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Publié par ERASME

Voilà donc la droite française de nouveau engagée dans une de ces polémiques qu'elle affectionne tout particulièrement - et qui risque de donner un ton et une saveur insupportables à la campagne pour le scrutin présidentiel du printemps 2012.

L'affaire a pris l'allure d'une question importante. Dans l'esprit des chevau-légers de l'UMP, partis à la bataille comme un seul homme, elle paraît prioritaire. Elle relègue au deuxième plan, selon eux, quelques-unes des vraies questions qui devraient être au coeur du débat public : crise de l'euro, pathologie du chômage de masse chez les jeunes Français, désindustrialisation, inégalités, etc.

De quoi s'agit-il ? Au départ, il y a, au soir du 14 juillet, un certain propos tenu par Eva Joly, la candidate à l'élection présidentielle d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Mme Joly suggère de remplacer la traditionnelle parade militaire du 14-Juillet par un "défilé citoyen" qui verrait, a-t-elle dit, les Français gentiment baguenauder en famille sur les Champs- Elysées.

On peut juger la proposition pour le moins incongrue. On voit mal en quoi le défilé militaire n'est pas "citoyen". On ne saisit pas en quoi les Français qui ont choisi le métier des armes, et de risquer leur vie pour la République, sont moins "citoyens" que les autres.

On ne voit pas pourquoi la France, l'un des rares pays en Europe à avoir le courage de faire l'effort d'exister encore en matière de défense, ne rendrait pas, ce jour-là, hommage à son armée.

Mais ce n'est pas sur ce terrain que la droite a choisi de répliquer à Mme Joly. Le chef du gouvernement, François Fillon, a donné le ton. Il a accusé Mme Joly de ne pas avoir "une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française".

En clair, selon M. Fillon, Mme Joly, d'origine norvégienne, n'est pas assez française. Ou pas depuis assez longtemps. De façon à peine cachée, c'est sa "francité" que l'on conteste. C'est la question de la double nationalité qui est relancée.

Il faut le dire clairement : cet angle d'attaque est odieux et flirte avec la xénophobie. La France n'a pas besoin de cela. Hélas ! venant d'un pilote aussi confirmé que M. Fillon, qu'on a connu mieux inspiré, le dérapage a sans doute été calculé.

Car c'est un des thèmes favoris de la droite présidentielle que cette façon de mettre en avant le débat sur "l'identité nationale". Avec des petites phrases dont on se serait bien passé. "Dominique Strauss-Kahn, ce n'est pas l'image de la France des terroirs et des territoires", a dit, par exemple, Christian Jacob, le chef de l'UMP à l'Assemblée nationale.

L'UMP pense sans doute qu'il lui faut concurrencer le Front national dans l'électorat. Mais c'est jouer aux apprentis sorciers que d'exploiter ainsi un possible malaise lié à la mondialisation. Et s'il y a une tradition française à préserver, elle est tout autre : c'est celle d'un pays qui ne distingue pas parmi ceux qui ont choisi d'en faire partie.

 

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