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Publié par ERASME

En ces temps où le sens de la construction européenne est quotidiennement sujette à interrogation, il est important de donner à l’Union une vision stratégique traduite en projets concrets, en matière de réindustrialisation notamment.

L’Europe étant pauvre en matières premières minérales et énergétiques, la compétitivité des unités européennes de production de métal primaire est remise en cause par le poids du coût des matières premières dans leur prix de revient.

Cette situation impacte toute la filière avale. Elle la met en tension, par exemple avec des contrats de fourniture de l’automobile, en acier dont le prix est indexé sur le prix du minerai de fer. L’aval peut même être menacé. Par exemple, actuellement, les fabricants français de fils et de câbles électriques et de communication sont inquiets du risque de disparition du site Rio Tinto de St-Jean de Maurienne (notamment du fait de la part du coût de l’électricité dans la production) qui déstabiliserait leur chaine d’approvisionnements, parce que ce site en représente 50 % et qu’il est le seul à fournir la qualité de fil d’aluminium exigée dans leur domaine.

Gagner en compétitivité pour les producteurs européens, signifie donc, en premier lieu, accroître leur efficience matière et leur efficience énergétique, par la mise en œuvre de nouvelles technologies et de nouvelles organisations du travail, introduisant les notions de compétitivité matière et de compétitivité énergie.

Ces gains d’efficience permettront en outre d’atteindre des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), en concordance avec la lutte contre le changement climatique.

Riche en matière grise et en personnels qualifiés, l’Europe devrait mobiliser ses laboratoires et ses usines dans l’objectif qu’ils gagnent en productivité et en compétitivité, via l’efficience énergétique et l’efficience matière qui sont à leur portée. Par exemple ArcelorMittal Florange a été choisi comme le premier site sidérurgique qui installerait un pilote industriel sur un de ses hauts fourneaux pour le transformer en haut fourneau à gaz recyclé. Un véritable saut technologique issu du programme de recherche Ulcos, conçu comme une technique qui permet de réduire les émissions de CO2 mais également de gagner au moins 20 % de productivité au haut fourneau (de quoi couvrir l’investissement).


La transformation de cette matière grise en emplois qualifiés et en usines compétitives passe par la construction de pilotes industriels « bas carbone » et à « haute efficience énergétique et matière », qui permettent la mise au point expérimentale, puis le développement industriel, de nouvelles manières de produire, notamment par une adaptation des organisations du travail et des métiers à cet objectif. Car qui dit pilotes industriels, dit nouvelle technologie et innovation professionnelle et sociale, qui permettent l’implication de toutes les parties prenantes, notamment des salariés qui doivent faire l’effort d’adapter leurs compétences à ces technologies.

Ainsi, ces nouvelles manières de produire (nouvelles technologies et nouvelles organisations) devraient se conjuguer avec une nouvelle gouvernance de ces pilotes industriels, qui allie actionnaires de long terme, organismes financeurs de toutes natures, représentants des salariés et des syndicats, partenaires sous-traitants et acteurs territoriaux, qui sous une forme ou une autre prennent tous un risque en s’engageant dans un projet novateur et dans un premier temps expérimental.

Ces pilotes industriels à haute efficience (PIHE) constitueraient alors un facteur puissant de différenciation de la France et de l’Europe par rapport aux pays émergents.

La juxtaposition d’objectifs d’intérêt général – la R&D et l’innovation au service de la lutte contre le changement climatique et le développement des emplois et des qualifications sur un territoire donné – justifie un recours temporaire aux financements publics, dans la phase de mise au point.

De tels projets pourraient immédiatement trouver application sur des sites industriels français actuellement menacés, bien que porteurs de compétences industrielles avérées, comme ArcelorMittal Florange (avec le projet ULCOS) ou Rio Tinto St-Jean de Maurienne (avec un projet d’efficience énergétique à construire).

L’apport public au financement de tels projets, s’ils étaient portés par une politique européenne, pourrait légitimement et logiquement provenir du produit de la vente aux enchères des droits d’émission de CO2 qui entrera en vigueur dès 2013.

 

Source : http://www.la-fabrique.fr/Expert/des-pilotes-industriels-a-haute-efficience-en-europe-une-voie-possible-pour-gagner-en-competitivite-en-engageant-un-changement-de-modele-industriel?utm_source=Lettre_novembre_2012&utm_medium=Lettre_novembre_2012&utm_campaign=Lettre_novembre_2012

 

Dominique Gillier est Secrétaire Général de la Fédération Générale des Mines et de la Métallurgie CFDT

Ancien ouvrier de maintenance dans la sidérurgie, il est Secrétaire Général de la Fédération Générale des Mines et de la Métallurgie CFDT (FGMM CFDT), membre du Bureau National Confédéral de la CFDT, membre du Comité Directeur de la Fédération Européenne de la Métallurgie (FEM), membre du Comité Central de la Fédération Internationale des Organisations de Métallurgistes (FIOM).

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