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Publié par ERASME

Voici une synthèse structurée du Manifeste imaginariste de Stéphane Rozès (voir le pdf ci-joint), articulée autour de ses thèses centrales et de leurs implications :

1. Fondements de l’imaginaire collectif
  • Conscience de la mort et quête de sens : La condition humaine, marquée par la conscience de la mort et des limites individuelles, pousse les humains à s’assembler en communautés (clans, nations, civilisations) pour donner un sens collectif à leur existence.
  • Imaginaires civilisationnels : Chaque civilisation (Occident prométhéen, Orient, Afrique, monde arabo-musulman, Amérique latine) possède un inconscient collectif façonné par son rapport à l’espace, au temps, à la nature, au politique et aux autres. Cet imaginaire structure les institutions, les rapports sociaux, les techniques, et même les usages du numérique ou de l’IA.
  • Transmission et pérennité : Les imaginaires se perpétuent via des mémoires collectives, des transmissions intergénérationnelles, et s’incarnent dans les langues, les symboles, les pratiques culturelles, et les organisations du travail.
2. Dynamiques historiques et politiques
  • Cyclicité de l’Histoire : Les sociétés évoluent en spirale, avec un imaginaire archaïque au centre et des formes institutionnelles (religieuses, politiques, techniques) qui s’y agencent. Les ruptures (révolutions, guerres, pandémies) surviennent quand ces formes se détachent de leur matrice imaginaire.
  • Chaos et repli : En période de crise, les peuples se replient sur leur imaginaire archaïque, cherchant des boucs émissaires ou des ennemis extérieurs pour se ressouder.
  • Guerre et consentement : La mobilisation pour la guerre dépend de l’alignement entre l’imaginaire du peuple et les enjeux du conflit. Les guerres hybrides modernes brouillent les frontières entre intérieur/extérieur, politique/militaire.
3. Impact du numérique et de l’IA
  • Déstabilisation des imaginaires : Les réseaux sociaux et l’IA générative amplifient les bulles cognitives et les passions tristes, exploitant les fragilités des imaginaires collectifs. La crédulité face aux fake news reflète une perte de repères cognitifs.
  • Crise des collectifs de travail : L’IA horizontale menace la cohésion des groupes, substituant l’efficacité numérique aux échanges humains et aux visions communes. En France, cette révolution technologique est vécue comme une menace anthropologique, car elle remet en cause la maîtrise humaine sur la technique.
  • Autonomie du numérique : Pour la première fois, une révolution technologique (le numérique) échappe au contrôle cognitif des sociétés, posant la question de son service à l’humain ou de sa substitution à l’humain.
4. Critique du néolibéralisme et de la globalisation
  • Désarticulation des nations : La globalisation néolibérale, postnationale, a détourné les États de leurs peuples, remplaçant la démocratie par une gouvernance technocratique (UE, marchés, normes transnationales). Les peuples, privés de maîtrise sur leur destin, se replient sur des identités archaïques (nationalismes, religieux, ethniques).
  • Fin du compromis social : Après 1989, la disparition de l’ennemi communiste a rompu l’équilibre "prospérité contre paix sociale". Le capitalisme financier a déséquilibré le rapport capital/travail, précarisant les classes moyennes et fragmentant les sociétés.
  • Rejet de l’UE : L’Union européenne, avec ses gouvernances économiques et juridiques uniques, est perçue comme contraire à l’imaginaire européen de diversité dans l’unité. Elle affaiblit les nations, notamment la France, dont l’imaginaire projectif et universaliste est incompatible avec le néolibéralisme.
5. Spécificités françaises
  • Imaginaire français : Universaliste et projectif, il repose sur la construction politique de l’avenir (progrès, République, laïcité). Quand cet avenir se dérobe (UE, capitalisme financier), la France entre en crise, cherchant un retour à l’autorité (bonapartisme).
  • Contradictions internes : L’État français, historiquement central, a relayé des normes européennes contraires à l’imaginaire national, générant dysfonctionnements, déficits, et pessimisme record.
  • Crise cognitive : Les élites, déconnectées de l’imaginaire populaire, peinent à comprendre le rejet du néolibéralisme, qui a trahi la promesse d’un avenir meilleur.
6. Scénarios futurs
  • Re-civilisation de la mondialisation : Les peuples pourraient reprendre en main leur destin, remettant les États au service des nations et encadrant la globalisation dans une mosaïque de civilisations.
  • Risques autoritaires : Sinon, deux dangers :
    • Sociétés de contrôle numérique (Occident : GAFAM + État sécuritaire ; Chine : crédit social).
    • Guerres généralisées et recherche de boucs émissaires pour ressouder les communautés.
  • Rôle de l’Europe : Une Europe des nations, fidèle à son génie de diversité, pourrait servir de pont entre l’Occident et le Sud global, pour un ordre international plus juste.
7. Éthique de l’analyste
  • Décryptage réaliste : Comprendre le monde exige de se décentrer de ses propres imaginaires et idéologies. L’analyste doit livrer des constats désintéressés, fondés sur l’empirie et la confrontation des faits aux théories.
  • Enjeu démocratique : La reprise en main par les peuples passe par la souveraineté nationale, la reconnaissance des imaginaires, et le rejet des dogmes néolibéraux ou technocratiques.
Thèse centrale

« Les peuples ne sont pas mus par la prospérité ou les libertés individuelles, mais par la nécessité de maîtriser collectivement leur destin. Quand leurs imaginaires sont niés, le chaos s’installe. »

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