que sur la paix, pas sur la guerre permanente ».
  • Critique de la politique actuelle : Il désapprouverait l’isolement croissant d’Israël et son refus de négocier une solution à deux États. « Un État qui se coupe du monde et de ses voisins finit par se couper de son propre avenir », dirait-il, en appelant à un retour au dialogue, comme il l’a fait avec Ben Gourion dans les années 1950.
  • Rôle de l’Allemagne : Il rappellerait que l’Allemagne, en raison de son histoire, a une « responsabilité particulière » envers Israël, mais aussi envers la paix au Proche-Orient. Il encouragerait Berlin à jouer un rôle de médiateur, en coordination avec la France et l’UE.
Sur l’Europe : « Un rêve en danger, mais pas perdu »
  • Une Europe divisée : Adenauer, père fondateur de la CEE, serait consterné par les divisions internes (Brexit, montée des eurosceptiques, blocages institutionnels). Il mettra en garde : « L’Europe ne survivra pas si elle reste un marché sans âme et une monnaie sans politique ». Il appellerait à une relance fédérale, avec une Commission forte, un Parlement légitime et une politique étrangère commune.
  • Face aux États-Unis et à la Chine : Il dénoncerait la dépendance européenne vis-à-vis des États-Unis (OTAN, technologie) et la naïveté face à la Chine. « L’Europe doit être un troisième pôle, pas un satellite », insisterait-il, en plaidant pour une autonomie stratégique et une politique industrielle ambitieuse. Il saluerait les progrès récents (fonds européen de défense, relocalisations), mais les jugerait insuffisants.
  • Élargissement et approfondissement : Il soutiendrait l’élargissement à l’Ukraine et aux Balkans, mais à condition de réformer en profondeur les institutions européennes. « Une Europe à 30 ou 35 membres ne peut fonctionner avec les règles d’une Europe à 6 », dirait-il, en appelant à plus d’intégration politique et fiscale.
Sur le Monde : « Un ordre multipolaire, mais sans garde-fous »
  • Russie et Ukraine : Adenauer, qui a connu la Guerre froide, condamnerait sans réserve l’aggression russe en Ukraine. Il appellerait l’Allemagne et l’Europe à soutenir Kiev « sans faiblir », tout en préparant un plan de paix qui garantisse la sécurité de l’Ukraine et la stabilité du continent. « La paix ne se négocie pas avec un agresseur, mais elle se prépare avec des alliés », rappellerait-il.
  • États-Unis et Chine : Il verrait dans le retour de Trump et la montée de la Chine une menace pour l’ordre multilatéral. « Les États-Unis ne sont plus le gendarme bienveillant du monde, et la Chine n’est pas une démocratie », diriez-vous. Il plaiderait pour une Europe unie, capable de dialoguer avec les deux, mais sans se soumettre. « Notre force, c’est notre unité et nos valeurs », martèlerait-il.
  • Moyen-Orient et Afrique : Il s’inquiéterait de l’instabilité chronique au Proche-Orient et en Afrique, et appellerait l’Europe à y jouer un rôle stabilisateur, notamment via des partenariats économiques et sécuritaires. « La paix mondiale commence par la stabilité régionale », rappellerait-il, en citant l’exemple de la CECA et de la réconciliation franco-allemande.
Message final : « L’Allemagne et l’Europe doivent choisir leur destin »

« En 1945, nous avons choisi la démocratie, la réconciliation et l’Europe. En 2025, le choix est tout aussi clair : soit nous restons unis, innovants et solidaires, soit nous devenons les jouets des puissances extérieures. L’Allemagne ne peut plus se permettre d’être un spectateur de l’Histoire. Elle doit être un acteur, aux côtés de la France, pour une Europe souveraine, sociale et pacifique. Le monde a besoin d’une Europe forte — et l’Europe a besoin d’une Allemagne responsable. »

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