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Publié par De La Boisserie

La Russie et la Chine ont perdu de leur crédit diplomatique dans le monde arabe en opposant leur veto au projet de résolution sur la Syrie présenté au Conseil de sécurité des Nations unies, a déclaré lundi 6 février au Caire le secrétaire général de la Ligue arabe.

Dans une interview à Reuters, Nabil Elarabi a dit craindre qu'après le rejet de ce texte samedi à l'Onu, les autorités syriennes ne pensent avoir les mains libres pour réprimer le mouvement de contestation qui a fait plus de 5.000 morts en près de onze mois.

Il a toutefois souligné que la Ligue arabe continuerait à travailler avec Moscou et Pékin, ainsi qu'avec les autres membres du Conseil de sécurité, afin de mettre un terme aux affrontements en Syrie, où de nouveaux bombardements sur la ville rebelle de Homs ont fait 50 morts lundi, selon un bilan fourni par l'opposition.

Les groupes d'opposition syriens, qui ont toujours refusé jusqu'ici de prendre contact avec le gouvernement de Bachar al Assad malgré les appels de la Ligue arabe en ce sens, ont été "ramenés à la réalité" par le veto opposé par la Russie et la Chine au projet de résolution, a poursuivi Nabil Elarabi, interviewé au siège de la Ligue dans la capitale égyptienne.

Ils ont vu que ce n'était pas le monde arabe qui bloquait des sanctions plus fermes contre le régime de Damas, mais bien les désaccords entre les grandes puissances.

"Malheureusement, les délégations russe et chinoise ont décidé au dernier moment d'opposer leur veto et je dois dire que cette question de l'utilisation du droit de veto, que ce soit par la Russie ou par un autre pays, est quelque chose d'inacceptable", a dit le chef de la Ligue arabe.

PAS DE SCÉNARIO "À LA LIBYENNE"

"Je ne les critique pas mais les opposants syriens croyaient que la Ligue arabe était un obstacle entre eux et la solution - une solution suivant un scénario 'à la libyenne'. Mais le scénario à la libyenne n'est pas envisageable."

Lors du soulèvement contre Mouammar Kadhafi l'an dernier, la Ligue arabe avait soutenu l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour protéger la population civile des attaques de l'aviation gouvernementale. Une résolution de l'Onu avait ensuite autorisé des frappes aériennes de l'Otan, toujours pour protéger les civils. Aujourd'hui, les pays arabes et les puissances mondiales ont exclu une intervention militaire en Syrie.

Prié de dire si, à son avis, Moscou et Pékin avaient perdu de leur crédit diplomatique dans le monde arabe à la suite de leur veto, Nabil Elarabi a répondu: "Pour faire court, la réponse est 'oui'". Il a toutefois souligné que les pays arabes continueraient à travailler avec les Russes et les Chinois car ils "ont besoin d'eux".

Il a précisé qu'il avait parlé au téléphone lundi avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui sera mardi à Damas pour présenter une initiative diplomatique. Prié de dire si cette initiative, dont rien n'a filtré, pouvait mettre fin à la crise, Elarabi a répondu: "Ils (les Russes) le pensent".

CONSTAT D'IMPUISSANCE ?

A propos des discussions de la semaine dernière à l'Onu, il a raconté qu'il avait quitté New York mercredi en étant persuadé qu'un accord était possible. "Je suis parti avec cette idée le mercredi soir. Mais le vendredi d'autres questions avaient surgi."

"Il n'y avait pas besoin de recourir au veto. Nous étions sur le point de parvenir à une version de la résolution qui aurait obtenu les suffrages de tout le monde", a-t-il poursuivi.

"Maintenant, le gouvernement syrien peut interpréter cet échec comme un constat d'impuissance de la communauté internationale et se dire qu'il peut tout se permettre."

Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se réuniront une nouvelle fois la semaine prochaine pour discuter de l'avenir de la mission d'observation dépêchée fin décembre en Syrie et suspendue après le départ des observateurs des Etats du Golfe, de la Jordanie et du Maroc qui, a dit Elarabi, "ne jugeaient pas cette mission assez efficace".

"Si nous devions envoyer une autre mission, ce que nous envisageons, il faudra qu'elle soit plus forte en effectifs et en équipement. Son mandat aussi devra être différent", a-t-il déclaré, évoquant la nécessité d'un soutien international et non plus seulement arabe.

"Mais on ne peut y aller qu'avec l'accord des autorités syriennes. Celles-ci réalisent maintenant qu'elles ont un sérieux problème et qu'elles ne peuvent pas continuer comme cela."

Nabil Elarabi a précisé être en contact régulier avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem, dont le gouvernement impute la crise actuelle à une conspiration soutenue par l'étranger.

"Nous avons mis toutes nos cartes sur la table (...) Maintenant, c'est aux Nations unies de décider. Le Conseil de sécurité a échoué. Nous ne pouvons rien faire de plus..."

 

 

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