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Publié par Patrice Cardot

Le FOREX, ou marché des changes, est le plus grand marché de la planète : 3 100 milliards de dollars de transactions par jour -- soit une fois et demie le PIB de la France... et 30 fois plus que tout le marché boursier américain.
Mais c'est aussi en majorité un marché de professionnels entouré de préjugés et d'idées fausses. La plupart des investisseurs n'en savent pas beaucoup à son sujet, ni comment s'y positionner.
Trente fois plus de transactions effectuées que sur les marchés actions, faites pour la plupart par des professionnels de la finance, investisseurs institutionnels, grandes banques d'investissement, etc.
Les initiés ne s'y sont pas trompés : c'est là - et non sur le CAC 40, le Dow Jones et autres indices boursiers - qu'ils font la majeure partie de leurs transactions... et de leurs gains colossaux !
Mais le connaissez-vous vraiment ?

Cette fiche sur le marché des changes est issue d'une conférence donnée en février 2006 à l'Université Saint Esprit de Kaslik au Liban par Rodolphe Vialles, l'un des fondateurs d'ABC bourse  (site : http://www.abcbourse.com/).
Ce cycle de conférences internationales, organisé par Reuters a permis notamment de former les professionnels du système financier local aux nouvelles techniques de marché.

Comment fonctionne la cotation de devises ?
On ne donne jamais la cotation d'une devise unique comme par exemple : quel est le cours du dollar ou quel est le cours du yen ? Cela n'a de sens que si on compare une devise avec une autre. En l'occurrence les devises sont cotées par paires. Ainsi on parlera de la cotation de l'euro contre le dollar (EUR/USD) ou de la livre sterling contre le yen (GBP/JPY) par exemple. On utilise toujours les codes internationaux pour nommer les devises sur le Forex.
Il faut également noter que les devises étant des petites quantités et leurs variations étant faibles, leur cotation est affichée sur quatre décimales. Exemple d'une cotation de la paire euro/dollar : 1,2055.

Dans le langage des cambistes (le nom donné aux investisseurs sur le marché des changes), le plus petit échelon de cotation est appelé un " pip ". Ainsi, quand l'euro/dollar passe de 1,2040 à 1,2043 on dit que la variation est de 3 pips.

Exemple sur les frais de transaction
Soit la cotation suivante sur l'euro/dollar :

Achat : 1,2052 / Vente : 1,2050

Cela signifie qu'à cet instant, vous pouvez acheter l'EUR/USD à 1,2052 et le vendre à 1,2050. La différence de 2  pips entre l'achat et la vente est le spread, c'est la commission du courtier. Dans cet exemple, les frais de transaction sont donc de 0,0002 / 1,2050 = 0,017 % soit au moins 10 fois plus faible que les frais de transaction facturés pour l'acquisition d'actions sur le marché.


A la lumière de cet exemple on comprend aisément l'attirance de ce marché pour les " day traders " qui peuvent ainsi faire de nombreux allers/retours sans être pénalisés par les frais de transaction qui sont marginaux.


Récapitulatif : spécificités du marché des changes par rapport aux actions

 

  Forex Actions
Liquidité Très forte Très forte à très faible
Volatilité Forte Forte à faible
Effet de levier Jusqu'à 400 Environ 5
Ouverture 24/24 h Environ 8h par jour
Instrument Quelques dizaines Plusieurs milliers
Frais de transaction Très faibles Moyen à élevé

 

Conclusion : un marché parfait ?
Liquidité parfaite, frais réduits, ouverture 24/24h, volatilité, etc. le Forex est un marché qui paraît idéal pour les investisseurs actifs.

Attention cependant car il recèle de nombreux pièges souvent induits par ses qualités. Un de ses plus gros dangers et sa volatilité dans un cadre de fort effet de levier. Un point essentiel à soigner si on veut intervenir sur ce marché est de maîtriser parfaitement son " money management " en se fixant de solides règles que l'on prendra soin de ne pas violer sous peine de ne pas faire de vieux os.
Exemple d'une transaction :
Prenons l'hypothèse d'un cours de 1,2000 pour la paire euro/dollar. Si l'investisseur pense que le cours de cette paire va monter, il va alors acheter l'euro/dollar, ce qui se décompose de la manière suivante : il achète des euros et vend des dollars.

Cette opération est toutefois complètement transparente pour l'utilisateur puisqu'il joue directement sur la paire. C'est le courtier qui réalise cela pour lui dans ses opérations de " back office ".
Les taux d'intérêts : une spécificité du Forex

A la différence des actions, détenir des devises ne donne pas lieu au versement d'un dividende mais à la perception d'un taux d'intérêt. En effet, la détention d'une devise offre une rémunération à son propriétaire, la rémunération versée est directement liée au taux d'intérêt monétaire du pays ou de la zone économique d'émission de la devise.

Les taux directeurs sont fixés dans chaque zone économique par l'institut monétaire local : Réserve Fédérale (Fed) aux Etats-Unis, Banque Centrale Européenne (BCE) pour la zone euro, Banque du Japon, Banque d'Angleterre, etc.
Ces taux ne sont pas gravés dans le marbre mais évoluent à la hausse ou à la baisse en fonction de la santé économique des différents pays. Le tableau ci-dessous indique les taux directeurs de quelques devises, dont les principales :

Taux d'intérêts mondiaux en avril 2006

Pays / zone économique Devise (code abrégé) Taux directeur fixé par la banque centrale
Etats-Unis  Dollar (USD) 4,50%
Zone euro Euro (EUR) 2,50%
Royaume Uni Livre sterling (GBP) 4,50%
Japon Yen (JPY) 0,00%
Suisse Franc suisse (CHF) 1,00%
Australie Dollar australien (AUD) 5,50%
Nouvelle Zélande Dollar néo-zélandais 7,25%
Hongrie Forint (HUF) 5,75%
Mexique Peso (MXN) 7,80%
Canada Dollar canadien (CAD) 3,50%
Afrique du Sud Rand (ZAR) 7,00%

 
Comme nous le voyons ci-dessus la politique monétaire est loin d'être uniforme à travers la planète, avec des taux à plus de 7% d'un côté (Nouvelle-Zélande) et à 0% de l'autre côté (cas du Japon avec sa politique ultra accommodante).
Quel impact sur les transactions ?

Comme nous l'avons indiqué plus haut, le fait de détenir une devise entraîne le versement d'un intérêt à son détenteur. Ainsi, si vous détenez 10000 USD, votre courtier vous versera quotidiennement un intérêt au taux annuel de 4,50%, soit 450 $ par an.

Néanmoins quand on achète une devise on le fait à l'aide d'une autre devise (principe des paires) ce qui fait que l'on ne touche pas l'intégralité de l'intérêt mais le différentiel entre les taux d'intérêts de 2 devises. Prenons un exemple pour mieux comprendre.

Exemple :
L'hypothèse est que vous passez " long " (acheteur) de 10 000 USD/CHF. Si on décompose la transaction, vous achetez 10 000 $ en vendant des francs suisses (ce qui revient à les emprunter).

Vous êtes " long " en USD et touchez un intérêt de 4,50% annuel sur cette position. De l'autre côté vous payez un intérêt de 1% pour la vente des francs suisses. Dans ce cas, votre position vous rapporte 4,50% - 1% soit 3,50%.

Une position longue sur l'USD/CHF vous rapporte donc 3,50% par an en théorie. En pratique c'est un peu moins car les intermédiaires prennent une petite marge sur les taux versés et vous toucherez effectivement environ 3% par an.

Notez que si vous aviez pris la position inverse (une vente d'USD/CHF) vous auriez payé un intérêt de 3% par an !

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