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Publié par Patrice Cardot

L'incapacité à apporter des anticipations et des réponses appropriées aux effets systémiques des défis multiples auxquels le monde entier est désormais confronté condamne sans appel les différentes instances multilatérales de régulation à une réforme en profondeur (cf. notamment à cet égard l'excellent document des Nations unies (qui date de 2008) intitulé "les Problèmes systémiques internationaux : déséquilibres et réformes" - http://www.un.org/esa/ffd/doha/press/french/Backgrounder_Systemics_FR.pdf ).

Pour autant, leur surdité - avérée par les faits - aux signaux multiples, faibles et moins faibles, qui les avertissaient depuis plusieurs années des dérives et des manquements des politiques qu'elles ont déployées tous azimuts fortes des certitudes établies à l'aune de leurs modèles économiques, économétriques et statistiques des plus approximatifs, comme le modus operandi de leur système de gouvernance et les aléas et sources de blocages que présuppose par nature le choix d'un modèle intergouvernemental rigide, ne sauraient exonérer de leurs responsabilités, voire même parfois, de leur culpabilité, ni les différents agents monétaires, économiques et financiers concernés, ni les autorités politiques et de régulation nationales dans la montée aussi rapide que brutale des tensions et des chocs qui paralysent les dynamiques de production et d'échanges si indispensables à la prospérité économique, à la justice sociale et au développement, et mettent en péril la stabilité stratégique en même temps que la sécurité internationale. 

Car en prenant le parti d'un recours à des conflits régionaux motivés par des objectifs qui s'avèrent relativement dérisoires (lutter contre le terrorisme et/ou contre la prolifération des armes de destruction massive, en sacrifiant au passage des centaines de milliers de victimes) en regard des effets bien plus dramatiques et structurels des défis planétaires auxquels la collectivité internationale doit apporter des réponses urgentes, ainsi qu'à des partenariats stratégiques présentés ici ou là comme constitutifs du cadre de nouveaux modes de régulation multilatérale, plus globaux, ils plongent le monde, de facto, dans une fuite en avant profondément préjudiciable aux objectifs qu'ils affirment servir en occultant les obstacles à de tels paris qu'oppose la robustesse du système international à l'oeuvre, ne serait-ce qu'eu égard au caractère irréversible des interdépendances planétaires (notamment sur les registres monétaires, financiers et commerciaux) qui constituent aujourd'hui les ressorts les plus essentiels des dynamiques de croissance économique (tant au niveau national qu'aux niveaux régional et international) et des systèmes de garanties qui y sont attachés.

Comment le monde parviendra-t-il à ne pas réitérer sans cesse les erreurs et les fautes du passé sans qu'une pensée et une action politique renouvelées émergent au niveau international ?

Les instances 'paritaires' d'envergure mondiale telles que la Commission Trilatérale (http://www.trilateral.org/), le Forum économique mondial de Davos (http://www.weforum.org/en/index.htm), le Forum social mondial de Porto-Allègre, le Groupe de Bilderberg, les Amis de l'Europe (cf. à leur égard les articles intitulés Controlling the Global Economy: Bilderberg, the Trilateral Commission and the Federal Reserve / Global Power and Global Government : Part 3, by Andrew Gavin Marshall ainsi que Global Governance is a challenge for democracy (but an EU opportunity), by Pascal Lamy (WTO)) ou encore les différents fora qui se sont constitués autour des différents objectifs du cycle de Doha, sont convoqués par l'Histoire plus encore qu'ils ne l'ont jamais été, pour dégager, dans leur sagesse, les analyses qui permettront d'esquisser les voies nouvelles dont pourront débattre ensuite au sein des instances formelles de régulation multilatérale les autorités compétentes démocratiquement élues.

Contrairement à ce que pensent les opposants les plus farouches à tout projet de gouvernance mondiale (cf. par exemple à cet égard le philosophe politique allemand Jürgen Habermas : "Le joli mot de "gouvernance" n'est qu'un euphémisme pour désigner une forme dure de domination politique" par Jürgen Habermas (Le Monde) dont les inquiétudes méritent néanmoins qu'on s'y attarde !), ce n'est ni comploter ni conspirer que de recourir à des fora d'échanges internationaux afin de rechercher les voies que l'ensemble des dirigeants politiques, économiques et financiers de la planète Terre doivent emprunter pour gouverner avec sagesse 7 milliards d'individus.

Vouloir agir de manière collective au service d'une vision partagée de l'avenir du monde n'est-il pas le seul remède aux souffrances que connaissent les peuples et les individus les plus fragiles en même temps que la seule voie de salut pour les idéaux universels que font vaciller tant de chocs et de tensions dont les effets annonciateurs n'ont pas mobilisé l'intelligence coillective autant que la situation internationale l'exigeait !

Un tel constat ne doit en rien occulter la nécessité de revisiter les fondamentaux idéologiques qui ont jusqu'ici animé ces différents cercles (cf. à cet égard certains discours du Président Sarkozy, notamment les suivants : Discours de Nicolas Sarkozy lors de la Conférence internationale de présentation des conclusions du rapport de la Commission de mesure de la performance économique et du progrès social  ainsi que Discours du Président N. Sarkozy lors de la 98ème session de la Conférence Internationale du Travail (Genève, 15 Juin 2009)) !

Il y va de la paix, de la prospérité, de la sécurité internationale et de la stabilité stratégique.

Les travaux que la Commission Trilatérale a consacrés en 2008 au dossier iranien (Engaging Iran and Building Peace in the Persian Gulf Region) sont particulièrement rassurants à cet égard.

Ceux que le Groupe de Bilderberg a consacrés à la refondation de l'économie politique globale mondiale le sont tout autant.

Quant à ceux du G20, pour utiles qu'ils soient, il est encore trop tôt pour en apprécier et la portée réelle et l'efficacité sur le système financier international à long terme.

Pour autant, il manque encore dans le paysage des institutions internationales et multilatérales une ou des enceintes réellement en mesure de repenser les questions de sécurité en des termes à la fois systémiques et globaux sur le modèle de ce que propose le Global Risks Network, en préalable à la tenue des fora économiques mondiaux de Davos, et de créer les conditions les plus favorables pour que cette nouvelle approche englobante de la sécurité soit mise au service du développement et de la stabilité internationale (cf. à cet égard Mettre la sécurité au service du développement en la repensant de manière systémique (nouvelle édition) - première partie - ainsi que Mettre la sécurité au service du développement en la repensant de manière systémique (nouvelle édition) - seconde partie -).

Il y a là un chantier essentiel à inscrire à l'agenda international.

La France s'y emploie sans relâche, par étapes successives, comme en a attesté l'inscription dans l'agenda de Doha, sur son initiative, des questions systémiques ou encore la variété des sujets abordés alors des travaux entrepris sous sa présidence du G20. 

Elle s'y est employée en parvenant, avec l'appui de son indispensable partenaire allemand, à doter l'Union européenne d'instruments institutionnels et politiques indispensables à l'émergence des premiers instruments d'une certaine forme d'autonomie stratégique (mise en oeuvre opérationnelle de la coopération structurée permanente, mise en place d'un premier fonds européen dédié à la défense, etc.).

Elle s'y est encore employée de manière remarquée lors de sa présidence du G20 du Biarritz à l'été 2019.

Elle s'y emploie également lorsqu'elle cherche à nouer un nouveau partenariat stratégique avec la Russie (cf. ).

Cet article a été publié une première fois sur ce blog le 27 octobre 2009 sous une version quelque peu différente.    

Voir également sur ce blog :

 * La gouvernance mondiale est-elle au service de l’intérêt général global ? par Joseph Stiglitz - nouvelle édition -

 * Penser la stratégie signifie aujourd'hui penser et agir de manière à la fois globale et systémique - nouvelle édition -  

 * Europe is failing to shape the global governance debate, by Pedro Solbes & Richard Youngs (europesworld.org)

 

 

 

 

 


 

 

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