A quel moment va-t-on renforcer la sécurité monétaire de l'euro et la sécurité économique et financière de la zone euro ? (nouvelle édition)
Alors qu'une fois encore, la " main invisible " des marchés se manifeste sur l'Europe en attaquant sa
monnaie et son économie en parvenant peu ou prou à ses fins là où les protections sont les plus faibles, nul n'évoque vraiment la nécessité et l'urgence de renforcer à la fois la sécurité
monétaire de l'euro et la sécurité économique et financière de la zone euro
!
Or, comme le souligne Jean-Claude Trichet (cf. La politique monétaire européenne :
principes, résultats et questions actuelles, par Jean-Claude Trichet) : " Aujourd’hui, l’euro – la monnaie unique des Européens – est un élément essentiel de la politique
économique européenne. Mais l’euro est beaucoup plus que cela. Il symbolise l’unité profonde des Européens. Il est aussi un emblème d’une possible future souveraineté politique
européenne. Il faut prendre toute la mesure de la difficulté de la tâche que les Européens
s’étaient assignée en créant la monnaie unique. D’abord, il leur fallait tout créer à partir de rien – institutions, monnaie, concept stratégique – et faire d’emblée de la nouvelle monnaie une
entité au moins aussi crédible que la ou les meilleure(s) des anciennes monnaies. Et, ensuite, il leur fallait être sûr que leurs choix étaient optimaux dans le contexte d’une économie
continentale en changement structurel permanent du fait même de l’intégration économique et monétaire européenne, donc dans un environnement comportant un degré significatif d’incertitude
supplémentaire par rapport aux autres économies comparables et, en particulier, aux États-Unis. "
Pourquoi a-t-on voulu doter la politique monétaire européenne d'un concept stratégique sinon, d'une part, pour
permettre la cohérence de l’analyse économique en la recoupant avec l’analyse monétaire, notamment au sein de l'Union économique et monétaire qui est animée par une double dynamique : son
pilier économique et son pilier monétaire (4ème orientation), et, d'autre part, pour apprécier les effets complexes des chocs et ne pas « surréagir » dans le cas de chocs ne
comportant pas nécessairement d’effets de moyen terme, en plaçant la stratégie monétaire dans une perspective de moyen terme (2ème orientation) ?
Eu égard aux difficultés considérables que connaissent aujourd'hui plusieurs pays
ancrés dans la zone euro (notamment la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Irlande) entraînant avec eux dans des difficultés supplémentaires dont aucun ne sortira indemne, ne serait-il
pas de bonne politique que de s'interroger sur la pertinence du concept stratégique actuel, ou tout au moins, sur la suffisance de ses orientations pour apporter les indispensables
garanties de sécurité, les mesures de confiance et les mesures de réssurance indispensable à l'euro comme à la zone euro dans une période propices à la superposition de crises systémiques
mulitples ?
Dès lors, on peut s'interroger sur l'absence
dans le plan de sortie de crise proposé par le président permanent du Conseil européen, M. Van Rompuy (cf. Le plan de sortie de crise de M. Van Rompuy) de dispositions relatives au renforcement de la sécurité monétaire de l'euro et de la sécurité économique et financière de la zone euro
!
Il ne suffira certainement pas de travailler à
l'adaptation des conditions institutionnelles (comme le Pacte de stabilité et de croissance, la quatrième selon la classification proposée par Jean-Claude Trichet) à l'objectif de sortie de
crise économique et sociale, pour que l'euro et la zone euro ne sorte pas trop affaiblis de cette période crisogène exceptionnellement déstabilisante où ni la croissance ni l'emploi ne
sont au rendez-vous !
Au-delà des facteurs conjoncturels de
cette période, il y a incontestablement des insuffisances de nature systémique et/ou structurelle qu'il est devenu urgent d'affronter, en responsabilité et en toute transparence,
deux autres dimensions clé de la stratégie monétaire européenne.
L'Union européenne, et notamment l'Eurogroupe, ont plus que jamais besoin de se penser et d'agir en acteur global cohérent au sein d'une économie mondiale qui est explosive (cf. Economie et finance mondiales : Etat des lieux, perspectives et
prospectives ! ; Six questions pour comprendre les marchés des changes (Le Figaro) - nouvelle édition - ainsi que Dollar contre euro : la bataille d'Athènes) ! Un acteur
qui ne se contente pas de déclarations, de mesures normatives et d'instruments généreusement ouverts à tous ses partenaires, notamment à ceux qui ont le privilège de jouir du statut de partenaire
stratégique et/ou du régime du " tout sauf les institutions " ! Un acteur qui se pense et agit en Union politique et stratégique mue par des buts ambitieux, des objectifs clarifiés et pérennes,
des principes et des valeurs à la fois partagés et respectés, et des intérêts clairement identifés qui ne se diluent pas dans la grande bleue dès les premiers orages (cf. à cet égard les articles
suivants : De la
notion de 'concept stratégique" dans le domaine de la politique monétaire ainsi que Les trois phases de l'Union économique et
monétaire)!
Autant il est nécessaire de repenser
et de consolider l'Union économique et monétaire, autant il est devenu indispensable de l'articuler sur une Union politique et stratégique cohérente elle-même bâtie, à l'image de l'UEM, sur
des conditionnalités institutionnelles et des orientations d'un concept stratégique irréductibles (cf. à cet égard l'article à venir intitulé : Plaidoyer en faveur du développement d'une Union politique et stratégique - UPS - selon un schéma analogue à - et en articulation avec - celui qui a prévalu pour l'édification
de l'UEM ).
Les batailles viennent d'être engagées sur plusieurs fronts !
Toutes ne seront pas perdues !
Mais à la condition
qu'aux mots soit enfin préférée la chose (Voltaire) !
Voir également les articles suivants :
* Protocole n°12 sur la procédure concernant les déficits excessifs
* Protocole n°13 sur les critères de convergence
* Protocole n°14 sur l'Eurogroupe
Ou encore :
* UEM : Etablir des instruments
supplémentaires n'est pas suffisant ! Il faut aller plus loin tant au niveau doctrinal que sur le plan institutionnel ! - première partie -
Cet article a été publié une première fois sur ce blog le 5 mars 2010