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Publié par Jean-Guy Giraud et Patrice Cardot

M. Herman Van Rompuy est opportunément intervenu lors du somment franco-africain du 7 décembre à l'Élysée - sommet extraordinairement placé entre deux interventions armées françaises en Afrique (Mali/Centre Afrique) (cf. Intervention du Président du Conseil européen Herman Van Rompuy à l'issue du sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique (Paris, le 7 décembre 2013) ).

 

Le Président du Conseil européen a notamment rendu hommage "à l'intervention française en soutien aux forces africaines au Mali" - mais a aussi déclaré que , dans ses interventions armées en Afrique, "la France est, souvent, précurseur ou leader des actions européennes".
Il a également rappelé le rôle de l'UE dans la résolution des crises et la stabilisation en Afrique : aide financière, humanitaire, technique (formation des forces armées et de police). Il a enfin mentionné les opérations limitées de type militaire entreprises par l'UE, ou en son nom, au Congo, au Tchad ou même au Mali. 
Toutefois, M. Van Rompuy n'a pas fait d'allusion aux compétences de plus grande envergure dont dispose l'Union en matière de sécurité et de défense - compétences très précisément définies par les articles 42 à 44 du Traité sur l'Union Européenne. 
Rappelons que - en résumé - ces dispositions permettent au Conseil de confier à un État ou à un groupe d'États membres la mission de mener - au nom de l'UE - des missions militaires extérieures de maintien de la paix (cf. Centre Afrique) ou de lutte contre le terrorisme (cf. Mali). En clair, les interventions militaires françaises au Mali ou en Centre Afrique auraient pu - légalement - faire l'objet d'une décision européenne et pas seulement française; elles auraient pu être menées en coopération directe et immédiate avec d'autres États membres sous les formes appropriées (appui diplomatique, financier, logistique et militaire). 
Les bénéfices politiques et matériels de telles opérations communes paraissent évidents. 
La France n'a pas intérêt - en tant qu'ancienne puissance coloniale conservant des intérêts économiques particuliers dans certains pays africains - à apparaître comme le seul État instigateur et maître d'oeuvre de ces interventions. Le poids politique de l'UE - notamment par le biais de sa politique d'aide au développement qui prend progressivement le relais de celle de ses États membres - est logiquement en voie de dépasser celui de chacun de ces États pris isolément vis à vis des pays africains comme de la communauté internationale. Les motivations - et donc la légitimité et l'autorité - d'opérations de maintien de la paix menées par l'UE seront moins sujettes à caution. 
Il reste évidemment à l'UE de renforcer politiquement et matériellement ses propres processus décisionnels et opérationnels d'action sous les articles 42 à 44 du Traité. Ce devrait être - vu les circonstances - l'objet principal du Conseil Européen sur la défense des 19 et 20 décembre prochains - lequel sera suivi, en Avril 2014, du sommet Euro-Africain.
En résumé, M. Van Rompuy a certainement eu raison de considérer que "la France est, souvent, précurseur ou leader des actions européennes" en matière d'interventions en faveur du maintien de la paix en Afrique; il ne lui aura toutefois pas échappé que quelques obstacles - surmontables - demeurent encore sur la voie d'une inévitable européanisation de ces interventions. Dès lors, ses propositions - à la veille de son départ du Conseil européen - pour renforcer les capacités politiques et matérielles de l'UE en la matière sont attendues avec intérêt dans les tous prochains jours.
 
Voir également :        

 

 

 

 

 

 

 

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