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Publié par Jean Poche

Ce devait être le point d'orgue international de la présidence Sarkozy. L'actualité internationale en a décidé autrement. La crise grecque a monopolisé, vendredi 4 septembre pour le deuxième jour consécutif, l'attention des pays du G20, et quelque peu minimisé la portée de l'accord conclu à l'arraché en Europe la semaine précédente.

Mais a contrario, elle évite aussi de trop porter le regard sur un sommet plutôt décevant, au terme duquel la France n'a pas atteint les objectifs initiaux qu'elle s'était fixée.

 

Lorsqu'il lance la présidence du G20, le 25 janvier 2011, Nicolas Sarkozy se montre audacieux. Dans son discours d'inauguration, le chef de l'Etat promet : " Notre objectif est d'ouvrir les chantiers de fond qui ne peuvent plus attendre, de façon à être en mesure de présenter des résultats concrets à une opinion publique de plus en plus impatiente ".

Réforme du système monétaire : quelques avancées symboliques. " Nous avons donc un premier objectif : améliorer notre coopération au service de la croissance. Et pour cela nous allons essayer de mettre d'accord tout le monde sur les indicateurs qui permettront d'analyser les déséquilibres persistants ", promettait Nicolas Sarkozy en janvier.

En clair, ce chantier visait à réformer le système monétaire international. En cause, la volatilité des changes, et notamment sur le marché euro/dollars, accusée d'accentuer la crise. La France espérait un nouveau système, qui utiliserait plus fortement les droits de tirages spéciaux, un instrument monétaire créé par le FMI. Le Fonds disposera par ailleurs de crédits renforcés.

Sur ce premier dossier, la France a obtenu un très léger infléchissement de la position chinoise, le communiqué final évoquant une "progression sur la voie de la réforme du sytème monétaire", ou encore l'engagement des Etats d'" accroître la flexibilité des taux de change pour refléter les fondamentaux économiques sous-jacents ".

Taxe sur les transactions financières : renvoyée au niveau européen. Second chantier évoqué en janvier : " la France est favorable à une taxe sur les transactions financières. La France considère que cette taxe est morale compte tenu de la crise financière que nous venons de traverser, que cette taxe est utile pour dissuader la spéculation ".

Ce second objectif n'a que très peu bougé. Si la France a rallié l'Allemagne à l'idée, et si quelques pays, dont l'Espagne, l'Argentine, l'Afrique du Sud ou le Brésil, ont fait par de leur intérêt, aucune avancée concrète n'est à signaler. Nicolas Sarkozy s'est toutefois félicité que le communiqué final du G20 contienne "une allusion explicite" à la taxe. En vérité, l'allusion reste... allusive : " Nous reconnaissons les initiatives prises dans certains de nos pays pour taxer le secteur financier à des fins diverses, dont une taxe sur les transactions financières entre autres pour soutenir le développement ", disent les dirigeants des 20 pays les plus riches du monde. Le chef de l'Etat promet toutefois de " se battre " pour mettre en oeuvre cette taxe au niveau européen " dès le début 2012 ".

Protection sociale universelle : un groupe de travail sur l'emploi des jeunes. Là encore, Nicolas Sarkozy était ambitieux dans ses objectifs : " la France souhaite que nous réfléchissions à la mise en place d'un socle de protection sociale universelle ", promettait-il en janvier.

Au final, les dirigeants du G20 ont convenu que " l'emploi et l'intégration sociale doivent être au cour de nos actions et de nos politiques afin de restaurer la croissance et la confiance ". Mais le communiqué final se borne à mettre en place un " groupe de travail du G20 qui s'intéressera prioritairement à l'emploi des jeunes ", et " encourage l'OIT à continuer de promouvoir la ratification et l'application des huit conventions fondamentales garantissant les principes et les droits fondamentaux au travail ".

Régulation financière : des engagements... sur les mesures de 2008. Nicolas Sarkozy avait aussi rappelé, lors de son discours de janvier, que des " progrès considérables " avaient été accomplis en matière de régulation financière, et notamment sur les paradis fiscaux, dont il avait assuré, en 2008, qu'ils " n'existent plus ".

Il est pourtant revenu sur cette question, vendredi à l'issue du sommet, promettant que les paradis fiscaux seraient " mis au ban de la communauté internationale ". Le chef de l'Etat a assuré que le G20 considérait " moralement comme absolument indispensable que les peuples du monde sachent que les acteurs financiers qui ont conduit le monde dans les travers que nous connaissons seront amenés à contribuer financièrement à la réparation des dégâts qui ont été créés ".

D'autres avancées étaient attendues lors de ce sommet. Mais tant sur la croissance mondiale que sur la gouvernance économique de la planète, sujets chers à Nicolas Sarkozy, ou sur l'Afrique et les pays pauvres le communiqué final se contente de déclarations d'intention sans guère d'avancées concrètes.

 

Voir la communiqué final :  Déclaration finale du Sommet du G20 de Cannes (Cannes, 4 Novembre 2011)


 

 

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