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Publié par Collectif pour une République irréprochable

Le divorce qui s'opère lentement mais sûrement, hélas, entre les institutions de la République et les différents 'segments' (pour reprendre un terme largement employé par ces sondeurs d'opinion si appréciés de la classe politique et des gouvernements) de la société française est patent !
Et il affaiblit la France en même temps qu'il affaiblit l'Union européenne et l'Union pour la Méditerranée.
Depuis que la complexe machine présidentielle, gouvernementale et législative s'est emballée, chaque nouvelle étape du programme de 'ruptures' conconctés avant l'élection présidentielle inquiète jusque dans les pays voisins, partenaires et/ou amis de la France !
Ce divorce et cette inquiétude tiennent en grande partie aux suspicions, fondées ou non (notre propos ici n'est pas d'en juger au fond !), qui pèsent sur les intentions véritables des gouvernants !
Le débat autour de la réforme de la procédure pénale est à cet égard exemplaire, tant il révèle un niveau de défiance élevé à l'égard d'un " régime présidentiel " qui, pour une partie de la population, s'accommoderait aisément de collusions d'acteurs publics avec les milieux d'affaires et certains thuriféraires d'un Etat autoritaire !!
Souvenez-vous de ce qu'affirmait Maurice Allais, prix Nobel d’économie : « La démocratie n’est plus qu’une façade derrière laquelle agissent constamment des mafias de toutes sortes, poursuivant des objectifs qui, s’ils étaient réellement connus, seraient rejetés par la presque totalité du peuple français ! »
Réforme de la procédure pénale en France : le Président Sarkozy engage la justice dans une refonte majeure (Le Monde)) et au rapport Léger qui sert de base à cette réforme (cf. Réforme de la procédure pénale en France : les principaux points du rapport Léger) !
La " désacralisation " de la parole autant que de la fonction présidentielle y est-elle pour quelquechose ? Force est de constater que nous nous trouvons en la matière aux antipodes de la période " faste " de la Vème République (cf. Quelle signification emporte l'usage des termes "gaulliste" et "gaullien" en 2010 ? - nouvelle édition - ainsi que Georges Pompidou ou la langue française au pouvoir, par Natacha Polony)
La perception par une part importante de la Nation française d'une forte distanciation des choix - et des postures changeantes - du président de la République à l'égard de la promesse démocratique autant que du Pacte républicain qui s'incarne dans les institutions de la République ajoute au malaise.
Le journaliste allemand Stefan Ulrich signe dans le Süddeutsche Zeitung un article repris par Courrier International où apparaissent les passages suivants : " aujourd'hui comme hier, la République française est secouée par des scandales qui se jouent dans une zone grise, à la limite entre le politique, l'économique [le judiciaire] et les services secrets. [...] La France est une démocratie aux allures de vieille monarchie. Le chef de l'Etat jouit en effet d'un pouvoir que même le président des Etats-Unis pourrait lui envier. L'exemple de Barack Obama montre d'ailleurs la force de l'opposition parlementaire à laquelle un chef d'Etat peut être confronté. En comparaison l'Assemblée nationale et le Sénat font pâle figure. Le rôle du chef de l'Etat, taillé sur mesure par le Général De Gaulle, lui confère des pouvoirs dont l'étendue n'est pas sans rappeler celui des monarques absolus. Cela facilite peut-être les réformes, mais ne favorise guère la transparence. La tentation n'en est que plus grande, pour les ambitieux, de monter sur le trône à force d'intrigues et de combines ".
Le journaliste espagnol écrit dans El Pais : " Le colbertisme de Sarkozy n’est évidemment pas une nouveauté. On peut même penser qu’il est inscrit dans l’ADN des politiques français. Mais, dans sa phase précédente, celle de l’avant-crise, l’énergique président de la République ressemblait davantage à un émule de Margaret Thatcher, prêt à faire des coupes claires dans le secteur public et à réduire l’intervention de l’Etat, qu’à un continuateur de l’étatisme inventé par les Bourbons de France. " (cf. Pour Sarkozy, l’Union européenne n’a plus la cote, par Lluís Bassets (El Pais))
Le problème de fond réside aussi, en partie, à certaines erreurs - graves - commises par le gouvernement !
Que lui est-il reproché ?
 - de signer et de ratifier parfois des traités sans prendre le soin de vérifier de leur totale conformité à l'esprit et à la lettre à la Constitution de la Vème République (cf. à cet égard notamment : Constitution française et Traité de Lisbonne : sommes-nous certains qu'ils sont totalement compatibles ?), 
 - d'entreprendre la modification de cette dernière sans avoir veillé à la cohérence de l'organisation des institutions de la République qui en découle avec les exigences emportées par une réforme de l'Etat et de ses stratégies régaliennes entreprises parallèlement (cf. notamment sur le registre de la sécurité nationale), 
 - de présenter des projets de lois qui, une fois adoptés par des parlementaires placés sous la tutelle 'd'une main aussi invisible que pressante ' se retrouvent :
     a) soit "retoqués" par le Conseil constitutionnel sur la base d'éléments non pas politiques mais juridiques (cf.
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/?page=emission&id_rubrique=953) (*),
     b) soit déclarés 'hors la loi ' par des juridictions internationales en regard du droit international (tels que la Cour européenne des droits de l'Homme - cf. notamment
La légalité de la garde à vue fait de plus en plus débat en France ),
      c) soit, après avoir passé tous les filets de sécurité de la démocratie parlementaire, concrétisés dans des décrets, instructions, règlements et autres circulaires aussi peu vertueux en regard du droit fondamental !
 - d'instrumentaliser la lutte contre le terrorisme (cf. Lutte contre le terrorisme : de quoi parle-t-on ?) pour justifier des mesures sécuritaires générales qui sont interprêtées et vécues comme autant d'atteintes graves aux valeurs républicaines comme aux principes démocratiques en même temps qu'elles participent à banaliser les pratiques et normes exceptionnelles attachées aux situations d'urgence (cf. à cet égard, notamment Etats d'urgence, l'Etat et la Loi (3) ou De la restriction des droits et des libertés dans l'Union européenne ! - nouvelle édition - ) !
Par ailleurs, le comportement incompréhensible et inacceptable, parce que ostensiblement " irrégulier " et/ou " illégal ", de certains représentants de l'Etat dans l'exercice de leurs fonctions, bien que ces derniers soient très largement minoritaires et qu'ils ne donnent par lurs agissement qu'une image erronée de leurs corporations qui nuit à l'efficacité autant qu'à la crédibilité de l'Etat, participe également de cette rupture qui s'opère entre l'Etat et les citoyens ; un Etat qui apparaît dès lors à ces derniers comme particulièrement indigne du respect qu'il leur impose de lui porter !
Les injures qui sont proférées à leur Histoire, à leur Culture, à leur Identité - parfois plurielle -, à leur Mémoire collectives, les atteintes qui sont portées à leur dignité, à leurs droits fondamentaux, à leur honneur, leur mise sous surveillance " à l'insu de leur plein gré " et à des fins parfois douteuses, leurs conditions d'existence au quotidien, leurs mauvais traitements ordinaires dans l'espace public (leur mise en garde à vue, leur fouille au corps, leur contrôle d'identité sur la base du faciès, ...), les entraves arbitraires à leur trajectoire personnelle, les coups portés à leurs idéaux de liberté et de différence (Les deux principes de "liberté" et de "différence" de John Rawls), les préférences communautaires - qui s'apparentent parfois aux yeux d'une partie de la popultion comme des collusions .... (n'oublions pas l'Histoire, SVP !) - cf. à cet égard Le Crif, vrai lobby et faux pouvoir -, participent à briser la cohésion et l'unité nationales et le désir d'Etat dans ce qu'ils ont de plus essentiel à la vitalité et la cohésion d'un peuple souverain.
La mise à mal du principe de sécurité juridique des traités (cf. La sécurité juridique : un principe démocratique au service des citoyens ! Plaidoyer en faveur de sa bonne application lors de la mise en oeuvre du traité de Lisbonne ! - nouvelle édition - ), des lois, des décrets, des réglements, et tout texte qui régit la vie de la Cité ajoute au climat délétère qui s'est emparé du pays ! 
Ces différents éléments constituent la marque d'un Etat qui, ayant perdu la maîtrise de la situation pour avoir renoncé aux ressources qui lui aurait conféré l'autorité de compétence qui lui fait aujourd'hui si cruellement défaut, s'en remet trop souvent à l'exercice d'une autorité arbitraire qui opère en contravention vis-à-vis des principes démocratiques et des valeurs républicaines.
Jusqu'où une telle régression démocratique, qui procède autant d'une 'balkanisation' de la Société française doublée d'une sorte de 'berlusconisation' de l'Etat (cf. De la 'berlusconisation' de la société et de l'Etat ! ),que d'une 'lepénisation' croissante des esprits doublée elle-même d'une radicalisation du discours, va-t-elle entraîner cette Nation française qui cherche encore son identité ; une Nation  française de plus de plus 'muselée' sous l'empire des dérives autoritaires qui cherchent à lui imposer, à force de coups d'Etat permanents (la 'loi aux ordres' devenant la forme d'expression privilégiée de la 'rupture comme principe et comme mobile de l'action' : l'ordre pour l'ordre, la loi pour la loi, et la rupture pour la rupture), un autre modèle de Société qui priverait les citoyens de l'essence même de la promesse démocratique :  la jouissance légitime de leurs droits et de leurs libertés les plus fondamentaux ?
Est-ce bien là l'ordre des choses dans un des Pays fondateurs d'une 'Europe unie dans la diversité' qui entend faire vivre un projet politique fédérateur articulé sur la liberté (cf. Europe, quatre horizons pour la liberté, par Jacques Barrot) ?
Est-ce bien là la marque de la grandeur de celui derrière lequel la formation politique au pouvoir s'est abritée pour parvenir à prendre les commandes de l'Etat (cf. Quelle signification emporte l'usage des termes "gaulliste" et "gaullien" en 2010 ? - nouvelle édition - ) ?
Nous redoutons qu'un jour apparaisse dans les colonnes de la presse internationale des articles où l'on trouverait des formules du type : " Quelle sombre République que celle de ceux qui sont parvenus à placer l'Etat français sous la tutelle d'une idéologie sécuritaire servie par un autoritarisme pathologique ! Les rôles sont clairement répartis dans le pays de Descartes : ici, le discours sans la méthode ! Là, la méthode sans le discours ! Et dans celui de Voltaire : ici, l'éloge, souvent contradictoire et parfois funèbre ! Là, la raison souvent froide et parfois déraisonante ! Erasme - et son humaniste chrétien - ayant été placé en garde à vue prolongée sans l'assistance d'un avocat, son éloge de la folie nous est épargnée ! Quant aux méthodes pour exister, Spinoza n'est manifestement pas parvenu à les faire siennes à ette République vacillante !
Souhaitons qu'elle ne fasse pas revivre aux Français comme au monde un autre épisode douloureux de l'histoire, la France étant soudainement prise d'une frénésie guerrière depuis l'avènement de cette droite 'décomplexée' qui se prétend encore libérale ! Souhaitons aussi q
ue ce parti de godillots qui monopolise à peu près tous les pouvoirs alors qu'il ne représente qu'une partie infime de la population et tente de construire une coopération étroite avec le parti communiste chinois, et cet Etat en quête d'un ordre improbable, producteurs l'un comme l'autre en série de lois d'un autre temps élaborées dans les anti-chambres les plus obscures de l'Etat et du parti  (celles où se fomentaient parfois jadis les coups d'Etat contre la République) n'annoncent jamais à la Nation française médusée le déménagement de ses principales institutions à Vichy ... " !
La France n'est pas la Chine ! Il est grand temps de montrer qu'elle n'a en aucune manière l'intention de s'y identifier, tout au moins dans les ressorts les moins admissibles en regard de ce nous a enseigné l'universalisme, qui ne se confond en aucune manière avec le relativisme, auquel la culture française a tant apporté et que la France prétend encore faire vivre sur son sol, ainsi que promouvoir et défendre dans le monde !
" L'homme juste et libre est celui qui connaît la vraie raison des lois. " (Spinoza)
D'autres avant nous ont tiré à maintes reprises la sonnette d'alarme quant aux dérives qui se multiplient sur tous les segments de l'action publique ; et non des moindres qui ne peuvent être qualifiés de déments, d'irresponsables ou de malfrats subversifs : parlementaires (cf. par exemple : Réforme de la procédure pénale en France : Robert Badinter dénonce une "OPA de l'éxécutif sur les affaires les plus importantes" (Le Monde)), magistrats, avocats (cf. par exemple : Les avocats contestent la légalité de la garde à vue (Alain Salles, LeMonde.fr)), préfets, syndicats de policiers (cf. par exemple : Un syndicat de police interpelle Fillon sur la garde à vue (Reuters)), d'enseignants, de chercheurs, de médecins hospitaliers, d'intellectuels, de journalistes, etc ... sans oublier bien évidemment la Cour européenne des droits de l'Homme, la Cour de Justice des Communautés européennes ... et le Conseil constitutionnel !
Aussi appellons nous celles et à ceux qui, au sein des institutions de la République, ont autrechose à défendre que leur carrière politique ou technocratique ou les intérêts particuliers de leurs clubs et amis, à ce qu'ils assument, en conscience, avec compétence et avec autorité, leurs responsabilités devant la Nation en agissant avec les moyens démocratiques dont ils disposent pour que, en France, de nouveau, les lois, décrets, circulaires et réglements aient encore un peu d'esprit, celui des Lois tel que Montesquieu nous l'esquissa jadis, à défaut d'être inspirés par une âme, celle d'une République française non seulement humaniste mais humanisée ; cette République que nos anciens ont voulu incarner dans une Marianne protectrice du Contrat social (cf. notamment à cet égard L'école de la violence, par Robert Solé (Le Monde) ainsi que De la responsabilité - partagée - de l'innovation sans contrôle dans la montée de la violence ) !!
Et s'il le faut, qu'ils prennent les risques que la situation impose parce que " le risque est un besoin essentiel de l'âme " (Simone Weil) - cf. De la démocratie française, aujourd'hui ! (1)  - !
Et qu'ils ne se contentent pas de déclarations emphatiques qui ne seraient suivies d'aucun acte réparateur tangible !
" Je préférerai toujours les choses aux mots, et la pensée à la rime ! " 
(Voltaire).
Agissons chacun à notre place pour que la France retrouve très vite toute sa vitalité politique et parlementaire, sa dignité républicaine, sa hauteur de vue diplomatique, son indépendance d'esprit et sa grandeur morale ! 
Redonnons lui un souffle ! Et un esprit républicain !
Pour Elle-même, d'abord, mais aussi pour l'Europe et pour le Monde ! Pour la Démocratie et pour la Liberté !
Vive la République française, une, digne, vivante, ouverte, indivisible et désirable !
" Le désir est l’essence même de l’homme, Ordonnateur clandestin de nos systèmes de valeur. " (Spinoza).

(*) Les neuf membres du Conseil veillent à la conformité des lois à la Constitution et au respect du partage des compétences entre le gouvernement et les assemblées. Cette instance clé du système institutionnel français a provoqué la colère de Nicolas Sarkozy en censurant le 29 décembre 2009 la "taxe carbone" relative aux émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs autres textes, comme la loi sur la lutte contre le piratage sur internet, ont été "retoqués", selon le jargon en vigueur, depuis l'élection du chef de l'Etat en 2007.

 

NB : Cet article a été publié une première fois le 09 août 2010.

 

 

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