AESD : L’Ambassadeur KOVÁCS juge « inacceptable, illogique et irresponsable » la situation de blocage politique entre l’UE et l’OTAN
L’impasse politique à laquelle ont abouti l’UE et l’OTAN paralyse les deux organisations : c’est « un luxe que nous ne pouvons nous offrir » et qui ne saurait « se prolonger plus longtemps », a déclaré ce jeudi M. Istvan KOVÁCS, Représentant permanent de la Hongrie auprès du Conseil de l’Atlantique nord.
S’adressant à l’Assemblée au nom de la présidence entrante de l’UE, il a jugé la situation « inacceptable, illogique et irresponsable », car ce blocage empêche la communauté transatlantique, qui compte 850 millions de personnes et s’appuie sur les mêmes valeurs et intérêts et dont les membres sont en partie les mêmes, de « réaliser pleinement son potentiel ».
M. KOVÁCS a ajouté que la Hongrie allait faire le nécessaire, pendant sa présidence, pour que « des mesures soient prises et que des concessions soient faites réciproquement » par le Secrétaire général de l’OTAN et la Haute Représentante de l’UE.
Dans un discours de grande portée, il a souligné l’importance d’apporter des réponses communes en matière de politique de sécurité et de défense commune (PSDC), en cette période post-Lisbonne, tout en précisant que les nouvelles « dispositions et institutions n’engendreront pas d’elles-mêmes la volonté politique nécessaire pour les mettre en oeuvre ». « L’impulsion doit venir de nos dirigeants politiques et des parlements nationaux. Ils doivent faire preuve de créativité, d’audace et d’une certaine capacité d’anticipation – en bref d’un véritable leadership ».
Soulignant les priorités de la présidence hongroise, qui entend jouer un rôle constructif, dans les domaines de la PESC et de la PSDC, il a ajouté que le premier partenaire de l’UE sur la scène internationale était les Etats-Unis et que le partenariat stratégique UE-OTAN était « indispensable pour relever avec succès et de façon concertée les défis sécuritaires, traditionnels ou nouveaux ».
En ce qui concerne la PESC, 2011 pourrait être « une année décisive » pour les Balkans occidentaux à condition que l’UE maintienne sa politique d’élargissement et que la Hongrie concentre son attention sur la Politique européenne de voisinage (PEV), sur la PSDC, les Balkans occidentaux et les relations transatlantiques. Le prochain sommet du Partenariat oriental dans le cadre de la PEV se tiendra à Budapest en mai prochain.
M. KOVÁCS a déclaré, à propos du développement des capacités européennes, que les priorités de la présidence seraient une coopération étroite avec l’Agence européenne de défense (AED) et la conclusion de « traités de défense » sur le modèle de ceux signés récemment entre la France et le Royaume-Uni. Il s’agit là d’un « développement majeur qui peut être considéré également comme un bon exemple de mutualisation des capacités » – seule solution pour les petits et moyens pays de l’UE.
Un autre objectif essentiel pour le premier semestre 2011 doit être la réalisation de synergies « par une coopération plus étroite et une interaction entre les différents acteurs et éléments de la PSDC civile et militaire ». C’est un « défi majeur à relever au semestre prochain ». L’Afrique devient un théâtre de plus en plus important pour la PSDC, et les opérations civiles et militaires de gestion de crise qui s’y déroulent prouvent ce nouvel engagement.
A propos des initiatives multinationales dont la portée dépasse l’UE, il a évoqué la capacité stratégique aéroportée qui implique le déploiement, sur la base de Pápa en Hongrie, de trois avions C-17 et est mise en oeuvre par douze pays alliés de l’OTAN et deux pays de l’UE non membres de l’OTAN (la Suède et la Finlande). Sur ces douze alliés, deux ne sont pas membres de l’UE (les Etats-Unis et la Norvège), a-t-il précisé. Répondant à une question posée par un parlementaire, M. KOVÁCS a déclaré qu’il se féliciterait du déploiement supplémentaire de deux ou trois A400M à Pápa, à condition que d’autres pays se joignent à cet effort de coopération.
A propos de la fermeture de l’UEO en juin prochain, l’Ambassadeur a salué l’oeuvre remarquable accomplie par l’AESD au fil des ans ; nous devrons raconter son histoire « à nos enfants et petits-enfants », a-t-il conclu.