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Publié par Patrice Cardot

En dépit de toutes ses insuffisances, le Produit intérieur brut  - PIB - (*) reste l'instrument de mesure et de comparaison de l'activité macroéconomique le plus connu et le plus utilisé. Mais pour mesurer avec précision le progrès économique et social à plus long terme, notamment la capacité d'une société à gérer des problématiques telles que le rechauffement climatique, l'utilisation efficace des ressources ou l'intégration sociale, il fut de toute évidence compléter cet indicateur par dautres statistiques couvrant ces thématiques aussi essentielles au bien-être des populations.

Intitulée " Le PIB et au-delà : mesurer le progrès dans un monde en mutation ", ce texte propose d'enrichir le débat public d'autres grands repères permettant de mesurer ce que les gens souhaitent réellement : mesurer les progrès accomplis en atteignant, sur une base durable, les objectifs établis dans le domaine social, économique et environnemental. COM-2009--433-final.pdf COM-2009--433-final.pdf

C'est ce que souligne la Commission européenne, dans une communication adoptée le 20 août, en proposant d'intensifier les travaux qui ont eu lieu sur le sujet depuis plusieurs années.

La réflexion n'est pas vraiment nouvelle et le PIB reste incontestablement la référence. Des études ont toutefois montré les limites de ce type d'informations statistiques pour les citoyens. Ainsi, le PIB peut augmenter, mais le revenu disponible et les services publics n'en sont pas moins perçus comme diminuant. De même, les indicateurs reposant sur des moyennes ou sur " le consommateur typique " ne suffisent pas, selon la Commission, à satisfaire le besoin d'information des citoyens et des décideurs. Elle estime que l'ajout au PIB de critères de mesure concis reflétant les préoccupations plus larges du public, permettrait aussi de rapprocher la politique de l'UE des préoccupations des citoyens.

Dans sa communication, la Commission propose donc cinq actions pour développer des indicateurs plus riches et plus fiables afin de fournir des informations plus détaillées à l'appui des décisions politiques :
   a) l'ajout d'indicateurs environnementaux et sociaux au PIB. Les services de la Commission ont notamment l'intention de développer un indice environnemental global et d'améliorer les indicateurs relatifs à la qualité de la vie. Si aucun indicateur environnemental global n'existe actuellement, les services de la Commission prévoient de présenter une version pilote d'un indice de pression environnementale en 2010. Cet indice reflétera la pollution et toute autre atteinte à l'environnement sur le territoire de l'Union européenne, afin d'évaluer les résultats des efforts de protection environnementale. Cet indice inclura  les grands axes de la politique environnementale (changement climatique et utilisation de l'énergie, nature et biodiversité, pollution atmosphérique et effets sur la santé, utilisation de l'eau et pollution aquatique ou production de déchets et utilisation des ressources). De même, pour la mesure directe de la qualité de vie et du bien-être, la Commission a lancé des études sur la faisabilité d'indicateurs de bien-être et sur la responsabilisation du consommateur ;
  b) l'amélioration de l'actualité des données environnementales et sociales. La Commission intensifie ses efforts en vue de concrétiser ce potentiel que repréentent les satellites, les stations de mesure automatique et internet qui permettent de plus en plus d'observr l'environnement en temps réel. Elle fera de même, chaque fois que cela sera possible et rentable, pour améliorer l'actualité des données sociales, par exemple grâce au nouveau système européen de modules d'enquête statistique sociale ;
  c) la précision accrue des rapports sur la distribution des inégalités. Des données permettant de tenir compte de la répartition équitable entre les pays, régions, groupes économiques et catégories sociales sont nécessaires, insiste la Commission, qui rappelle que des indicateurs d'égalité d'accès à un logement de qualité, aux transports et à d'autres services et infrastructures sont en passe d'être développés ;
  d) l'élaboration d'un tableau de bord européen du développement durable. Les services de la Commission prévoient de présenter une version pilote du tableau de bord du développement durable en 2009. Ce tableau reposerait sur l'ensemble des Indicateurs du développement durable (IDD) de l'UE et pourrait également inclure d'autres informations publiques quantitatives et qualitatives, relatives par exemple aux entreprises et aux mesures politiques ;
  e) l'extension des comptes nationaux aux thématiques environnementales et sociales. Une fois que les méthodes auront été approuvées et que les données seront disponibles, les comptes nationaux seront complétés par une comptabilité économico-environnementale intégrée fournissant les données cohérentes. De même, le système européen des comptes existant comprenant d'ores et déjà des indicateurs mettant en avant les thématiques importantes d'un point de vue social, les services de la Commission prévoient d'intensifier l'utilisation de ces indicateurs (tels que le revenu disponible des ménages et les chiffres ajustés du revenu des ménages) qui reflètent mieux que le PIB par habitant ce que les individus peuvent consommer et épargner.

Les réflexions relatives aux indicateus contenues dans cette communication pourraient contribuer à la définition de nouveaux objectifs stratégiques pour la stratégie de Lisbonne de l'après-2010, indique aussi la Commission qui prévoit de dresser un bilan sur la mise en oeuvre et les résultats des actions présentées d'ici à 2012 au plus tard.

(*) PIB = consommation privée + investissements + consommation publique + (exportations – importations). Le cadre et les règles de calcul du PIB sont établis par le système européen des comptes nationaux, qui est dans une large mesure compatible avec le système des comptes nationaux des Nations unies.


Pour un aperçu récent des limites du PIB, voir Stiglitz/Sen/Fitoussi (2008) Issues Paper, Commission on the Measurement of Economic Performance and Social Progress ( http://www.stiglitz-senfitoussi.fr/documents/Issues_paper.pdf).

 
Source : Bulletin Quotidien Europe n°9963 en date du 27 août 2009.

Commentaires personnels :

Cette initiative de la Commission européenne n'est pas isolée. Elle s'incrit dans le cadre du Projet mondial « Mesurer le progrès des sociétés » qui vise à favoriser la mise au point d’un ensemble d’indicateurs clés dans les domaines économiques, sociaux et environnementaux, afin de donner une image globale de la façon dont évolue le bien-être d’une société ; projet qui veut aussi encourager l’utilisation de ces indicateurs pour éclairer et promouvoir des processus décisionnels fondés sur des décisions factuelles, dans et entre les secteurs public et privé et la société civile. Ce projet est ouvert à tous les secteurs de la société, mettant à profit à la fois des bonnes pratiques et les recherches innovatrices. Ce souci d'adapter les batteries d'indicateurs à une réalité complexe s'est également manifesté lors des travaux de l'ONU relatif au développement humain. Pour preuve le dernier rapport disponible sur ce sujet centralhdr-f.pdf hdr-f.pdf , les évolutions du développement humain étant souvent ignorées dans les analyses économiques sur esquelles s'appuient les décideurs politiques et économiques.




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