Monnaie forte ou faible : quel intérêt ? (Banque des savoirs)
Qu'est-ce qu'une monnaie forte ? En fonction de quels paramètres le cours de la monnaie varie-t-il ? Et qui a intérêt à ce qu'une monnaie soit sous-évaluée ou surévaluée ? Autant de questions sur lesquelles les économistes travaillent, notamment pour orienter les politiques publiques. Le point avec Jean-Pierre Patat, conseiller au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii).
Les questions monétaires surgissent régulièrement dans les débats politiques, où le "franc fort" ou bien "l’euro fort" sont
parfois accusés d’encourager les délocalisations. Émettre une monnaie est une prérogative régalienne de l’État, mais celui-ci ne peut ni
décréter la confiance ou la défiance des acteurs économiques vis-à-vis de sa monnaie, ni fixer unilatéralement sa valeur d’échange avec les autres devises. Au cours de l’Histoire, divers systèmes
monétaires internationaux ont donc tenté d’organiser les rapports d’échange monétaire, d’abord sur la base de l’étalon-or, la valeur en or de la monnaie, puis de systèmes de changes fixes (cours
maintenus à un certain niveau par les autorités) s'accompagnant généralement de contrôle des changes, et enfin par un marché des changes flottants (cours variant en fonction de l'offre et de la
demande), corollaire de la liberté de circulation des capitaux.
Le prix d’une monnaie sur les marchés des changes dépend aujourd’hui de facteurs très complexes. S’il est soumis à la même
spéculation que la Bourse, ce marché est en même temps surveillé par les banques centrales, qui jouissent pour la plupart
d’un statut d’autonomie en même temps que de pouvoirs partagés avec des États.
Au milieu de ce chaos organisé, les économistes sont chargés de fixer les repères et de modéliser la valeur intrinsèque et
fondamentale contenue dans les monnaies de chaque pays selon leurs atouts et leurs faiblesses économiques et politiques. Leurs estimations et leurs analyses sont des références indispensables
pour les différents acteurs concernés par le niveau du cours de change : les investisseurs, les banques centrales, les entreprises, les consommateurs, les États. Avoir une monnaie forte ou faible
- c’est-à-dire au-dessus ou en dessous de sa valeur d’équilibre estimée - comporte des avantages et des inconvénients économiques pour les pays concernés. La situation est différemment subie ou
souhaitée, selon que l’on est une entreprise qui exporte, un État endetté ou un touriste à l’étranger, un pays industrialisé ou un pays en développement.
Source : http://www.savoirs.essonne.fr/thematiques/les-hommes/economie/monnaie-forte-ou-faible-quel-interet/