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Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

L'Union européenne confrontée à sa perte de crédibilité et d'influence

Regards-citoyens.com consacre une série d'articles aux difficultés que traversent aujourd'hui l'Union européenne dont la crédibilité s'effrite à un rythme insoutenable. Voir en particulier l'article intitulé : L'Union européenne est-elle encore une puissance normative crédible ?.

Le présent article s'inscrit dans cette série. Il reprend la synthèse proposée par l'Agence Europe des travaux conduits par une trentaine de think tanks dans le cadre du programme de Notre Europe baptisé " Think Global Act European " à l'occasion de la troisième édition de ce forum ; évènement qui s'est tenu à Berlin, sous le pilotage de Notre Europe en collaboration avec la Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) sur le thème " European influence under scrutiny ".

Mesurer l'influence réelle d'un pays ou afortiori d'une entité aussi complexe que l'UE n'est pas chose aisée. Comme l'a souligné le professeur Richard Cooper (Harvard University), le choix d'un critère tel que le nombre de mentions par pays ou d'une région dans la presse et/ou sur Internet peut augmenter considérablement en quelques jours sous l'effet d'un phénomène climatique, d'une compétition sportive, d'une guerre ou encore d'une crise économique ou sociale majeure, sans que celà soit nécessairement déterminant en termes d'influence. Pour lui, l'UE dispose d'une capacité réelle de leadership par l'exemplarité (les succès de l'intégration européenne depuis 50 ans ; l'attractivité exercée par le modèle européen en direction de l'Europe centrale et orientale) et par l'initiative (création de la Cour pénale internationale ; changement climatique ; crise russo-géorgienne ; intervention en Lybie - NDLR Regards-citoyens.com : initiatives dont le moins que l'on puisse dire est qu'elles n'ont pas produit les effets attendus ...). Mais, comme l'ont rappelé d'autres intervenants, l'initiative relative à la Géorgie est plutôt à mettre au crédit de Nicolas Sarkozy (et à la France) qui assurait en 2008 la présidence semestrielle du Conseil européen qu'à celui des institutions de l'UE et l'intervention en Lybie est le fruit d'une volonté franco-britannique (NDLR Regards-citoyens.com : qui n'aurait pas débouché sur un succès militaire sans le concours déterminant des Etats-Unis et des autres Etats membres de l'OTAN, y compris l'Allemagne). Il y aurait dès lors lieu de distinguer l'influence de l'Union européenne en tant que telle de celle des Européens au sens large. Un avis que ne partage pas Volker Perthes, directeur de la SWP, qui observe que celà ressemble fort à l'attitude des gouvernements nationaux qui présentent des actions comme nationales même lorsqu'elles s'inscrivent dans un cadre européen ou dérivent d'une décision prise à l'échelle de l'Union. Les Chinois interpréteraient-ils différemment le leadership selon qu'il serait exercé depuis Beijing ou Shanghaï ? En définitive, ce type d'interprétations ne peut que miner la perception de notre propre influence, estime ce dernier.

Pour autant, on ne peut pas ignorer l'extraordinaire perte de crédibilité à laquelle l'UE est confrontée sur la scène internationale, des suites de la crise des dettes souveraines et de l'euro, comme l'a souligné Pascal Lamy, des dérives intergouvernementales et de la renationalisation de la politique étrangère observées depuis l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, comme l'a souligné Antonio Vitorino, et de l'absence de leadership politique dans l'UE et/ou à la tête des institutions européennes, selon plusieurs participants. Parmi bien d'autres domaines, cette perte d'influence se mesure : 

 - dans le secteur financier (un intervenant a ainsi observé que dans des fora comme le G20, le FMI ou la Banque mondiale, " l'Europe n'est plus vue comme partie à la solution mais comme partie du problème, voire comme le problème " ; pour un autre, en dépit de leur forte présence (7 ou 8 Européens), les Européens ne sont plus écoutés parce qu'ils répètent la même chose ou parce qu'ils tiennent des discours contradictoires et la solution ne peut pas venir d'un remplacement des répresentants nationaux par la seule Commission européenne du fait de l'énorme perte de crédibilité des institutions européennes ; - dans le commerce international où l'UE a toujours été un acteur majeur, mais où elle est sortie de la logique du multilatéralisme pour entrer dans une logique de coopération bilatérale (transatlantique, par exemple) ;

 - dans la coopération au développement, où sa capacité de financement diminue alors que celle des pays émergents augmente ;

 - en matière d'environnement et de changement climatique où " le drapeau européen est toujours là, mais il flotte tout seul ".

Pour sortir de cet engrenage dans lequel la perte la perte d'influence s'accélère, l'UE doit défendre son modèle d'économie sociale de marché, affirme un participant en soulignant que ce modèle fondé sur l'équité sociale est un élément essentiel de l'identité européenne et de son attractivité. Pour Pascal Lamy, l'UE est confrontée à " un problème existentiel " et il y a une urgente nécessité d'une plus grande intégration politique, " de plus de coopération, de solidarité et de discipline ". " Il est urgent d'aller vers quelquechose de plus fédéral " a-t-il ajouté en se considérant aujourd'hui " agnostique " quant au débat entre le schéma communautaire et le schéma intergouvernemental, car il est urgent d'avancer.

En matière de politique de sécurité et de défense commune (PSDC), les participants ont souligné que le monde a changé considérablement depuis l'adoption en 2003 de la stratégie européenne de sécurité de l'UE et qu'il est nécessaire de prendre en compte ces changements (révolutions et instabilité en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, puissances émergentes, réorientation de la stratégie américaine vers le Pacifique, impact de la crise sur les capacités de défense, cybersécurité, etc. ). Est-il possible de procéder à une révision de la stratégie de sécurité coire d'engager l'élaboration d'un Livre blanc sur le modèle français ? Les avis divergent. Pour les uns, un tel exercice est délicat à l'heure actuelle et il faudrait attendre un moment plus favorable pour s'assurer que le résultat en vaut la peine. Pour d'autres, comme Ronja Kempin (SWP), le succès de la PESD (l'ancêtre de la PSDC) repose en grande partie sur l'élan général généré par l'adoption de la stratégie de sécurité et le déclin de la PSDC est dû en grande partie à l'incapacité de la réviser en 2008.

(NDLR Regards-citoyens.com : ce n'est pourtant pas les préconisations qui manquaient alors - cf. notamment Du réexamen de la stratégie européenne de sécurité-jui Du réexamen de la stratégie européenne de sécurité-juillet2008 -).

Cette révision serait donc indispensable aujourd'hui.

(NDLR Regards-citoyens.com  : Ce qui ne sera efficace qu'à la condition qu'elle apporte des réponses robustes à son déficit de puissance économique et normative en revisitant en profondeur ses stratégies de sécurité autant que ses politiques communes pour les adapter aux grands mouvements du monde et aux véritables menaces globales sur les grands équilibres auxquels elle est attachée (cf. notamment à cet égard La refonte du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale doit être l'occasion d'une profonde réforme de la vision des défis stratégiques et pour la sécurité ! Future Global Shocks (OECD)Global Risks Report 2013Réviser en profondeur la stratégie européenne de sécurité ! De la nécessité et de l'urgence (1) ; Réviser en profondeur la stratégie européenne de sécurité ! De la nécessité et de l'urgence (2) )

Avec ou sans révision de la stratégie de sécurité, plusieurs autres pistes devraient être explorées, estime un autre intervenant allemand qui évoque :

 - une meilleure utilisation des possibilités offertes par le Traité de Lisbonne (coopération renforcée, coopération structurée permanente, possibilité pour un groupe d'Etat membres d'entreprendre une opération au nom de l'UE, notamment) ;

 - la nécessité de " ne pas éviter le débat sur une politique de défense commune "

(NDLR Regards-citoyens.com : voir à cet égard Bâtir une défense commune pour assurer l’autonomie politique et stratégique de l’Union européenne ! Du constat d’absence d’un tel projet politique dans l’agenda européen !)

 - l'identification de priorités stratégiques claires et hiérarchisées dans les partenariats avec la Russie, l'Inde, la Chine, etc. ;

 - la poursuite de l'effort engagé par le groupe de Weimar pour renforcer les moyens de la PSDC (cet intervenant soulignant que le travail réalisé pour obtenir une capacité permanente de planification et de conduite des opérations n'avait abouti, avec l'activation du centre d'opération pour la mission EUCAP Nestor de renforcement des capacités maritimes régionales dans la Corne de l'Afrique, qu'à " un modeste premier pas " qu'il s'agit de dépasser) ;

 - le lancement de nouvelles opérations " réalistes ", même si ce n'est pas la panacée, et à condition de fermer les missions qui ont atteint leurs objectifs ou ne sont pas en mesure de les atteindre ;

 - un effort accru en faveur d'une approche globale qui combien réellement tous les instruments européens et toutes les actions mises en oeuvre par les Etats membres.

(NDLR Regards-citoyens.com : voir à cet égard  Penser la stratégie signifie aujourd'hui penser et agir de manière à la fois globale et systémique ainsi que La Commission européenne propose quelques pistes pour renforcer l'arsenal de défense commerciale de l'UE).

En guise de conclusion, le président de Notre Europe, Antonio Vitorino, s'est dit convaincu que, même si le modèle d'intégration européenne est aujourd'hui remis en question, l'Union européenne a su, dans un contexte extrêmement difficile, résiter et n'a pas perdu toute influence. Mais la crise doit nous amener " à être moins paternalistes et plus humbles dans nos relations avec nos partenaires " sur la scène internationale, a dit l'ancien Commissaire européen. dans les relations extérieures, le Service européen d'acrion extérieure vient confirmer que " les institutions ne remplacent pas la volonté politique ", mais elles demeurent toutefois utiles pour créer un environnement et développer une culture, qui permettront à terme l'exercice de cette volonté. Quant au domaine de la défense, on observe un manque évident de leadership politique, un défaut de coopération européenne (avec des réticences à s'engager du côté allemand et des replis vers des coopérations bilatérales, comme dans le cas de la France et du Royaume-Uni avec le Traité de lancaster House) et une absence de coordination dans les coupes claires opérées dans les budgets de la défense. Ce qui conduit l'ancien Commissaire, qui a été membre de la Convention européenne sur l'avenir de l'Europe et de la conférence intergouvernementale sur le traité constitutionnel, à rappeler qu'une issue existe dans le Traité de Lisbonne avec la possibilité offerte à un " groupe pionnier " d'avancer au moyen de l'établissement d'une coopération structurée permanente.

(NDLR Regards-citoyens.com : voir à cet égard  La coopération structurée permanente est-elle mal née ? ainsi que Mettons en oeuvre une coopération renforcée dans le domaine de la Politique étrangère et de sécurité commune de l'UE, condition sine qua non de l'établissement de la coopération structurée )

Voir également :

 * De la puissance d'un Etat ou d'un groupe d'Etats

 *  La refonte du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale doit être l'occasion d'une profonde réforme de la vision des défis stratégiques et pour la sécurité !  

 

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W
It is all not about the news i herd about The European Union, it is about the technique they are after makes it exceptional from others. I thought it is simple for you. I attempted it myself and it is not simple as i thought.
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