Budget de l'UE et PAC : la France s'estime bien placée, par Yann Ollivier (AFP)
La France s'estime bien placée à plusieurs postes-clés de l'UE, au Parlement européen comme à la Commission, avant
les délicates discussions qui se profilent sur le budget de l'UE et la bataille sur l'avenir de la politique agricole commune.
Jeudi 17 juillet, l'eurodéputé UMP français Alain Lamassoure a été élu président de la commission du Budget au Parlement
européen.
Selon le président de la délégation française au sein du groupe conservateur, Michel Barnier, c'est " un poste névralgique " qui revient ainsi à cet ancien ministre français des Affaires
européennes et du Budget.
De fait, si le traité de Lisbonne entre en vigueur, le Parlement européen aura le dernier mot par rapport aux 27 Etats de l'UE sur l'ensemble de la procédure budgétaire.
Au Parlement, les 29 élus de l'UMP sont désormais présents dans toutes les commissions parlementaires, et " il y en aura peu dans lesquelles nous n'aurons pas des positions fortes ", se réjouit
Alain Lamassoure.
Avec en plus, à la Commission européenne, la nomination en juin d'un Français, Hervé Jouanjean, à la direction générale du Budget, Paris dispose "de leviers stratégiques dans la perspective des
discussions sur les prochaines perspectives financières", le budget de l'UE après 2013, veut croire un diplomate français.
D'autant que la direction de l'Agriculture à la Commission est aussi sous la houlette d'un Français, Jean-Luc Demarty,
depuis 2006.
La France va devoir s'employer lors du bras de fer à venir sur le budget pour éviter une réduction importante des fonds agricoles (PAC) ou espérer une remise en cause du "chèque" britannique.
A l'occasion de la constitution jeudi à Strasbourg des différentes commissions parlementaires,la France a cependant perdu la présidence de celle des Affaires économiques et monétaires, jusqu'ici
présidée par la socialiste française Pervenche
Bérès.
Elle est désormais confiée à la libérale britannique Sharon Bowles, réputée proche de la City de Londres. Ce qui est vécu comme une menace par les Français.
"Au moment où l'Europe dit vouloir réguler davantage les marchés, cette désignation est assez incroyable ", dit un diplomate français, en rappelant que le Royaume-Uni cherche à limiter
au minimum les efforts de l'UE en ce sens. C'est le cas depuis plusieurs semaines notamment pour un projet européen d'encadrement des fonds spéculatifs que Londres cherche à édulcorer.
En compensation Mme Bérès a néanmoins obtenu la présidence de la commission de l'Emploi et des Affaires sociales, et sera rapporteur d'une commission spéciale sur la crise financière.
L'UMP Arnaud Danjean présidera pour sa part la sous-commission de la Défense, et la Verte Eva Joly décroche la présidence de la commission du développement.
S'il est vrai que le groupe politique conservateur est dirigé par le Français Joseph Daul et que celui des Verts est co-présidé par Daniel Cohn-Bendit - élu en France cette année après l'avoir
été sur liste allemande en 2004 - aucun Français ne figure en revanche parmi les 14 nouveaux vice-présidents du Parlement.
" C'est dommage, parce que derrière les décisions administratives du bureau où siègent les vice-présidents il y a toujours de grands enjeux politiques ", commente un haut fonctionnaire
européen.
Si la France estime bien s'en sortir, son palmarès reste néanmoins bien pâle à côté de celui d'un pays comme l'Allemagne.
Les chrétien-démocrates obtiennent ainsi la présidence de la commission Industrie, secteur économique crucial en Allemagne, mais aussi Affaires juridiques, et Culture, tandis que le
social-démocrate Jo Leinen présidera celle de l'Environnement.
C'est en outre un libéral allemand, Wolf Klinz, qui présidera la commission sur la crise financière.