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Publié par ERASME

L'olivier, symbole de paix et d'harmonie, est source de confrontations et de violences dans les territoires palestiniens.

L'automne, saison des récoltes, n'apporte pas aux Palestiniens le réconfort qu'il devrait. Les haines y sont exacerbées, les cultivateurs accusant certains colons israéliens de détruire et voler leurs terres.

Naouaf Taouabteh venait de commencer à ramasser ses olives, début octobre, sur une colline rocailleuse proche de la colonie d'Elon Moreh, quand trois hommes masqués et armés de matraques ont fait irruption dans son jardin, emportant avec eux ses paniers à moitié remplis.

" L'armée devait être là pour nous protéger mais il n'y avait personne. Et ça ne fait qu'empirer ", dit-il, à l'ombre d'un de ses oliviers non loin de Naplouse.

La Cisjordanie abrite quelque dix millions d'oliviers, qui profitent de son climat ensoleillé et recouvrent 45% des terres agricoles de la région.

L'organisation non gouvernementale britannique (ONG) Oxfam estime que la culture des olives représente entre 15 à 19% de la production agricole des territoires palestiniens et rapporte entre 160 et 190 millions de dollars qui font vivre 100.000 foyers.

Mais les attaques de colons ne permettent pas d'en tirer tout le bénéfice. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), une agence de l'Onu, 7.500 arbres ont été déracinés, brûlés ou abattus sur les neuf premiers mois de l'année. Ce chiffre est en augmentation.

Les autorités palestiniennes parlent de 800.000 oliviers disparus depuis la guerre de 1967, lorsqu'Israël a pris possession de la Cisjordanie.

"Pas notre seul problème"

L'armée israélienne, qui s'occupe de la sécurité d'une grande partie du territoire, dit prendre au sérieux sa mission de protection des vergers et se préparer à la saison des récoltes comme à une opération militaire.

Un haut responsable de la sécurité dans la région convient que les comportements de certains colons extrémistes - "un pourcent" - posent problème.

" C'est très dur d'arrêter les vandales. Nous avons dix millions d'arbres ici et on ne peut pas tous les défendre. Ce n'est pas notre seul problème ", dit ce commandant sous le sceau de l'anonymat.

Les Palestiniens mettent en doute la bonne volonté de Tsahal pour défendre les agriculteurs, soulignant que les vandales sont très rarement arrêtés.

L'ONG israélienne Yesh Din affirme que, sur les 127 cas qu'elle a suivis depuis 2005, un seul a été porté devant la justice.

Les 135 colonies - chiffre de l'OCHA -, considérées comme illégales par le droit international, sont souvent mitoyennes de terres cultivées par des Palestiniens depuis des générations.

Les colons craignent eux-mêmes des attaques des Palestiniens et se protègent avec des barrières de sécurité.

L'armée a mis en place des zones tampons et donne aux agriculteurs un laps de temps limité pour se rendre sur leurs terres et procéder à la cueillette, sous leur surveillance.

Cet accès limité empêche les Palestiniens de s'occuper des oliviers comme il le faudrait tout au long de l'année.

Tsahal dit également qu'en raison du manque de soldats, elle ne peut pas protéger tous les cultivateurs au moment du pic de récoltes. Certains doivent cueillir leurs olives plus tôt que prévu.

"Comme un voleur"

Mohammed Shamih, 47 ans, aurait par exemple voulu les ramasser " deux ou trois semaines plus tard " que début octobre, lorsque l'armée l'a laissé se rendre sur ses terres, voisines de la colonie d'Elon Moreh.

" J'aurai 50% d'huile d'olives en moins en les cueillant maintenant, mais mieux vaut ça que tout perdre ", disait-il à l'époque.

Malgré l'aide de nombreux enfants des villages voisins, il n'a pas pu tout ramasser dans le temps qui lui était imparti. " Pour récupérer le reste, je devrai revenir sur mes propres terres comme un voleur. "

Ces contraintes multiples n'empêchent pas toujours la violence. Nizam Qaouarek se souvient avoir été autorisé par les militaires à aller cueillir ses olives, sur son terrain près de la colonie d'Itamar, et s'être retrouvé face à une dizaine de manifestants.

" Ils agitaient des drapeaux israéliens et criaient qu'il ne devait pas y avoir d'arabes ici. Ils nous ont lancé des pierres ", raconte ce Palestinien de 37 ans.

Les habitants d'Itamar justifient leur action par le meurtre de cinq membres de la colonie en mars par deux jeunes Palestiniens.

Ils affirment que les deux tueurs s'étaient servis de la récolte de l'an passé pour espionner la colonie d'Itamar et trouver un moyen d'y pénétrer.

Aux yeux des Palestiniens, les agressions de colons sont un moyen de les pousser à quitter leurs terres.

Maazoza Zaben affirme que les colons ont brûlé 270 de ses arbres à Borin en septembre, laissant une grande tache noire sur la colline.

" Ils veulent nous faire quitter cette terre. Il sera plus facile de nous faire partir si nous n'avons plus nos arbres. Mais ils peuvent me tuer, je ne partirai pas ", dit cette veuve de 58 ans.

 

 

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