Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !
10 Décembre 2013
Tom Enders, le président d'EADS, avait promis des restructurations « draconiennes »; il a tenu parole. Comme un symbole, c'est en Allemagne, à proximité de l'aéroport de Munich, que le patronde la maison mère d'Airbus a souhaité dévoilerlors d'un comitéd'entreprise européen, lundi 9 décembre, la réorganisation du futur pôle Défenseet Espace du groupe.
Elle passe par la réuniondes divisions défense (Cassidian), espace (Astrium), et d'Airbus Military, l'actuelle filiale d'Airbus qui produit l'avion de transport militaire A400M. Des activités qui emploient environ 45000 salariés et dégagent 14 milliards d'euros de chiffre d'affaires. A cette occasion, EADS sera rebaptisé Groupe Airbus au 1erjanvier 2014.
C'est en Allemagne,où sont situées la plupart des activités de défense, qu'EADS devrait d'abord taillerdans seseffectifs. Au total, le coup de serpe de M. Enders fauchera 5 800 postes en Europe. EADS va proposerdes mesures de reclassement dans sesfiliales Airbus et Eurocopter à hauteur de 1 500 postes, 1 300 contrats d'intérimaires ne seront pas renouvelés et des mesures supplémentaires de départs volontaires seront mises enplace. Le syndicat FO parle d'un millier de suppressions de postes en France.
Un moindre mal par rapport à la rumeur colportantjusqu'à 8 000 suppressions de postes soit 20 % des effectifs dela branche défense et espace, dont la presse allemande s'était fait l'écho fin novembre. Ces chiffres ont provoqué l'indignation du syndicat IG Metall qui a organisé une journée d'actions, assez suivie.
« IL Y A UNE CERTAINE INCOHÉRENCE »
Fin novembre, dans un courrier adressé au premier ministre Jean-Marc Ayrault, plusieurs syndicats français ont estimé « qu'un groupe dont le carnet de commandes est d'environ 650 milliards d'euros (…)doit maintenirl'activité de ses sites ».Ils demandaient à l'Etat, quidétient 12 % d'EADS, d'intervenir.« Il y a une certaine incohérence à fairede telles restructurations, déplorent-ils,mais peut êtreque les difficultés sont à venir».
Depuis l'adoption, au printemps, de la nouvelle gouvernance d'EADS, à l'occasion de laquelle les Etats ont abandonné leur droit de veto, M. Enders ales mains libres pour agir. A la suite de l'échec, à l'automne 2012, de la tentative de fusion avec le groupe britannique BAE Systems, bloquée par Berlin, EADS a redéfini sa stratégie. Plus questions d'équilibrerles activités civiles et militaires. Mais plutôt de dégagerune rentabilité de 10 % pour le groupe d'ici à2015.
Afin de mesurerl'ampleur de l'effort à fournir, il faut rappelerqu'Airbus, qui représente 80 % du chiffre d'affaires dugroupe, dégage une marge de moins de 4 % malgré ses carnets de commandes pleins à craquer. Selon la presse allemande, pour y parvenir, EADS devra économiser690 millions d'euros sur deux ans.
PAS DE LICENCIEMENTS SECSTom Enders, directeur exécutif du groupe EADS, a dévoilé lors d’un comité d’entreprise européen, lundi 9 décembre, la réorganisation du futur pôle Défense et Espace du groupe. | AFP/JOHN
Côté défense, pour compenserla baisse des budgets militaires, « Major Tom » va taillerdans le vif. Mais, il ne devrait pas y
avoirde licenciements secs, seulement des plans de départs volontaires. Les départs en retraite neseront pas remplacés et les contrats à durée déterminée ne seront pas renouvelés. Pour
recasercertains salariés, le groupe européen d'aéronautique et de défense prévoit aussi de recourirà «la mobilité interne ».
Airbus qui recrute 1 500 salariés nets par an laisse déjà entendrequ'il ne serait plus autorisé à embaucherà l'extérieur dès 2014.
Le plan de restructurations du futur pôle défense et espace passe par le regroupement des sites de production. Principalement en Allemagne après que Berlin a revu à la baisse sa participation dans nombre de programmes militaires – plusieurs milliards d'euros de commandes en moins pour l'avion militaire A400M ou les hélicoptères Tigre et le NH90.
VENTE DU SIÈGE PARISIEN
Selon l'hebdomadaire Challenges, le carnet de commandes de Cassidian va sérieusement dégonfler, passant de 48 à31 milliards d'euros d'ici à 2018. Le siège de la société, à Unterschleissheim, qui emploie plus de 1 000 salariés dans la banlieue de Munich va êtrefermé. Le nouveau siège de la branche défense et espace sera transféré à Ottobrunn, en Bavière, dans d'anciens locaux d'EADS.
EADS va aussi « regrouperses activités »dans les autres pays où sont disséminées ses implantations militaires et spatiales. En Espagne, elles seront réunies à Getafe et à Séville où est assemblé l'avion militaire gros-porteur A400 M.Au Royaume-Uni, « les activités seront réunies sur quatre sites»,fait-on savoirchez EADS.
La France n'est pas non plus épargnée. Astrium qui doit faireface à « une réduction des commandesde satellites civils et militaires », déplorent les syndicats, va devoirse serrerla ceinture.
Mesure symbolique, EADS va vendreson siège parisien, boulevard Montmorency (16e) - soit 12 000mètres carrés qui sont valorisés environ 100 millions d'euros.
La majorité des 180 salariés rejoindront le nouveau siège qu'EADS construit aux abords de l'aéroport de Toulouse. En plus des réductions d'effectifs, le groupe prévoit quelques cessions - la fabrication d'hôpitaux de campagne et celle de ponts mobiles.
NDLR Regards-citoyens.com : Outre la perte sèche de ces milliers d'emplois pour les futures générations, reste à chiffrer l'impact sur l'emploi dans les PME et PMI et co-traitants d'EADS dans le domaine des hautes technologies et des technologies de sécurité et de défense.
Le Conseil européen de décembre consacré à la défense en tirera-t-il toutes les conséquences pour que soit mis un terme au
rétrécissement stratégique de l'Union et de ses Etats membres ? Cf. notamment à cet égard l'article intitulé Lettre ouverte appelant à des innovations majeures dans les conclusions du Conseil européen de décembre dédié à la défense
ainsi que les articles auxquels il renvoie.