Les Grecs crient au chantage après l'annonce du référendum
Après l'annonce surprise d'un référendum sur le nouveau plan d'aide international, les Grecs interrogés dans la rue s'étonnent de la décision de George Papandréou et y voient surtout un stratagème pour appliquer des mesures d'austérité encore plus drastiques.
" Ce référendum est un coup de bluff. Ils se moquent de nous ", juge Emanuel Papadopoulos, agent de la voirie âgé de 50 ans.
Comme bon nombre de ses compatriotes, il estime que le gouvernement a sorti de sa manche ce référendum afin de légitimer son maintien au pouvoir par un semblant de soutien populaire, en cas de victoire du "oui".
" Je ne sais pas encore ce que je vais voter. Que devrais-je voter ? Comme si c'étaient des élections ou comme pour un référendum ? Quel sera l'intitulé de la question ? ", poursuit-il.
L'annonce du référendum grec, qui suscite l'incompréhension au sein de la zone euro et inquiète les marchés du monde entier, menace dramatiquement la stabilité financière du pays et de l'ensemble de la zone euro, a averti mardi 1er novembre l'agence de notation Fitch Ratings.
La semaine dernière à Bruxelles, les dirigeants de la zone euro étaient parvenus à arracher un accord sur une décote de 50% de la dette grecque détenue par les banques et sur une nouvelle aide de 130 milliards d'euros.
Les mesures d'austérité ont déjà provoqué l'ire d'une grande partie de la population grecque, en raison notamment des hausses d'impôts et de la baisse des salaires. Des analystes craignent que la population ne vote contre sa sauvegarde financière et ne précipite le pays vers la banqueroute.
Le référendum " est absurde. Maintenant, ils mettent la balle dans notre camp, mais n'est-il pas de leur responsabilité de décider ? ", s'irrite Haris Velakoutakou, guide touristique de 64 ans.
" A quoi ça rime ? Ils auraient dû organiser ce référendum dès le début, avant toutes les mesures d'austérité qu'ils ont prises ", ajoute-t-il.
Près de 60% des Grecs estiment que l'accord est négatif ou probablement négatif, selon un sondage publié samedi 29 octobre par le journal To Vima. Pour environ la moitié des 1.009 personnes interrogées par téléphone, le texte est un coup porté à la souveraineté du pays.
Mardi 1er novembre, dans les rues de la capitale grecque, les habitants redoutaient qu'on ne leur présente le "oui" comme la seule alternative au chaos.
" Il (Papandreou) nous fait du chantage ", résume Yannis Aggelou, directeur des ventes dans le secteur de l'acier.
Peu nombreux sont ceux qui saluent une initiative courageuse du chef du gouvernement socialiste, à l'instar de Dionysia Aggelopoulo, retraitée.
" Organiser un référendum est une bonne décision. Car c'est à nous de prendre notre destin entre nos mains. Je veux que l'on dise 'oui', je veux que l'on reste dans l'euro. Retourner à la drachme serait un désastre ", dit-elle.
" A nous de décider si c'est bien ou non. J'ai connu des temps plus durs encore, la guerre. Veut-on vraiment revenir à ces jours-là ? " s'interroge-t-elle.
Source : Reuters