Retour sur images : L'appel à la raison d'Erasme !
Lundi 12 janvier 2009 : Les agences de presse occidentales font état de plus de 900 morts et de 3500 blessés du côté palestinien, et de 13 morts dont 10 militaires du côté israélien ! Et que les combats se poursuivent dans la bande de Gaza !
La résolution 1860 du Conseil de Sécurité de l'Onu demandant « un cessez-le-feu immédiat » et « condamnant toutes violence et hostilité dirigées contre des civils » à peine adoptée - non sans avoir fait l'objet d'une tentative de blocage de la part des Etats Unis -, des obstacles apparaissent qui rendent son exécution délicate, voire même improbable !
Qui est véritablement en capacité aujourd'hui d'imposer aux belligérants de mettre un terme aux combats ; des combats qui ont parfois pris, ici ou là, une forme criminelle au point que des observateurs et des diplomates évoquent la possibilité d'une incrimination de certains actes commis par des militaires israéliens sous la qualification de crimes de guerre ! Au risque de faire passer l'Etat d'Israël comme un Etat terroriste ! Insensé !
Comment a-t-on pu en arriver là ?
Et s'agit-il vraiment d'une 'guerre' au sens classique du terme ? En occurrence, les mots ont un sens derrière les actes qu'ils décrivent en regard notamment du droit international.
Ce conflit ne présente-t-il pas plutôt les caractéristiques d'une guerre civile opposant des forces militaires d'un Etat souverain (à propos desquelles on peut se demander si leur formation et leur comportement au combat ne reposent pas, peu ou prou, sur des éléments de doctrine et des règles d'engagement en totale contradiction tant avec la lettre qu'avec l'esprit des Conventions de Genève qui déterminent la base juridique du droit de la guerre), à des forces de police, des milices armées et des populations civiles d'un pseudo-état dans l'incapacité la plus absolue d'assurer sa propre sécurité et celle de ses populations en vertu des obligations qu'imposent le devoir et la responsabilité de protéger (cf. à cet égard l'article dédié, dans ce blog, à cette question centrale : Du "devoir" et de la "responsabilité" de protéger ! ), dès lors qu'il se trouve de facto placé sous la tutelle du précédent ?
Une guerre civile que l'on présente, à dessein, comme un conflit armé ayant pour seule motivation la restauration des garanties de sécurité d'Israël par une action coercitive contre les protagonistes de la terreur développée par le Hamas à son encontre !
Par ailleurs, aux horreurs du conflit s'ajoutent les effets ravageurs d'un double statu quo : d'abord un statu quo juridique quant à l'octroi aux Palestiniens vivant dans les territoires d'un Etat jouissant d'une souveraineté pleine et entière, qui les prive de la possibilité de recourir aux instruments militaires et civils pour exercer leur droit légitime à l'auto-défense ; ensuite, un statu quo institutionnel qui prive les instances gouvernementales et parlementaires israéliennes, lorsqu'un état de guerre ou d'exception est décrêté, de toute autorité politique véritable sur les chefs militaires de Tsahal qui leur permettrait de leur imposer des trêves négociées par la voie diplomatique ou des modifications in situ des règles d'engagement de leurs forces lorsque la situation l'exige, dès lors que la sécurité d'Israël ne serait pas mise - davantage - en danger.
Parce qu'une telle situation participe à consolider l'impasse diplomatique et politique dans laquelle les protagonistes de ce nouvel épisode sanglant du conflit israélo-palestinien se sont engouffrés puis profondément enlisés, l'heure est venue d'appeler au retour à la raison en lançant un cri, à l'instar du célèbre tableau de l'artiste norvégien Edvard Munch ; un "cri" qui appelle à un sursaut politique !
"Agissons tous, qui que nous soyons, là où nous sommes en capacité d'agir, pour que les responsables politiques de tous bords exercent leurs pleines responsabilités devant l'histoire en recherchant, en conscience, les voies d'un compromis acceptable par toutes les parties à proportion de leurs responsabilités dans le conflit, en prenant acte :
* que les efforts faits par l’ONU pour parvenir à un règlement négocié du conflit du Moyen-Orient et pour faire respecter les droits inaliénables du peuple palestinien, y compris son droit à l’autodétermination, doivent suivre les orientations tracées dans les résolutions du Conseil de sécurité,
* et que, même lorsque les négociations ont lieu en dehors de l’ONU, qu’elles soient bilatérales ou fassent appel à la participation de parties régionales et de partenaires internationaux, ces résolutions doivent demeurer la base de référence, convenue par toutes les parties comme fondation sur laquelle doit s’édifier une paix juste et durable.
Oeuvrons pour qu'ils donnent une chance véritable non seulement à la paix et à la sécurité pour tous sur cette terre meurtrie où le sang coule trop souvent plus abondamment que l'eau, mais aussi, au-delà, à l'humanité des hommes dont l'essence transcendentale se forge aussi dans l'aptitude de l'Homme à pardonner et à redonner un souffle nouveau à la vie lorsqu'elle est menacée : le souffle de la liberté et de la démocratie renforcé par celui de l'Esprit !
Reconnaissons ensemble que les combats qui doivent être menés contre le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie, l'intolérance, et toutes les formes de haines et de violences à l'égard des nations, des peuples et des individus sont d'abord ceux des consciences individuelles et collectives contre leurs propres démons !
Oeuvrons dès lors afin que Dieu, ses prophètes, ses saints et surtout ses fanatiques de tous poils restent à la porte des Panthéons de la démocratie, et que cesse cet amalgame instrumental entre antisémitisme et antisionisme qui participe à brouiller les cartes autant que les responsabilités, ne serait-ce que pour ne pas transformer une question politique fort complexe en une croisade permanente contre la prééminence de la raison raisonnante sur les pulsions passionnelles et identitaires ! "
Puisse un tel appel être entendu !
Des appels sont lancés dans le Monde depuis des décennies qui ne produisent que peu d'effets visibles. Restons lucides ! Bien d'autres appels et d'autres cris seront encore longtemps nécessaires pour qu'il en advienne ainsi !
Pour autant, certains appels parviennent à avoir un écho suffisamment profond auprès des populations pour laisser espérer la concrétisation des sursauts tant attendus !
Parmi ceux -ci, l'appel lancé en 2006 par les organisateurs et participants à l'université d'été de la revue Passages et de l'ADAPes consacré à ce conflit mérite que l'on s'y attarde à nouveau tellement ses messages prennent toute leur force en ces moments dramatiques (une page de ce blog en reprend tous les termes : Sept messages pour redonner de l'espoir et une perspective au Proche Orient ).
Il est est de même de l'appel poussé par les organisateurs de l'édition 2009 du Forum de Paris qui retentit avec un écho particulier en appelant à sauver la Méditerranée, bien au-delà des rives méditerranéennes du Proche Orient !
Quand bien même certains lecteurs pourraient être portés à penser que l'heure n'est pas à la philosophie ou à l'invite discrétionnaire, l'appel lancé avec élégance par Eric Fottorino, le 8 janvier, dans son éditorial du Monde, sous l' intitulé "2009, réinventer' convoquent lui aussi, à sa manière, les consciences et les responsabilités afin que 2009 soit l'année de leur sursaut (voir le lien correspondant sur ce blog) !
Son éditorial commence ainsi :
"Si nos seules certitudes pour 2009 se résument à un écheveau d'incertitudes, alors mieux vaut moins prévoir qu'espérer. Même si l'espérance est parfois violente, et la violence toujours désespérante, comme le rappelle chaque jour la tragédie israélo-palestinienne. A l'heure des voeux, on peut se demander où nos civilisations placeront à l'avenir leurs croyances et leurs valeurs, pour rendre la vie sur cette planète durablement vivable."
Et il se termine par ces mots superbes que je ferai également miens ici :
" Réinventer. C'est un beau mot pour 2009. Il nous occupera même davantage qu'une année. Réinventer, c'est retrouver le fil d'une pensée interrompue, qui remettrait l'humain au coeur de la vie, au coeur de tout. Un humain... humaniste, évaluant le résultat de son action au bien qu'il fait plus qu'aux biens qu'il gagne, arrache et détruit. Si les troubles que nous vivons conduisaient à cette prise de conscience universelle, si les mots "solidarité" ou "fraternité" retrouvaient sens et vigueur, on pourrait alors estimer que la crise survenue à l'automne aura été bénéfique et, pourquoi pas, salutaire."
S''il ne nous est interdit ni de crier ni d'espérer, il est en tout état de cause de notre devoir de citoyen du monde d'exiger des décideurs politiques qu'ils s'emploient à rendre toujours possible ce qui est non seulement juste mais nécessaire, et inéluctable ce que la conscience universelle commande à l'humain de bâtir !
Je conclurai cet article par un clin d'oeil lancé à tous ceux pour qui l'Année européenne de la créativité et de l'innovation lancée le 7 janvier à Prague par le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso et et le Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, constitue un motif supplémentaire pour que l'Union européenne fasse preuve plus que jamais de la créativité et de l'innovation requises dans la recherche collective de solutions globales, effectives et efficientes non seulement au conflit israélo-palestinien, mais, plus généralement, à l'ensemble des crises actuelles et futures, qui sont en gestation ; ce qui exige de ses responsables politiques qu'ils continuent d'assumer les responsabilités qui leur incombent, en conscience et avec compétence, sans arrières pensées et petits calcul personnels quand bien même 2009 pourrait leur apparaître comme l'année de toutes les précautions dès lors qu'elle est aussi celle des élections européennes et de leur renouvellement !
Il aurait été sans doute plus efficace à cet égard que 2009 soit l'Année mondiale de la créativité et de l'innovation !
PS : Cet article a été publié une première fois sur ce blog le 12 janvier 2009 et une seconde fois le 29 décembre 2010 !
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