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Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

Al Qaïda accroît son emprise dans l'ouest de l'Irak, par Suadad al-Salhy (Reuters)

BAGDAD (Reuters) - Dans le désert de l'ouest de l'Irak proche de la frontière syrienne, un panneau signale dans un paysage de sable et de rocailles qu'on pénètre dans "l'Etat islamique en Irak et au Levant" (EIIL), une entité affiliée à Al Qaïda.    

Cette scène, diffusée en novembre sur des sites internet djihadistes, témoigne de la volonté des combattants d'Al Qaïda d'instaurer un Emirat islamiste.

Ces combattants multiplient depuis trois mois les attaques contre des cibles stratégiques dans une partie de l'ouest de l'Irak pour donner une réalité à cet Etat jusqu'ici virtuel, s'accordent spécialistes des questions de sécurité et analystes.

"Al Qaïda croit que cette région a des liens distendus en matière de sécurité et de société avec le pouvoir central de Bagdad, d'où sa tentation de la couper de l'Irak", déclare Hachim al Habobi, un analyste indépendant. "C'est l'objectif de ces attaques".

Al Qaïda s'est emparé de la majeure partie du pays sunnite irakien après l'intervention anglo-américaine de 2003 visant à renverser Saddam Hussein. Les forces américaines et leurs alliés irakiens ont fini par repousser les islamistes au terme de combats acharnés lors du "surge" de 2006-2007.

Mais aujourd'hui, les combattants ambitionnent de prendre le contrôle des villes et de concrétiser leur rêve d'un Etat soumis à la "charia" (loi coranique).

UN "CALIFAT" TRANSCENDANT LES FRONTIÈRES

Ils ont rallié les rangs de puissants groupes qui se battent en Syrie voisine contre le régime du président Bachar al Assad et visent à créer un "califat" transcendant les frontières des Etats contemporains.

"Ils veulent établir leur propre Etat sur le terrain. L'idée d'un Etat existant dans le monde virtuel ne leur suffit plus", explique un haut gradé de la police fédérale qui a assisté à des interrogatoires de détenus d'Al Qaïda à Bagdad.

Selon lui, l'armée irakienne a déjoué fin novembre un complot ourdi par l'EIIL pour s'emparer de localités frontalières proches de la Syrie dans la province occidentale d'Anbar et de ses principales villes, Ramadi et Falloudja.

Ce complot a été anéanti grâce à un raid lancé contre un camp dans le désert d'Anbar deux jours avant sa réalisation.

La conspiration prévoyait des attaques de kamikazes à pied et à bord de véhicules, des tirs de roquette contre des commissariats de police, un centre d'opérations de l'armée couvrant quatre provinces de l'ouest et du nord de l'Irak ainsi que des édifices publics à Ramadi et dans d'autres villes de l'Ouest, a précisé ce responsable de la police.

Pour Hachim al Habobi, Anbar et la ville voisine de Mossoul sont considérées par l'EIIL comme étant au coeur d'une zone plus vaste susceptible d'être conquise sur le pouvoir central et aussi de servir de refuge pour circuler avec plus de liberté en provenance et à destination de la Syrie en guerre.

La montée en puissance de l'EIIL et de ses alliés en Syrie a déjà remodelé le conflit et obligé les pays occidentaux à repenser leur soutien aux insurgés anti-Assad.

DEUX "WILAYAS" DANS LE DÉSERT

L'EIIL, qui a annoncé sa formation en début d'année à partir de groupes préexistants, opère des deux côtés de la frontière même si on ne sait pas avec certitude le degré de coordination de leurs activités.

L'organisation a créé deux zones désertiques baptisées "wilaya", ou préfecture: l'Etat d'Al Djazira-Nord basé à l'extérieur de Mossoul, et l'Etat d'Al Djazira-Sud, dans le désert d'Anbar.

Ces "wilayas" abritent des camps, des oasis, des QG opérationnels et des dépôts de munitions, dit-on de sources proches de la sécurité.

Al Djazira veut dire "île" en arabe.

Les combattants de l'EIIL contrôlent les villages, les oasis, les pâturages et les vallées dans ces secteurs où l'armée irakienne dispose de cantonnements éparpillés dans le désert.

Le chef de la diplomatie irakienne, Hochiar Zebari, évalue à 12.000 le nombre de combattants de l'EIIL, un chiffre englobant à la fois la Syrie et l'Irak.

"C'est un phénomène toxique et le jour viendra, Dieu nous en garde, où il y aura un autre Emirat islamique hors de contrôle", s'est ému le ministre lors d'une conférence sur la sécurité organisée cette semaine à Bahreïn.

Voir également : Retour sur images : « L’Irak s’oriente de plus en plus vers une catastrophe. » (affaires-strategiques.info - février 2013)

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