Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !
2 Août 2012
La récente signature du traité d’adhésion de la Croatie et les discussions relatives à l’espace Schengen relancent le débat sur les frontières de l’UE et, plus généralement sur les relations qu’elle doit établir avec ses voisins. Ce débat, qui revêt une importante dimension symbolique, doit être abordé sur la base d’une analyse globale, qui intègre à la fois « politique d’élargissement », « politique de voisinage » et gestion des « frontières extérieures » de l’UE.
1 – L’élargissement est un outil stratégique pour l’UE et une perspective mobilisatrice pour nombre de ses voisins
La stratégie d'élargissement a été et demeure un formidable instrument de politique étrangère pour l’UE lui ayant permis de contribuer à la stabilité politique et au développement économique de nombre de ses voisins, notamment en Europe centrale. Elle a en outre débouché sur la constitution d’un espace de 500 millions de citoyens, avec les bénéfices qui en découlent en termes économiques et diplomatiques. Elle ne fait pas obstacle à l’approfondissement des politiques européennes, qui peut être mis en œuvre au niveau de l’UE ou dans un cadre plus restreint (comme on l’a vu pour l’UEM).
La mise en œuvre de cette stratégie d’élargissement n’est sans doute pas parfaite et mériterait d'être ajustée :
Sur cette base, il est possible d’affirmer que la politique d’élargissement n’a pas encore épuisé tous ses effets bénéfiques, notamment vis‐à‐vis des pays des Balkans occidentaux. Quelques autres pays peuvent aussi être appelés à rejoindre l’UE, s’ils en ont les capacités et s’ils le souhaitent – cette remarque valant pour l’Islande comme pour la Turquie. L’essentiel est de rappeler que la politique d’élargissement a d’abord pour but de faire « entrer l'Europe chez ses voisins », et non l'inverse, et qu’elle est à ce titre un outil d’influence très précieux pour l’UE.
2 – « Elargissement » ou non, il est de l'intérêt vital de l'UE de développer une politique de « bon voisinage »
L’UE se doit de fonder ses relations avec ses voisins sur un socle commun d'interdépendances et de valeurs partagées afin de développer la prospérité et l’Etat de droit partout autour d’elle. Dans cette perspective, le printemps arabe lui offre une opportunité historique de renforcer un autre pilier de son action extérieure, à savoir sa « politique de voisinage », en mobilisant plus de ressources aussi bien au Sud qu’à l’Est.
Conformément au principe de « différenciation », l’UE doit octroyer des avantages supplémentaires aux pays s’engageant à s’attaquer à leurs maux récurrents (népotisme, corruption, captation des rentes, etc.), être intransigeante avec ceux qui bafouent les droits fondamentaux, tout en s’efforçant de soutenir les sociétés civiles. La réussite des pays pouvant bénéficier d’un « statut avancé », comme la Tunisie, l’Egypte, l’Ukraine ou la Géorgie, fera figure de test pour l’ensemble des autres pays, mais aussi pour l’UE.
Le règlement des conflits qui menacent la sécurité et la stabilité de régions toutes entières, hier en Libye, aujourd’hui en Syrie, requiert par ailleurs une implication forte de l’UE, qui lui permettra de se constituer en véritable pôle d'influence au niveau international.
Cette politique de « bon voisinage » concerne aussi la Russie, avec laquelle l’UE doit avancer sur la voie d’un partenariat stable et constructif fondé sur l’interdépendance dans des domaines aussi essentiels que l’énergie, le commerce ou la libre circulation des personnes, mais aussi sur la coopération autour d’enjeux sécuritaires majeurs aux frontières de l’UE (Caucase, Syrie, conflit israélo-palestinien, etc.) et au-delà (Iran).
Une politique de « bon voisinage » suppose enfin d’améliorer la coopération établie avec les pays de l’espace économique européen, dont la Suisse et le Lichtenstein, et de s’assurer de sa cohérence avec nos politiques internes, notamment afin de lutter contre l’évasion fiscale.
3 – Une gestion efficace des « frontières extérieures » de l’espace Schengen suppose de mieux coopérer entre voisins
S’en remettre à des pays voisins pour la surveillance de « ses » frontières terrestres ou maritimes suppose un degré à la fois inédit et élevé de confiance mutuelle entre les 26 pays de l’espace Schengen. Il n’est pas forcément étonnant que, en cas de problèmes survenus sur une frontière externe surveillée par tel ou tel pays, ses partenaires puissent lui demander des comptes et réfléchir aux remèdes à déployer.
Pour autant, plusieurs éléments d’analyse doivent être pris en considération :
Source : http://www.notre-europe.eu/fr/le-mot/publication/lue-ses-voisins-et-ses-frontieres/
Voir le document dans son intégralité : UE-Voisins-Frontieres MotNE Mars2012 02
Yves Bertoncini est Secrétaire général de Notre Europe. Email : ybertoncini@notre-europe.eu
Sami Andoura est Chercheur senior. Politique énergétique, Europe et gouvernance mondiale - Relations extérieures de l'Union/Politique étrangère. Email : sandoura@notre-europe.eu