Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !
27 Juillet 2012
Cher ami,
je suis sûr que votre insistance sur la thèse de l'Europe à deux vitesses correspond à votre analyse de ce qui constitue
aujourd'hui l'intérêt supérieur européen .
Vous avez donc le sentiment :
1. que l'intégration politique ne pourra se poursuivre qu'à partir du noyau de l'Eurogroupe cad que tous les États membres de ce
groupe sont également disposés à accroître leur coopération non seulement dans les politiques liées à l'UEM (politiques fiscales, salariales, sociales, etc ...) mais aussi dans les secteurs des
affaires intérieures, de l'aide au développement, de la diplomatie et de la défense, etc ...
2. que donc l'Allemagne et la France sont également disposées à faire partie de l' "Europe à vitesse 1", par nature plus
intégrée et séparée de l' "Europe à vitesse 2" - et que tous les autres membres de l'Eurogroupe (not. l'Irlande, les Pays Bas, la Finlande, la Slovaquie ...) partagent ce désir d'union plus
étroite
3. que la solidarité entre les 27, acquis majeur de l'après-guerre et de l'après-communisme, ne sera en rien ébranlée par cette
institutionnalisation de la coupure en deux de l'Europe réunifiée
4. que la partition des Institutions - ou la création de deux appareils institutionnels parallèles - est possible sans créer un
grand désordre dans le fonctionnement des deux entités et dans la perception de l'opinion publique.
Bref, vous estimez que cette "Europe 2V" - dont la nature et les effets sont parfaitement clairs à vos yeux - n'est pas une
boîte de Pandore .
Je souhaite que vous ayez raison.
Mon pronostic est que cette séparation ne se fera pas - mais qu'elle ouvrira grand la porte à la stratégie britannique du "pick
and choose", déjà maladroitement (ou machiavéliquement) avalisée par le Président français. Ce sera l'Europe à la carte !
Pour notre part, nous estimons qu'il serait beaucoup plus sage de suivre la méthode communautaire en ouvrant une procédure de
révision des Traités - basée sur un projet qui renforcerait la solidité de l'ensemble tout en assouplissant les procédures de différenciation existantes .
Deux objections possibles :
- il n'y a aucune volonté politique pour entreprendre une telle réforme (ni dans les États membres - ni à la Commission - ni au
PE) : si tel est le cas, le projet politique européen est mort et il faut effectivement construire autre chose, type Congrès de Vienne .
- il sera impossible de réunir l'unanimité nécessaire pour signer/ratifier une réforme substantielle : cette impossibilité n'est
pas démontrée (le projet de TC a été voté par tous et aurait pu être ratifié par presque tous sans la défection des autorités françaises) et , en toute hypothèse, c'est la règle politique d'une
super majorité des 4/5 qui devra s'appliquer.
En toute amitié
Voir également :
* Pour Valery Giscard d'Estaing, l'Europe n'a plus le choix : elle doit fonctionner à deux vitesses !
* Cour de projecteur sur les compétences européennes
* Coup de projecteur sur les nouvelles règles comitologiques en vigueur au sein de l'Union européenne
* Trois évolutions - parmi d'autres - de l'UEM qu'il aurait fallu opérer !
* François Hollande préconise une Europe à plusieurs vitesses !
* Ne nous y trompons pas ! Le Royaume-Uni n'a aucune intention de quitter l'Union européenne !