Les droits fondamentaux, toujours pas d'actualité en prison (Libération)
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, a rendu public mercredi 22 février son rapport annuel sur le respect des droits fondamentaux dans les prisons, locaux de garde à vue, centres de rétention administrative et établissements psychiatriques.
Bilan: la situation ne s'arrange pas.
Certains droits les plus élémentaires ne sont toujours pas garantis.
Voici ce que l'on peut retenir des 300 pages du rapport.
En prison, la fouille corporelle est systématique. Et humiliante: les détenus doivent se dévêtir entièrement (pas toujours dans des locaux prévus pour une telle mise à nu), lever les bras, tousser, parfois s'accroupir ou se pencher. En 2009, à l'Assemblée nationale, les fouilles avaient été l'objet d'un débat passionné lors du vote de la loi pénitentiaire. Celle-ci, s'appuyant sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, en a théoriquement encadré la pratique. Mais le contrôleur des lieux de privation de liberté note que, dans les faits, il n'a constaté aucune évolution.
«Comment aurait-il pu en être autrement.(...) L'usage avoué de la fouille est de découvrir des objets ou substances interdits. (...) Mais les fouilles ont évidemment d'autres usages. Elles constituent un instrument essentiel de maintien de l'ordre dans les prérogatives importantes qu'elles confèrent au personnel. (...) Elles sont naturellement aussi le signe tangible du dépouillement auquel vous astreint la détention. (...) Se dévêtir, alors même que les vêtements pénitentiaires obligatoires ont disparu, c'est abandonner ses références au «dehors» pour se fondre dans l'uniformité carcérale.»
Extrait du courrier d'un détenu envoyé au Contrôleur :
«Monsieur, hier, il se trouve que j'ai été à l'hôpital concernant un problème intime.
Je suis parti avec le pénitentiaire, trois surveillants, et deux gendarmes, deux véhicules. Pour la consultation, il m'a été impossible de parler seul avec un médecin. Je précise, cinq personnes pour un homme, ça fait beaucoup pour un Etat qui se prétend en déficit.
Ma question est la suivante : quels sont les droits qu'ils nous restent concernant un malade et son médecin? Car j'ai trouvé ça aberrant de parler de mes testicules devant trois surveillants et deux gendarmes.»
Voir la suite de l'article : http://www.liberation.fr/societe/01012391509-les-droits-fondamentaux-toujours-pas-d-actualite-en-prison