Le PIB et au-delà - Mesurer le progrès dans un monde en mutation
Le produit intérieur brut (PIB) est l’instrument de mesure de l'activité macroéconomique le mieux connu[1]. Conçu dans les années 1930, le PIB est devenu une référence standard utilisée par les décideurs du monde entier et fréquemment citée dans les débats publics. Le PIB cumule la valeur ajoutée de toutes les activités économiques à caractère monétaire. Il est fondé sur une méthode claire qui permet d'effectuer des comparaisons dans le temps et entre des pays et des régions.
Le PIB est désormais également considéré comme un indicateur du développement global de la société et du progrès en général. Toutefois, de par sa nature et son objet, il ne permet pas de fournir des informations sur toutes les questions abordées dans le cadre des débats politiques. Le PIB ne mesure effectivement pas la durabilité environnementale ou l’intégration sociale, et ces limites doivent être prises en considération lorsqu'il est utilisé dans des analyses et débats politiques[2].
La nécessité d'améliorer les données et les indicateurs complétant le PIB est de plus en plus reconnue et est au cœur de plusieurs initiatives internationales. Ces initiatives reflètent également les nouvelles priorités sociétales et politiques. En novembre 2007, la Commission européenne (en partenariat avec le Parlement européen, le Club de Rome, le WWF et l’OCDE) a organisé la conférence «Au-delà du PIB»[3]. Cette conférence a montré que les décideurs politiques, les experts économiques, sociaux et environnementaux, et les représentants de la société civile étaient très favorables à l'élaboration d’indicateurs complétant le PIB et ayant pour objectif de fournir des informations plus détaillées à l’appui des décisions politiques.
La communication de la Commission européenne intitulée " Le PIB et au-delà - Mesurer le progrès dans un monde en mutation " détermine à cette fin différentes actions pouvant être prises à court ou à moyen terme. L’objectif global consiste à développer des indicateurs plus riches, offrant une base de connaissances plus fiable, afin d’améliorer la qualité du débat public et de la prise de décision. La Commission se propose de coopérer avec les acteurs intéressés et les partenaires en vue de développer des indicateurs qui soient reconnus et mis en œuvre au niveau international.
Elle conclut ainsi :
Le produit intérieur brut (PIB) est un indicateur puissant et largement accepté en matière de contrôle à court et à moyen terme des fluctuations de l’activité économique, notamment en cette période de récession. En dépit de toutes ses insuffisances, il reste le meilleur instrument unique de mesure des performances de l’économie de marché. Mais le PIB n’a pas été conçu pour mesurer avec précision le progrès économique et social à plus long terme et notamment la capacité d’une société à gérer des problématiques telles que les changements climatiques, l’utilisation efficace des ressources ou l’intégration sociale. Il est de toute évidence nécessaire de compléter le PIB à l’aide de statistiques couvrant les autres thématiques économiques, sociales et environnementales dont le bien‑être des gens dépend dans une large mesure.
Les travaux visant à compléter le PIB ont été entrepris il y a plusieurs années déjà, au niveau tant national qu'international. La Commission a l'intention d'intensifier ses efforts et sa communication dans ce domaine. L’objectif consiste à proposer des indicateurs à même de faire ce que les gens souhaitent réellement : mesurer les progrès accomplis en atteignant, sur une base durable, les objectifs établis dans le domaine social, économique et environnemental. Les politiques nationales et communautaires seront en fin de compte jugées sur leur capacité à atteindre ces objectifs et à améliorer le bien‑être des citoyens européens. Pour cette raison, les futures politiques devront reposer sur des données rigoureuses, dûment mises à jour et acceptées de tous, et couvrant toutes les questions essentielles. La Commission prévoit de dresser un rapport sur la mise en œuvre et les résultats des actions présentées dans le cadre de la présente communication d’ici à 2012 au plus tard.
[1] PIB = consommation privée + investissements + consommation publique + (exportations – importations). Le cadre et les règles de calcul du PIB sont établis par le système européen des comptes nationaux, qui est dans une large mesure compatible avec le système des comptes nationaux des Nations unies.
[2] Pour un aperçu récent des
limites du PIB, voir Stiglitz/Sen/Fitoussi (2008) Issues Paper, Commission on the Measurement of Economic Performance and Social
Progress
http://www.stiglitz-sen-fitoussi.fr/documents/Issues_paper.pdf