Les Palestiniens veulent être membre à part entière de l'ONU
Les Palestiniens n'accepteront rien d'autre qu'un siège de membre à part entière des Nations Unies, a dit jeudi 3 novembre le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad al Malki.
Ces propos laissent penser que l'Autorité palestinienne pourrait ne pas solliciter un passage au statut d'observateur, après le rejet probable de sa demande d'adhésion en tant qu'Etat membre de plein droit.
Une nouvelle réunion de diplomates du Conseil de sécurité a confirmé jeudi que les Etats-Unis n'auraient probablement pas à opposer leur veto à la demande palestinienne.
" Nous ne voulons pas, après toutes ces luttes, ces sacrifices, les efforts de tout le peuple palestinien, nous contenter d'un statut de pays observateur aux Nations Unies. Nous n'accepterons rien de moins que ce que nous méritons: un statut de membre de plein droit ", a déclaré à la presse le chef de la diplomatie palestinienne.
L'Autorité palestinienne dispose pour le moment du statut d'entité observatrice non-membre. Le seul Etat observateur non-membre est à l'heure actuelle le Vatican.
Des analystes ont estimé que les propos de Malki ne reflétaient pas forcément la position de Mahmoud Abbas.
"Ca ressemble à un coup tactique", a dit George Giacaman, analyste politique. " Ce peut être un geste envers les Américains, les Israéliens, pour faire preuve de souplesse mais je ne considèrerais pas cela comme une position définitive. "
L'ONU, rien que L'ONU
La demande formelle d'adhésion à l'ONU a soulevé de vives critiques de la part d'Israël et des Etats-Unis, qui ont en réaction imposé des sanctions financières à l'Autorité palestinienne.
Les Congrès américain a ainsi bloqué quelque 200 millions de dollars d'aide promise aux Palestiniens et Israël a suspendu le versement des taxes collectées au nom de l'Autorité palestinienne.
Les deux pays ont en outre suspendu leurs contributions au budget de l'UNESCO, qui a accordé lundi 29 octobre aux Palestiniens le statut d'Etat-membre.
Malki a affirmé que les Palestiniens ne demanderaient pas l'adhésion à d'autres agences onusiennes dans l'immédiat.
" La position officielle palestinienne est de se concentrer uniquement sur la demande d'adhésion soumise aux Nations unies ", a-t-il dit.
La demande auprès de l'ONU a été déposée par le président Mahmoud Abbas le 23 septembre lors de l'assemblée générale de l'ONU à New York.
Elle est désormais examinée par le Conseil de sécurité des Nations unies, qui devrait se prononcer aux alentours du 11 novembre. Les Etats-Unis, qui disposent en tant que membre permanent du Conseil de sécurité d'un droit de veto, ont d'ores et déjà prévenu qu'ils l'exerceraient si la requête était soumise à un vote.
Une voix manque
Les Palestiniens enregistreraient une victoire morale en obtenant les neuf voix - sur 15 - nécessaires à l'adoption d'une résolution, poussant Washington à poser son veto.
La plupart des diplomates de l'ONU pensent que les Palestiniens n'obtiendront que huit voix et une réunion jeudi sur la demande palestinienne n'a donné lieu à aucune surprise, selon des diplomates.
Selon eux, la Russie, la Chine, le Brésil, l'Inde, le Liban et l'Afrique du Sud ont redit leur soutien à la candidature palestinienne. Les Etats-Unis s'y sont opposés, la France, la Grande-Bretagne et la Colombie ont dit qu'ils s'abstiendraient en cas de vote.
Cinq pays n'ont pas donné leur position : le Gabon et le Nigeria, qui devraient soutenir les Palestiniens, l'Allemagne et le
Portugal, qui devraient s'abstenir, et la Bosnie, dont la position est la moins sûre. (NDLR : France, Royaume-Uni et Allemagne, en s'abstenant tous les trois simultanément, adopterait alors -
enfin - une position identique !Ce qui serait une première depuis plusieurs mois -cf. Le jour où l'OTAN cesse son
intervention en Lybie, et où l'UE est prise au piège du référendum grec, France, Allemagne, Italie et Royaume-Uni votent différemment à l'Unesco ! )
Les Bosniens s'abstiendront probablement car les trois présidents du pays - bosniaque, serbe et croate - ne trouvent pas de position commune.
Le représentant palestinien à l'Onu Riyad Mansour a dit à la presse que les membres du Conseil de sécurité n'avaient pas encore arrêté leur position et a refusé de dire si les Palestiniens iraient jusqu'au bout de leur démarche en demandant un vote.
Les Palestiniens devront l'annoncer après la remise la semaine prochaine du rapport du Conseil sur le dossier d'adhésion. Les diplomates y expliqueront probablement que le Conseil de sécurité n'est pas parvenu à un consensus.
Prié de dire ce qu'il adviendrait en cas de rejet de la demande, Riyad al Malki a répondu : " Nous essayerons une deuxième fois, une troisième fois, une quatrième fois, jusqu'à ce que nous obtenions le statut de membre. Nous n'accepterons rien de moins. "
Source : Reuters