Poursuite des combats par Tsahal au Proche Orient : 5 hypothèses soumises au crible de l'analyse (2)
Dans un précédent article qui constitue la première partie de ce dossier ( Poursuite des combats par Tsahal : 5 hypothèses passées au crible de l'analyse (1) ), j'ai présenté 5 des hypothèses les plus fréquemment évoquées dans les cercles qui analysent le dernier épisode du conflit israélo-palestinien.
Ces différentes hypothèses, qui ne rencontrent pas le même écho dans les différents cercles d'observateurs, sont parfois couplées dans les analyses et les
commentaires.
Le présent article s'attache à la présentation de mon propre décodage de ces hypothèses.
1ère hypothèse : la manoeuvre politique interne
Soucieux de
rehausser non seulement le prestige mais surtout, le niveau de confiance de la population israélienne dans les instruments, notamment militaires, dont s'est doté l'Etat d'Israël pour assurer sa
sécurité, E. Barak et son Etat-major militaire ont indubitablement décidé d'engager cette opération « défensive » baptisée « Plomb durci » avec l'intention la plus ferme de faire la
démonstration qu'ils ont tiré tous les enseignements des ratés de la guerre du Liban de l'été 2006 contre les forces de sécurité et les milices armées du Hezbollah.
Or, pour la plupart des observateurs de ce nouvel affrontement
armé israélo-palestinien, cette meilleure efficacité opérationnelle résulte pour une part importante de l'instauration d'une véritable coopération dans le domaine du renseignement qui s'est
instaurée entre les responsables du Shin Beth, le service de renseignement dédié à la sécurité intérieure, et du Aman, le service en charge du renseignement militaire, qui n'avaient jamais établi
dans le passé un tel niveau de coopération.
Au-delà du
surcroît de performance qu'elle a effectivement permis lors de ce conflit, une telle coopération me semble avoir également une portée politique dans la mesure où elle participe à placer non
seulement le ministre de la défense mais également les plus hautes autorités militaires, y compris les officiers généraux qui n'ont pas encore connu leurs heures de gloire, en capacité de tisser
des relations étroites « extraordinaires » avec un service qui dispose, pas essence, d'un accès à des données qui sont de nature à conférer un « avantage compétitif » indubitable à toute
personnalité qui envisagerait de postuler à d'importantes fonctions électives, gouvernementales ou parlementaires.
A l'heure où une
trêve semble enfin installée dans la bande de Gaza et où les négociations de paix israélo-arabes semblent en mesure d'être relancées, peut-être serait-il utile de relire la biographie française
du ministre israélien de la défense Ehud Barak publiée en France en 1999 par les éditions Plon, sous le titre : Le faucon de la paix, au sein duquel les deux auteurs, Paule-Henriette
Lévy et Haïm Musicant, mettent en évidence, tout au long du récit de la vie du "soldat le plus décoré d'Israël", la détermination et les convictions d'Ehud Barak, en soulignant tout ce
qu'il doit à ses longues années passées sous l'uniforme.
"Cet homme
très secret, ce militaire à la carrière hors du commun, doute, doute de tout, de tout le monde, sauf de lui", écrivent-ils, avant de souligner son sens de la stratégie: "il tire parti de
toutes les circonstances, utilise à son avantage les erreurs de l'adversaire ... Il sait toujours où il va".
2ème hypothèse : la manoeuvre politique régionale
Pour certains
analystes du Proche Orient, l'échec des tentatives israéliennes de convaincre l'administration Bush de soutenir une opération de l'aviation israélienne destinée à détruire les installations
iraniennes d'enrichissement d'uranium auraient pu participer à pousser les stratèges et les responsables militaires israéliens à vouloir faire la preuve de la volonté la plus ferme de la
coalition gouvernementale israélienne ainsi que de Tsahal de ne jamais reculer devant les provocations qui mettent en danger la vie de la population israélienne et/ou en péril les intérêts de
sécurité nationale, quand bien même l'Etat d'Israël fait montre d'une volonté de normalisation de ses relations avec la très grande majorité de ses voisins (ce que participe à confirmer son
acceptation à prendre toute sa part, au même titre que la Ligue arabe, au processus d'installation de l'Union pour la Méditerranée, sous l'impulsion conjointe de l'Egypte et de la France en leur
qualité de coprésidences de l'UpM, mais aussi à des négociations indirectes avec la Syrie par l'intermédiaire de la Turquie).
Ainsi, au
travers d'une telle opération militaire, ils auraient manifesté leur volonté de passer « indirectement » à l'acte contre cet Iran qui constitue non seulement le principal adversaire idéologique
mais le véritable rival stratégique dans la Région, au moyen d'une opération militaire a priori « sans risque » mais dont la portée symbolique est particulièrement claire.
Par ailleurs, en
mettant la bande de Gaza à feu et à sang, Tsahal a favorisé un rapprochement totalement improbable à la veille de son opération militaire entre les palestiniens favorables à l'Autorité
palestinienne ainsi qu'au Fatah et ceux qui ont permis au Hamas de prendre tous les pouvoirs, y compris par la force, dans ces territoires surpeuplés et objet d'un blocus économique
particulièrement traumatisant pour les populations ; rapprochement qui pourrait concourir à un affaiblissement du camp de la paix au profit du camp favorable à la poursuite à la résistance, y
compris par la voie armée, à « l'occupant », celui du Hamas, au point de rendre une nouvelle fois illusoire la conclusion d'un accord sur les questions centrales du contentieux
israélo-palestinien alors même que le processus de paix semblait progresser.
Ainsi, Tsahal
aurait atteint son but stratégique : interdire, tout au moins pour quelques années, la création d'un Etat palestinien viable à l'intérieur du périmètre de sécurité de l'Etat palestinien ainsi que
la possibilité de retour vers les pays d'origine d'une partie de la population israélienne inquiète de l'avenir du projet sioniste.
Quel crédit
faut-il accorder à cette double hypothèse ?
La réponse à une
telle question est des plus difficile. Elle me semble mériter toutefois un examen approfondi à l'aune, notamment, d'une évaluation aussi objective que possible de la qualité et du poids politique
des contributions des principaux responsables politiques d'entités régionales telles que l'Union européenne, la Ligue arabe ou l'Union pour la Méditerranée, au règlement pacifique de ce dernier
épisode du conflit, tout en prenant naturellement en compte la préférence d'Israël pour des solutions unilatérales à chaque nouvel épisode du conflit israélo-palestinien, préférence que confirme
une nouvelle fois sa décision unilatérale d'un retrait de ses troupes de la bande de Gaza dès que la trêve a été rendue possible.
Or, cette
préférence historique participe à accréditer l'idée qu'Israël entend ne se faire dicter ses décisions les plus stratégiques pour la stabilité et la sécurité régionales par quiconque ; ne
serait-ce que pour maintenir la crédibilité de son statut de puissance régionale encore capable de dire non à ses amis et alliés quels que soient les efforts déployés par ces derniers, à un
moment où d'autres puissances régionales, l'Iran et la Turquie, s'autorisent à le faire dans le cadre de dossiers aux enjeux incontestablement encore plus stratégiques pour la Région (dossier de
l'enrichissement de l'uranium à des fins militaires pour l'Iran, conflit russo-géorgien pour la Turquie, notamment).
3ème hypothèse : le forçage d'un renouveau stratégique
Depuis sa
création, l'Etat d'Israël agit et négocie dans les enceintes internationales en faisant montre d'une volonté indéfectible de refuser tout projet qui, en visant la construction d'une entité
politique régionale intégrée dont elle serait partie, pourrait de ce seul fait porter atteinte à sa propre conception de ses propres intérêts de sécurité nationale, comme si « entre le monde
et la nation, il n'existe rien »(phrase célèbre prononcée par Gordon Brown, lorsqu'il était Chancelier de l'Echiquier, avant qu'il soit conduit, quelques mois plus tard, à trouver quelques
vertus aux instruments structurels, économiques et financiers dont dispose l'Union européenne lorsque la crise financière systémique a frappé de plein fouet la City).
Pour autant,
certains analystes considèrent que ses stratèges militaires les plus influents, constatant une profonde communalité des risques et des menaces que fait peser sur les Etats occidentaux dans leur
ensemble une « rupture civilisationnelle » à l'œuvre sous la forme d'une succession de crises systémiques mettant en péril la pérennité à la fois du modèle d'économie libérale de marché « non
régulée », comme des valeurs et des principes du modèle socio-politique sans lequel le capitalisme s'avèrerait relativement infécond, la démocratie politique et sociale, pourraient être tentés
d'œuvrer au forçage d'un renouveau stratégique en instrumentalisant le conflit israélo-palestinien pour favoriser l'avènement d'une nouvelle approche stratégique qui tendrait à
confondre les « objectifs » stratégiques et de sécurité de l'Etat d'Israël avec ceux des Etats occidentaux en proie à un perte d'efficacité et de confiance dans ces modèles (sans pour autant
confondre les « intérêts » de même nature, par réalisme); véritable rupture stratégique articulée sur des objectifs dépassant largement les enjeux de défense et de sécurité stricto sensu pour
s'ouvrir à l'ensemble des défis stratégiques et de sécurité, parfois plus globaux et tout aussi systémiques, qui affectent l'ensemble des registres économiques, monétaires, financiers,
commerciaux, sociétaux et écologiques.
A la veille du
Sommet de l'Alliance atlantique au cours duquel devrait être examinée la question centrale de la redéfinition du concept atlantique de l'OTAN, la vitalité du dialogue méditerranéen de cette
organisation politico-militaire, le nouveau contexte régional créé par les négociations qui ont conduit à l'avènement de l'Union pour la Méditerranée ou encore à l'octroi à Israël par l'Union
européenne d'un statut particulier comparable, voire même plus favorable, à celui des pays candidats qui bénéficient des garanties que leur procure la perspective d'adhésion, les propositions
formulées par la Russie pour la refondation de la Sécurité sur le continent européen, et le fait que les principaux responsables militaires de Tsahal entretiennent des relations étroites et
régulières avec le Comité militaire de l'Otan ainsi qu'avec les responsables militaires de l'UE et de ses Etats membres, participent indubitablement à conférer une certaine crédibilité à une
telle hypothèse ; une crédibilité d'autant plus forte que l'appel de G.W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001 qui a constitué l'une des marques les plus fortes de ses deux mandats sur
le plan stratégique : « Ceux qui ne sont pas avec nous dans la lutte contre le terrorisme sont contre nous. », a abouti de facto à un resserrement plus ou moins « forcé » des liens
stratégiques entre les alliés occidentaux ainsi qu'à une clarification des postures stratégiques et de sécurité des autres grands acteurs sur l'échiquier international.
4ème hypothèse : l'expression, sous sa forme militaire, d'un néoconservatisme
idéologique
L'hypothèse, et
a fortiori, la perspective d'une issue politique aux négociations en cours relatives au processus de paix qui imposerait à Israël de renoncer « définitivement » à tout éventuel projet
d'intégration à son territoire de tout ou partie des territoires placés sous la responsabilité et le contrôle de l'Autorité palestinienne, semblent potentiellement de nature à susciter
l'expression d'un néoconservatisme idéologique qui s'emploierait à la réaffirmation formelle des visées identitaires, territoriales, nationalistes et coloniales qui sont historiquement attachées
au mouvement sioniste.
Elle participe à
accréditer l'idée selon laquelle les héritiers militaires des protagonistes « historiques » du sionisme, entendraient agir par tous les moyens dont ils disposent, et notamment au moyen
d'opérations militaires dont le succès seraient assurés à la fois par la supériorité opérationnelle que présuppose la supériorité technologique et le recours à une conception nouvelle du
renseignement opérationnel, pour redonner au conflit israélo-palestinien la centralité qu'elle a perdue depuis l'émergence dans le monde de conflits dont la nature et l'ampleur ont favorisé une
réorientation des priorités diplomatiques et médiatiques qui sont désormais étroitement mêlées centrale ; idée qui aurait trouvé un écho favorable auprès des membres les plus influents des
différentes diasporas juive et israélienne.
Une telle
attitude pêcherait alors par l'ignorance dont elle rendrait compte des effets complexes qui résultent des différents natures de risques et de menaces qui dessinent les ressorts et les
déterminants de cette insécurité globale qui met en péril à la fois les intérêts de sécurité nationale d'Israël, à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières, en même temps que la sécurité
des membres de ses diasporas dans le monde ; des risques et des menaces dont le caractère parfois global et systémique comme le degré parfois élevé d'inter-corrélation rendent totalement
illusoire l'aboutissement effectif des visées d'un sionisme maximaliste par l'usage de la force militaire et de la coercition armée.
Outre le fait
qu'elle procèderait dès lors d'une limitation hasardeuse d'une lecture des tenants et des aboutissants de la « National Security » à ceux de la « Homeland Security », elle
trahirait une certaine incapacité des responsables politiques israéliens qui sont en charge de la conduite des actions gouvernementales, de convaincre les principaux responsables militaires de
Tsahal de la vanité des choix doctrinaux dont les conflits récents au Moyen Orient et en Asie tendent pourtant à établir l'inefficience autant que l'inefficacité indépendamment du bien fondé
juridique, moral ou stratégique des buts politiques qui avaient été préalablement affichés pour justifier le déclenchement des opérations.
Pour autant, une
telle hypothèse ne saurait être rejetée d'un revers de main dans la mesure où elle fait sens dans le fait que ce nouvel épisode du conflit a contribué à déplacer les lignes de la négociation en
cours attachée à la résolution globale vers la recherche de solutions immédiates et de court terme aux combats et à la crise humanitaire dans la bande de Gaza dont la portée ne sauraient être en
rien comparables aux buts affichés pour le processus de paix lui-même.
La confusion,
consciente ou non, à dessein ou non, que font les commentateurs de ces combats entre les notions de « terroristes du Hamas », « combattants du Hamas », « milices armées du Hamas », « Hamas »
organisation terroriste, « Hamas » organisation islamiste, « Palestiniens », « services de sécurité palestiniens », « forces de sécurité palestiniens », et la criminalisation du Hamas opérée par
l'ensemble des organisations internationales et européennes qui ont inscrit cette organisation politique dans la liste des organisations terroristes avec lesquelles aucune négociation et aucun
dialogue « officiels » n'est possible, soulève également de nombreuses interrogations sur les intentions réelles de ceux qui recourent à l'arme politique qu'offre la possibilité de tels amalgames
par des opinions publiques non averties, notamment en Europe et dans le monde arabo-musulman ; amalgames dont la probabilité d'occurrence est d'autant plus forte que simultanément, des images
montrent des combattants palestiniens plongés au milieu des populations civiles au risque d'accréditer l'idée selon laquelle tout palestinien de la bande de Gaza , y compris un vieillard, une
femme ou un enfant, est potentiellement en capacité de se rendre complice, et donc coupable, d'une collusion de fait avec les « terroristes armés palestiniens », voire même complice et/ou
coupable d'un acte terroriste à l'égard des forces israéliennes ou des populations israéliennes soumises quotidiennement aux « roquettes du Hamas ».
De telles confusions ajoutent aux effets pervers du cynisme politique dont
font montre les dirigeants des Etats qui ont accordé à l'Etat d'Israël un statut dérogatoire au sein de la « Communauté internationale » en lui permettant de ne pas se soumettre aux injonctions
les plus formelles du droit international et de bénéficier dans les processus de coopération internationale de conditions extrêmement favorables qui en font souvent la nation la plus favorisée, à
l'instar des termes de l'accord conclu le 8 décembre avec l'Union européenne.
En concourant à
alimenter des tensions extrêmement préjudiciables aux intérêts et à la sécurité des populations juives qui vivent ou transitent hors d'Israël, elles participent à rendre illusoire tout projet
visant une libre circulation des personnes, des capitaux, des biens et des services entre les Pays parties à l'Union pour la Méditerranée ; ce qui renforce d'autant plus la crédibilité de
l'hypothèse avancée ici.
5ème hypothèse : l'initiative stratégique maximaliste
Aussi excessive
puisse-t-elle paraître, une telle hypothèse fait malgré tout sens aux yeux tant de certains observateurs sensibles à l'argument selon lequel toute guerre d'envergure au moins régionale est
potentiellement susceptible de créer des conditions extrêmement favorables à la relance des économies nationales des Pays belligérants par la stimulation de la dynamique propre à leur économie de
guerre, que de ceux qui verraient dans cette option la voie ultime pour éviter un possible échec du projet sioniste.
La très grande
variété des dynamiques d'alliance (effectives ou simplement objectives), la nature des interpénétrations des économies nationales inhérentes à la globalisation de l'économie comme la nature des
difficultés d'accès aux ressources nécessaires au fonctionnement de toute économie de guerre ayant changé la donne de manière radicale, il semble qu'un tel argument ait perdu toute sa
pertinence. A moins qu'il soit couplé à
d'autres arguments en faveur d'une sixième hypothèse subtilement articulée sur l'anticipation d'une surprise stratégique improbable mais toutefois possible si tant est qu'elle
apparaitrait nécessaire à l'existence même d'Israël (la théorie des possibilités, qui est articulée autour des deux modalités du possible et du nécessaire me paraissant en l'occurrence
plus pertinente que la théorie des probabilités pour apprécier la pertinence et quantifier les niveaux de confiance qu'il conviendrait alors d'attacher à une telle
hypothèse).
Mes propres conclusions :
Probablement
faut-il repenser notre perception des tenants et aboutissants des choix de Tsahal et du gouvernement israélien qui ont déterminé les mouvements et le comportement des forces engagées dans ce
nouvel épisode du conflit israélo-palestinien en prenant soin de croiser les éléments d'analyse selon une grille de lecture permettant de moduler les modalités de leurs
couplages.
Au cynisme
politique dont la démonstration par l'horreur confine à la pornographie (cf. l’article d'Abdelwahab Meddeb dans
l’édition du Monde en date du 13 janvier 2009 sous l’intitulé Pornographie de l’horreur, ou Quand l’obsénité
de la technologie guerrière répond à celle du martyre), il nous faut répondre par le réalisme pragmatique du bon sens des hommes et des femmes qui aspirent à un monde où les élites
auto-proclamées ou élues, quelles que soient la modalité de leur élection (élections politiques, réussite à des concours ou des examens, etc.) cesseront de prendre les peuples en otage de leur
soif de puissance autant que de leurs propres délires existentiels en les justifiant par des prophéties auto-réalisatrices aux desseins inavouables.
Que devons nous
penser de ce spectacle offert par les télévisions occidentales qui se sont cru autorisées (ou qui ont été autorisées) à diffuser des images des sourires amusés des personnalités politiques de
premier plan réunies à l'initiative des autorités gouvernementales israéliennes à l'issue des combats, images qui pourraient laisser davantage qu'un goût particulièrement amer chez ceux,
nombreux, qui ont cru à leur (relative) impartialité dans leur recherche d'une issue équitable à ce conflit ?
Le pouvoir se mérite dans une démocratie authentique. Lorsqu'on le détient de
par la volonté du peuple, il faut savoir en être digne en l'exerçant uniquement au bénéfice de ce que les hommes qui vous ont accordé leur confiance en attendent, en conscience et en
responsabilité.
Je conclurai cet article en appelant les responsables politiques et militaires des Etats qui assument une part de responsabilité dans
ce conflit, à méditer le message qui clôt l'article d'Abdelwahab Meddeb évoqué ci-dessus :
"De tels évènements actualisent le cri que Conrad mit dans la bouche de sa créature Kurtz par
quoi finit : Au coeur des ténèbres : "Horror ! Horror !". Décidément, des empires coloniaux aux temps de la mondialisation, c'est toujours l'horreur que les humains ont en partage. Pornographique
est cet étalage de l'horreur, qui privilégie le principe de mort en éclipsant le principe de vie, suspend le renoncement et la rétention qui font la civilisation pour préparer l'avènement de la
barbarie."