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Publié par De La Boisserie

L'intervention humanitaire qui consiste à secourir des personnes sans tenir compte de leur nationalité ou de leur appartenance politique ou religieuse est souvent présentée comme antinomique de l'activité politique ; univers du cynisme et des intérêts de puissance.

Ce fut sans doute le cas dans les années soixante-dix, lors de l’émergence des ONG « sans frontières » ; mais aujourd’hui l'humanitaire est devenu une ressource comme une autre pour les grandes puissances. Elles l'instrumentalisent soit pour occulter leur absence de volonté politique dans un conflit (Yougoslavie, Rwanda), soit pour le mettre au service de leur désir d'hégémonie (Kosovo, Irak).

C’est dans ce contexte qu’est apparue en 2002 l’idée qu’il est de la responsabilité de la communauté internationale de protéger une population contre des catastrophes ou des violences lorsque l’État dont elle relève n’est pas disposé à le faire ou en est incapable.

Cette « responsabilité » peut-elle consister dans une guerre officiellement motivée par le secours d’une population touchée par la répression ?

C’est la question qui est au coeur de cette étude : l’analyse est centrée sur le droit pour un État, ou plusieurs, d’intervenir militairement sur le territoire d’un autre État dans un but officiellement humanitaire, et sur les dangers qui découlent de la reconnaissance de ce droit. Car officialiser une « responsabilité de protéger » – y compris par la force – ne doit pas occulter l’existence bien réelle d’une obligation de réaction non armée de la communauté internationale face à de graves violations des droits de la personne et du droit humanitaire, et la fréquente inexécution de cette obligation par les États. Dans la plupart des cas, le problème est moins le manque de moyens juridiques que l’absence de volonté politique d’utiliser les mécanismes existants : dans ces conditions, quelle est l’utilité du principe ?

ASPECTS no2 a03 Crouzatier ASPECTS no2 a03 Crouzatier

Jean-Marie Crouzatier est professeur à la Faculté de droit, université de sciences sociales, Toulouse-I

L'article publié ici est extrait de la Revue ASPECTS, n° 2 - 2008, pages 13-32  

Voir également sur ce blog :

 * Du "devoir" et de la "responsabilité" de protéger !

 * La responsabilité de protéger : Qui est responsable de la protection des peuples vulnérables ?

 * L'opération libyenne était-elle une "guerre juste" ou juste une guerre ? (Débat 'BHL / R. Brauman' - Le Monde)

 * Du très troublant relativisme sémantique occidental à propos de la notion de « civils » 

 

 

 

 

 

 

 

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