Osons porter un autre regard sur l'oeuvre politique !
Dans un article intitulé "Vers l'Europe des tribus", Charles Saint-Prot fustige le processus de construction européenne actuel au motif qu'il participe à détruire les Etats et à créer les conditions d'un néotribalisme (cf. Vers l’Europe des tribus ? par Charles Saint-Prot )
Lors des dernières élections italiennes, les résultats révèlent un profond ressentiment à l'égard du personnel politique et de l'Europe !
La Commission européenne elle-même pâtit d'une réputation d'incompétence qui mine la confiance dans le projet européen lui-même. (cf. De l'urgence de restaurer l'autorité de compétence et la légitimité de la Commission européenne au sein de l'Union européenne )
Un peu partout en Europe, le chômage de masse et la précarité explosent ! Comme le populisme le plus abject !
Osons porter un autre regard sur l'oeuvre politique !
Comme l’a rappelé Aaron J. Gourevitch dans son ouvrage intitulé « Les catégories de la culture médiévale » paru en 1983 aux éditions Gallimard dans la collection « Rubrique des Histoires », la quadruple interprétation symbolique des Ecritures trouve son expression dans ce vers célèbre de l’époque carolingienne « Littera gesta docet, quid credes allegoria, moralis quod agas, quo tendas anagogia » qui signifie « le sens littéral renseigne sur ce qui s’est passé ; l’allégorie t’enseigne ce à quoi tu crois ; la morale t’indique comment agir ; l’anagogie te révèle ce vers quoi tu tends. »
Ainsi Jérusalem, dans sa signification littérale, était une ville terrestre ; dans sa signification allégorique – l’Eglise elle-même ; dans son sens tropologique – l’âme juste ; et dans son interprétation anagogique – la patrie céleste.
Puisque Dante étendit aux œuvres d’art le recours à une interprétation multiple (notamment dans sa Comédie), pourquoi l’Homme moderne ne l’étendrait-il pas à l’oeuvre politique quand elle traite de la Démocratie et du Droit ?
Une loi fondamentale, une charte (comme celle des droits fondamentaux de l'Union européenne), un traité, un protocole, une convention internationale, ou encore un code essentiel d'un système juridique, méritent bien plus qu'une simpe interprétation littérale !
Alors 'Paris', 'Berlin', 'la France', 'l'Europe', ou encore l'ONU et, progressivement, le système de gouvermance mondiale qui se met en place, auraient une toute autre résonance dans le coeur et l'esprit des Hommes.
Paris, pour avoir été cette capitale où des Bastilles sont tombées, où des barricades contre l'oppression et où les droits de l'Homme et du Citoyen ont été érigés non seulement en symboles de la démocratie mais en principes et en valeurs fondamentaux, de la volonté même du Peuple souverain !
Berlin, pour avoir été le symbole de l'arbitraire déchu puis pour avoir été isolée et déchirée avant de retrouver l'unité, la justice et l'éclat, de la volonté même des Peuples et de quelques (rares) personnages politiques extraordinairement audacieux !
La France, pour avoir si souvent su dire "Non", au nom d'une certaine idée de la dignité et de la liberté des Peuples à disposer d'eux-mêmes ! Une France qui soit en mesure de faire entendre et respecter sa différence et sa liberté, et notamment sa liberté d'agir en faveur d'une Europe pleinement autonome sur les registres politique et stratégique, et à même d'assumer ses responsabilités en tant que pôle d'équilibre et de civilisation dans un monde de plus en plus interpolaire (cf. à cet égard Le monde interpolaire : un nouveau scenario ! (recension d'un ouvrage de Giovanni Grevi) ) !
L'Europe, pour avoir été si longtemps meurtrie par des guerres civiles avant de choisir la voie de la paix et de la réconciliation ! Une Europe désirée parce qu'audacieuse, et respectée parce que digne et respectable ! Une Europe dotée d'une identité affirmée, revendiquée, riche, plurielle (cf. Rencontres européennes : 13 entretiens sur l'identité européenne (Étude par Aziliz Gouez - Notre Europe) ; De l'identité de l'Europe de demain (1) - réédition - ainsi que De l'identité de l'Europe de demain (2) - réédition - ) et spirituelle (cf. Une identité spirituelle pour l'Europe ? par Jean-Baptiste de Foucauld (première partie)) articulée sur des valeurs et des principes clairs et ambitieux (cf. notamment à cet égard Objectifs politiques, principes, valeurs et intérêts en jeu au sein de l'Union européenne dans la double perspective politique et stratégique, par André Dumoulin). "La seule mission significative que l'Europe puisse endosser pour le siècle à venir est d'être elle-même de la meilleure manière possible, c'est-à-dire en ressuscitant et en projetant dans son existence ses meilleures traditions spirituelles" (Vaclav Havel) ! Une Europe capable d'offrir à tous ses ressortissants une citoyenneté pleine et entière (cf. notamment à cet égard La citoyenneté de l’Union – un nouveau moteur pour la construction européenne ? par Bénédicte Fauvarque-Cosson (Avril 2012, conférence de Salzburg) ).
Le système des Nations Unies, et, plus globalement, tout projet de gouvernance mondiale (voir à cet égard A la recherche d'une pensée et d'une action politiques à la hauteur des défis globaux ! (Nouvelle édition) ; A la recherche d'une gouvernance mondiale hybride (nouvelle édition) ainsi que Global Governance is a challenge for democracy (but an EU opportunity), by Pascal Lamy (WTO)), pour ce qu'ils emportent (encore) comme Espérance pour l'Humanité !
A condition que ce système comme ce projet n'aient pas comme visée d'instaurer au niveau mondial une forme dure de domination politique (cf. "Le joli mot de "gouvernance" n'est qu'un euphémisme pour désigner une forme dure de domination politique" par Jürgen Habermas (Le Monde)), de sacrifier les valeurs sur l'autel du profit (cf. valeursgouvernancemondialelamyne-ijdjan13 ou encore Gouvernance mondiale : s'attaquer au terrain des valeurs (Tribune par Pascal Lamy - Notre Europe - Institut Jacques Delors ) ) ou de servir autrechose que l'intérêt général global (La gouvernance mondiale est-elle au service de l’intérêt général global ? par Joseph Stiglitz - nouvelle édition - ; Finance de l'ombre : "Les autorités ont fermé les yeux" (entretiens avec - Le Monde) ou encore En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts, par Edgar Morin (Le Monde) ) !
Voir également :