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Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

De l'impuissance ! (nouvelle édition) - seconde partie -

Pour la première partie de cet article, voir : De l'impuissance ! (nouvelle édition) - première partie -

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Le socle d'analyse à partir duquel doit être opéré un tel réexamen doit être à la fois approfondi et élargi à d'autres dimensions essentielles de la sécurité.
Le nouveau contexte 'paradigmatique' faisant apparaître des causalités plus fondamentales que les seules contraintes géopolitiques, il est indispensable de construire un nouvel instrument d'analyse, ad hoc, qui ne se réduise pas à la géopolitique. Il ne s'agit pas seulement d'approfondir les dynamiques actuelles en matière de Sécurité, de nature essentiellement instrumentale et fonctionnelle, mais, bien davantage, de les inscrire dans une dynamique politique plus globale qui permette d'embrasser l'ensemble des contenus politiques, stratégiques, sécuritaires et démocratiques des défis posés à l'Europe.
 
Cet instrument d'analyse doit embrasser l'ensemble des problématiques attachées aux différentes natures de traitement des risques systémiques et/ou globaux autant que de leurs intercorrélations (cf. à cet égard, notamment, les  éléments d'analyse de l'OCDE relatifs aux risques systémiques émergents, ou à ceux élaborés dans les grandes enceintes internationales en charge de la régulation multilatérale ou internationale (G8, G20, FMI, OMC, Banque mondiale, OMS, FAO, OIT, ..., Global Risks Network qui est associé au Forum économique mondial de Davos) tout en en vérifiant la pertinence au fond).
Il doit tenir compte de la volonté nouvelle, qui est consacrée dans le traité de Lisbonne, de mise en articulation et en cohérence de l'ensemble des politiques et actions de l'Union ayant un impact en matière stratégique et/ou sécuritaire ; une volonté qui se manifeste d'abord par le fait que l'Union respecte les principes et poursuit les objectifs généraux assignés à son action extérieure dans l'élaboration et la mise en œuvre de cette dernière dans tous les domaines qu'elle couvre, ainsi que de ses autres politiques dans leurs aspects extérieurs, et par le fait que, plus largement, l'Union veille à la cohérence entre les différents domaines de son action extérieure et entre ceux-ci et ses autres politiques ; une volonté qui se manifeste également par le fait que, dans le cadre des principes et objectifs de son action extérieure, l'Union conduit et met en œuvre une politique étrangère et de sécurité commune - la PESC - fondée sur un développement de la solidarité politique mutuelle des Etats membres, sur l'identification des questions présentant un intérêt général et sur la réalisation d'un degré toujours croissant de convergence des action des Etats membres.

Dès lors, affirmer que « L'action de l'Union sur la scène internationale continuera d'être guidée par la stratégie européenne de sécurité » n'est pas neutre du point de vue de l'articulation de la SES vis-à-vis d'autres politiques et actions de l'Union qui relèvent de son action extérieure telles que la politique commerciale commune, la politique de coopération économique, financière et technique avec les pays tiers, la politique de voisinage, la politique de coopération au développement, la politique d'aide humanitaire, la clause de solidarité, les accords internationaux ou les mesures restrictives à l'égard de tiers ; politiques et actions qui comportent toutes tantôt une dimension stratégique, tantôt une dimension sécuritaire, qui rend possible le développement dans leur cadre spécifique d'initiatives susceptibles d'avoir des implications - directes ou indirectes - pour la sécurité de l'Union et/ou pour la sécurité intérieure, la sécurité nationale ou la défense de ses Etats membres.

Par ailleurs, les protagonistes de son élaboration doivent s'attacher scrupuleusement à préconiser des orientations et des options compatibles avec celles contenues dans les documents doctrinaux relatifs à la sécurité nationale et à la défense établis aussi bien par les Etats membres de l'Union que par les principaux acteurs de la sécurité internationale tels que les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde ou le Japon.

La question de la définition d'une véritable stratégie européenne des moyens (et des capacités) peut-elle figurer à l'ordre du jour d'un nouveau réexamen ? C'est là un point fondamental qui suscite des attentes fortes, comme en témoigne notamment la position du Parlement européen en la matière.

La question de la dissuasion nucléaire concertée doit-elle, pourra-t-elle, y être abordée dans un contexte global qui conduit certains grands experts internationaux, tels qu'Ariel Levite, à envisager comme probable l'émergence d'une quatrième ère nucléaire d'ici 2010- 2012 ? Probablement pas, ne serait-ce que parce que trop d'hésitations se font jour sur le cap à prendre en pareille matière tant au sein de l'Otan qu'au sein des Etats européens membres des deux organisations, comme en témoigne les divergences qui opposent les options préconisées par le Président Jacques Chirac au terme de son dernier mandat, par le Président Nicolas Sarkozy au début du sien, ou encore celle exposée dans le rapport « Towards a Grand Strategy for an Uncertain World / Renewing Transatlantic Partnership » évoqué supra.

Quoi qu'il en soit, un nouveau réexamen de la SES constitue un rendez-vous stratégique pour l'Union politique.
Ne serait-ce que parce qu'il sera l'occasion pour les membres de l'Union européenne de dépasser leurs querelles conjoncturelles sur les grands dossiers économiques et monétaires pour se projeter vers un avenir qui ne sourira qu'à ceux qui auront su surmonter leurs propres difficultés pour ouvrir un nouveau chapitre du livre d'Histoire contemporaine où l'Union européenne prendra toute sa place comme partenaire global d'acteurs stratégiques qui pèseront de plus en plus sur le cours des évènements du XXIème siècle.

Mon optimisme autant que la force des évènements me conduit à croire en l'émergence prochaine d'une forte volonté commune des autorités nationales et européennes qui auront la lourde responsabilité de présider à la destinée d'un tel exercice de parvenir à atteindre le niveau élevé d'ambition qu'elles doivent rapidement se fixer en la matière.

La révision du concept stratégique de l'OTAN entreprise en novembre 2010  comme les solutions qui en découleront en terme de couplage - ou de découplage - des objectifs, missions et capacités respectifs de l'OTAN et de l'Union européenne sur le double registre de la Sécurité et de la Défense collectives, constituent des enjeux fondamentaux non seulement pour le devenir de la PESC et de la PESD (devenue entre-temps la PSDC lorsque le traité de Lisbonne sera mis en oeuvre), mais également, pour le contenu du volet intérieur du projet politique européen ainsi que pour la prospérité de l'économie européenne au sein de laquelle l'économie de la Sécurité occupe une place à part.
  

Peut-on envisager pour autant que l'Union européenne soit aujourd'hui en mesure de définir le concept stratégique de sa politique de sécurité lors du prochain réexamen de la SES ?
Cela me parait très peu probable eu égard aux effets désintégrateurs de la multiplication des dissensions politiques internes d'une Union européenne qui a pris le risque de poursuivre ses élargissements à un rythme et selon des modalités qui se sont révélés incompatibles avec un véritable approfondissement politique.

Dans l'hypothèse où, malgré tout, il serait décidé, le nouveau réexamen de la SES devra être conduit avec la volonté la plus ferme : 
  - de donner un nouvel horizon au processus d'intégration de façon à :
 
      • mieux caractériser et mieux affirmer ce qu'est, en termes de contenus, d'héritages, de valeurs, d'aspirations, de promesses, de volontés et d'exigences, l'identité européenne dans ses ressorts et déterminants politiques, stratégiques, sécuritaires et juridiques,
 
      • remobiliser les énergies, les expertises et les volontés afin de poursuivre le processus d'approfondissement politique de l'Union autour de priorités incontestables,
 
      • remettre le citoyen de l'Union en son coeur, à la fois comme sujet, acteur, passeur et investisseur, et comme objet et finalité première de l'action politique, a fortiori lorsque celle-ci a trait aux questions sécuritaires ; car le citoyen constitue le lien en même temps que l'acteur et l'objet naturels entre « Sécurité intérieure » et « Sécurité extérieure », deux notions qui, à travers lui et pour lui, ne se manifestent qu'au travers d'une ‘Sécurité globale' ; un citoyen en quête d'identification à cette Union qui oeuvre d'ores et déjà en son nom et à son service au travers des politiques communes menées dans les domaines politiques fondamentaux pour lesquels elle dispose d'une compétence qu'elle exerce en responsabilité,
 
   • apporter des réponses claires aux questions centrales restées jusqu'ici sans réponses lisibles par les opérateurs de la base technologique et industrielle européenne essentielle à la politique de Sécurité de l'Union, afin qu'ils disposent d'orientations suffisamment cohérentes et stables pour éclairer leurs choix les plus stratégiques,
 
   • et offrir au Conseil européen les éléments d'analyse et d'information qui lui sont indispensables pour définir les objectifs et les intérêts stratégiques de l'Union conformément aux dispositions de l'article 22 TUE du traité de Lisbonne, en clarifiant ce qui distingue en même temps que ce qui lie objectifs et intérêts stratégiques de l'Union, objectifs et intérêts de sécurité de l'Union, d'une part, et, d'autre part, ce qui distingue ainsi que ce qui détermine les domaines de recouvrement éventuel de la politique de Sécurité de l'Union et de la sécurité nationale au sens du traité de Lisbonne.

2009 sera pour les citoyens européens l'année de toutes les vérifications sur les intentions de leurs dirigeants politiques, notamment à l'occasion des différents rendez-vous relatifs aux questions stratégiques et de sécurité, en même temps que celle où ils pourront s'exprimer démocratiquement sur leurs véritables attentes pour la poursuite de l'aventure européenne.
Il appartient donc aux responsables politiques de les rassurer sur la sincérité, la vitalité et la profondeur de leur engagement européen en leur apportant la preuve de leur capacité à ne pas focaliser l'agenda européen pour la Sécurité sur les seuls objectifs de réforme du concept stratégique de l'Alliance atlantique, et à préparer un avenir où l'Union européenne et ses partenaires non européens au sein de cette organisation pourront asseoir leur coopération en matière de Sécurité et de Défense collectives sur des bases conceptuelles, institutionnelles et juridiques nouvelles, vréitablement respectueuses d'un dessein politique de l'Union esquissé d'abord, sinon exclusivement, par les citoyens européens, en conscience et en responsabilité.

 

Voir également à ce sujet :

 - A la recherche d'une pensée et d'une action politiques à la hauteur des défis globaux ! (Nouvelle édition)

 - Dépassons l'approche purement instrumentale pour traiter en Européens les questions de stabilité et de sécurité - nouvelle édition -

 -  Réviser en profondeur la stratégie européenne de sécurité ! De la nécessité et de l'urgence (1)

 - Réviser en profondeur la stratégie européenne de sécurité ! De la nécessité et de l'urgence (2)

 - Où en est l'Union européenne face aux défis globaux ? - troisième partie - (nouvelle édition)

 - OTAN par ci, OTAN par là : l'Union européenne en oublie ses propres ambitions ! - nouvelle édition -

 - Les propositions de la Commission relatives au prochain cadre financier pluriannuel propose un cadre propice à une action extérieure renforcée pour une Union plus politique et plus globale
Cet article a été publié une première fois en novembre 2011.



 

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