Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !
3 Janvier 2014
Le président François Hollande surprend les observateurs politiques autant que les agents économiques et les citoyens en affichant depuis la fin de l'année 2013 un visage nouveau, résolument marqué par un volontarisme à tout crin autant que par un programme et une méthode de gouvernement pour l'année 2014 qui lui confèrent une autorité de compétence qui avait peu à peu fini par être profondément égratignée par des maladresses gouvernementales et des erreurs de communication au point de ruiner sa côté de popularité !
Lors de son intervention télévisée à l'occasion des voeux de fin d'année, François Hollande a affiché une volonté de rompre avec la doxa socialiste traditionnelle en affichant un ancrage très net dans la voie du social-libéralisme (cf. à cet égard Retour sur les fondements théoriques du "social-libéralisme" - Crise, renouveau et limites de la social-démocratie, par Jean Lojkine ainsi que Retour sur images : Le social-libéralisme est-il le logiciel de pensée de la gauche hollandaise par conviction ou par défaut ? Entretien avec Michel Rocard (Atlantico.fr) ), un social-libéralisme manifestement assumé qui met mal à l'aise autant la grande majorité de son électorat de la gauche française que le personnel politique du centre et de la droite dite républicaine qui se voient l'un et l'autre soudainement dépossédés des pistes de réformes indispensables à la France qu'ils n'avaient pas su, ou pas voulu, mettre en oeuvre quand ils étaient aux commandes de l'Etat il y a encore peu de temps !
Naturellement, aux engagements pris devront succéder les actes, des actes convainquants qui traduisent dans les faits les promesses tenues.
C'est là que le changement de méthode de gouvernement, par un recours accru aux décrets et aux ordonnances (cf. Pour "faire avancer les dossiers", Hollande demande de moins recourir au Parlement (Francetvinfo)), prend un sens tout particulier, qui participe à accréditer la sincérité de cette volonté affichée !
Naturellement, c'est la nature présidentielle du régime de la Vème République qui favorise l'exercice d'une plus grande autonomie de décision et d'action au niveau du président de la République, en même temps qu'elle participe à déposséder la représentation parlementaire de ses marges de manoeuvre et de débat.
Fallait-il en arriver là, au risque de mettre en péril le soutien politique de sa base électorale, par nature peu encline à l'exercice solitaire de la responsabilité gouvernementale ?
Si l'on en juge aux recommandations formulées en 2013 par l'OCDE à l'égard de la compétitivité de la France (cf. France : renforcer la compétitivité est essentiel pour relancer l’emploi et la croissance (Rapport OCDE)), aux notations émises par les agences de notation financière, quoiqu'on puisse en penser par ailleurs, ainsi qu'aux propos acerbes tenus par des grands dirigeants européens à l'égard des difficultés rencontrées par la France pour mener à bien ses réformes structurelles et retrouver l'indispensable chemin d'une croissance juste, durable et équitable, un sursaut significatif était nécessaire !
Il est intervenu en paroles !
Donnons en acte au président de la République et croisons les doigts pour que les réformes ambitieuses annoncées n'accouchent pas de réformettes comme sous les mandatures précédentes, ou pis encore, de réformes aux effets plus dévastateurs encore comme peut le faire craindre le projet de loi de décentralisation qui, au lieu de simplifier, complexifie un peu plus le paysage ....
En même temps, restons vigilants car le pari est osé ... et périlleux !
Car recourir à la voie des décrets et des ordonnances requiert d'être particulièrement bien entouré ... et de n'avancer qu'après avoir entrepris des mesures d'impact sérieuses de ce que l'on a décidé d'inscrire dans le marbre !
Il ne faudra donc pas confondre vitesse avec précipitation, décision avec dérision !
Gouverner, ce n'est pas jouer aux dés ou au poker !
Si ce pari est gagné, et il le faut, même si ce sera difficile (cf. notamment à cet égard La réduction des écarts de compétitivité entre les Etats membres de l'UE ne va-t-elle pas se faire au détriment de ses champions et/ou du modèle social européen ? ) alors nous pourrons reconnaître à François Hollande qu'il a compris le message de Winston Churchill qui affirmait : Un homme politique considère la prochaine élection ! Un homme d'état considère la prochaine génération ! (Winston Churchill)
Peut-être, s'agissant de François Hollande, l'homme politique considérant les prochaines élections s'est-il senti dans l'obligation de revêtir le costume de l'homme d'Etat qu'il a manifestement la volonté de devenir !