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Publié par Patrice Cardot

Quatre députés européens - Guy Verhofstadt (ADLE), Daniel Cohn-Bendit (Verts), Isabelle Durant (Verts) et Sylvie Goulard (ADLE) - ont lancé le 15 septembre dernier le "Groupe Spinelli", un groupe d'action qui a pour but de " faire progresser l'intégration européenne face à la résurgence des nationalismes " et de " promouvoir le fédéralisme et le post-nationalisme " en Europe.

La motivation et les objectifs du groupe fédéraliste d'avant-garde sont résumés dans un "Manifeste" (http://www.spinelligroup.eu/) qui fustige la tentation croissante des Etats-membres de " privilégier les solutions intergouvernementales plutôt que les solutions européennes " et de " croire en un salut seulement national " pour résoudre les problèmes et défis qui sont pourtant de nature planétaire (voir à cet égard la série d'articles mis en ligne sur ce blog à cet égard, et notamment Où en est l'Union européenne face aux défis globaux ? - première partie - ainsi que les articles suivants).

" A présent, les choses semblent régresser, vers une Union plus lâche qu'étroite, vers une Europe plus nationale que supranationale. Oubliant tout esprit communautaire, les Etats membres laissent leurs intérêts nationaux à court terme brouiller la vision commune (...) Au point de menacer la viabilité de l'euro, le symbole le plus concret de l'intégration européenne ", déplore le Manifeste. (voir également sur ce blog la série d'articles relative à la fragmentation politique de l'Union : De la fragmentation politique d'une Union européenne toujours en quête d'un projet politique clair et d'un leader charismatique (1) - nouvelle édition - ainsi que les suivants).

Le groupe Spinelli s'oppose à cette " tendance régressive et réactionnaire ". " L'Europe a été enlevée par une coalition de politiciens nationaux. Il est temps de la ramener ". Ce n'est pas le moment de ralentir le rythme de l'intégration européenne " mais au contraire celui de l'accélérer ", lit-on dans le Manifeste.

L'objectif déclaré est d'arriver à une " Europe fédérale et post-nationale, une Europe des citoyens " car " seules des solutions européennes et un esprit communautaire ressuscité nous permettrons d'affronter les défis planétaires ", conclut le Manifeste.

Présentant l'initiative à la presse, MM. Verhofstadt et Cohn-Bendit ont annoncé l'intention du groupe d'ouvrir de " nouveaux chantiers " européens, comme par exemple la création d'une armée européenne. " Le moment est venu d'organiser la défense européenne de manière plus efficace " et de rassembler les forces armées, a dit M. Verhofstadt tout en rappelant qu'en Europe, " deux millions " de soldats sont sous les drapeaux dans les Etats-membres alors que les Etats-Unis ne comptent, selon lui, que " 300 000 militaires professionnels "). Il est temps que l'Europe se dote de capacités militaires professionnelles capables d'assurer à l'avenir, par exemple, la sécurité entre Israël et la Palestine une fois qu'un accord sur la création de deux Etats indépendants aura été conclu. Un autre chantier mentionné M. Cohn-Bendit est celui des ressources propres de l'UE de l'UE. Le groupe Spinelli cherchera à constituer une coalition majoritaire de députés prêts à affronter le Conseil (où l'unanimité est requise pour décider la création de cette nouvelle source de financement pour l'UE) et à " aller jusqu'au bout s'il le faut " en bloquant l'adoption du budget 2011 ou le prochain cadre budgétaire pluriannuel (2014 - 2020). La réforme des élections européennes (notamment l'introduction de listes transnationales pour une partie des députés, comme le propose aussi le rapporteur du PE, Andrew Duff) sera un autre chantier promu par le groupe Spinelli, a indiqué M. Cohn-Bendit. " Il faut repenser la manière dont fonctionne l'Europe même si cela nécessite une nouvelle réforme du traité. N'ayons pas peur d'un nouveau débat institutionnel " insiste-t-il.

Le groupe Spinelli repose sur plusieurs piliers :

 - un comité de direction ("Steering group") composé de 33 personnalités européennes parmi lesquelles figurent notamment, outre les quatre eurodéputés cités ci-dessus : Jacques Delors, Mario Monti, Joschka Fischer, Pat Cox, Elamr Brok, Elie Barnavi, Jean-Marc Ferry, Ulrich Beck, Andrew Duff, Danuta Hübner, Tommaso Padoa Schioppa, Amartya Sen et Gesine Scwan ;

 - un groupe de députés européens adhérant au Manifeste ("MEP Spinelli Group") qui lancera et soutiendra des initiatives fédérales au Parlement, notamment en ayant recours à la possibilité de déposer des "Déclarations écrites". Une première réunion du groupe des députés européens est prévue fin octobre/début novembre ;

 - un "Shadow Council" composé de membres du groupe qui se réunira avant certains Conseils européens pour proposer des " réponses véritablement européennes et fédéralistes " aux problèmes que discuteront ensuite les chefs d'Etat et de gouvernement au sommet (la première réunion du "Shadow Council" est programmé pour mars 2011) ;

 - le développement, via Internet, d'un vaste "réseau"ouvert à tous les intéressés de la société civile. Tous les membres du réseau seront invités à l'assemblée générale du groupe Spinelli qui se tiendra chaque année le 9 mai, journée de l'Europe.

 

Source : Agence Europe

 

 

 

 

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