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Publié par Paula Raizon

Deux sommets tenus à Bruxelles ont illustré le contraste entre puissantes émergentes mobilisées autour de stratégies d'avenir à court/moyen terme et cette puissance "immergée" qu'est en train de devenir l'Europe, "caporalisée" par ses craintes, ses refus de solidarité interne, ses idées "back to the Thirties" (affaire des Roms, replis identitaires, montée des extrême-droites, etc.), ses nostalgies de vielles comtesses désargentées ...
Le récent sommet UE-ASEM, et surtout le sommet UE-Chine, faisaient en effet penser à ce balancier de l'Histoire si bien analysé par l'historien britannique Arnold Toynbee qui voyait l'Histoire des Civilisations comme une sorte de balancier multiséculaire de puissance entre Orient et Occident.
Les comptoirs de Hong-Kong et Macao, après les concessions de Shang'Haì, sont de retour dans la mère-patrie : maintenant c'est désormais au tour de la Chine de s'offrir des comptoirs en Grèce, des concessions dans les ports portugais et du Sud de l'Italie, ce dernier pays étant près -- par ailleurs -- à offrir à l'Empire du Milieu tous les "compradores" que celui-ci exigera ...
La Chine rachète en grande quantité les dettes souveraines grecques et espagnoles. Pour soutenir l'Euro ? pas seulement ... Pour diversifier son portefeuille d'avoirs monétaires et d'investissements stratégiques ? pas seulement. Pour résorber une partie de l'excès de liquidités que représentent ses immenses réserves de devises ? pas seulement. Pour disposer, le moment venu, de moyens de pressions sur l'Europe comme tout bon créancier? Sûrement, mais peut-être pas exclusivement.
Lorsqu'on constate la courte vue, les lâchetés (petites ou grandes, selon le principe "à chacun selon ses... moyens"), la priorité donnée aux lobbies et aux corporatismes sur le bien commun, comment s'étonner que toutes les analyses prospectives internationales (dont celles de la CIA et du CSIS in "The World in 2025" et "The World in 2040")  prévoient que la part européenne dans le  PIB mondial passera de 30% en 2009 à 9% en 2025/2030 ?  Et que toutes ces analyses concordent pour ne pas incriminer les seules tendances quantitatives ou mécaniques ...?
Comment s'étonner que l'UE soit si peu entendue par ses interlocuteurs qui la voient disparaître des radars internationaux ? 

A la caporalisation de ce qui tient lieu de pensée stratégique aux élites européennes, correspond en effet tout naturellement une provincialisation du continent européen tout entier.    

(Cet article a été publié une première fois le 9 octobre 2010)

 

 

 

 

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