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Regards citoyens

Ce blog est destiné à stimuler l'intérêt du lecteur pour des questions de société auxquelles tout citoyen doit être en mesure d'apporter des réponses, individuelles ou collectives, en conscience et en responsabilité !

PSDC : En route vers le Conseil européen de décembre 2013

Le cap est fixé et les vents sont favorables. Jamais depuis près de trois ans, on a connu telle effervescence autour de la PSDC. La place qui m’est imparti ne me permet pas de citer ici l’ensemble des initiatives, colloques, séminaires, publications qui se succèdent à Bruxelles et ailleurs. A titre d’illustration, je mentionnerai simplement les conférences organisées par la présidence chypriote, le projet de quatre pays concernant la révision de la stratégie de sécurité, la vision ébauchée à onze d’une défense plus intégrée, le rôle de VRP de l’Union européenne endossé par le ministre polonais des Affaires étrangères, de Berlin à Oxford, le repositionnement français dans l’UE et la perspective européenne dans laquelle le président Hollande a inscrit le travail sur le prochain Livre blanc. Comme le dit joliment Sven Biscop, le Conseil européen de décembre 2013 a déjà pris une dimension quasiment mythologique. Mais prenons garde aux nombreux mythes et écueils qui jalonnent cette nouvelle odyssée !

Sisyphe. La tentation est forte de relancer des chantiers qui ont systématiquement échoué par le passé : révision de la stratégie de sécurité, capacité de planification et de conduite des opérations, meccano institutionnel, réformes de procédures… Toutes ces questions sont importantes. Mais à vouloir commencer par là nous nous condamnerions nous-mêmes à l’interminable punition de Sisyphe.

Les lestrygons. On ne sortira pas de la crise que nous connaissons sans solidarité, sans relance de l’économie, en un mot sans un budget européen digne de ce nom. En trois ans les dépenses de défense en Europe ont fondu de 30 milliards d’euros et le pire est à venir (je renvoie à ce sujet aux déclarations du chef d’état-major des armées françaises qui voit poindre à l’horizon un budget n’excédant plus même 1,3% du PIB). Que cela plaise ou non, la sauvegarde d’une défense en Europe passera inévitablement par un recours systématique aux financements européens (recherche, politiques structurelles, réseaux, infrastructures, etc.) et sans doute aussi par un budget dédié qu’il faudra abonder d’une façon ou d’une autre (j’y reviendrai). Pour y parvenir, il va nous falloir préserver le budget européen de ces lestrygons qui cherchent cannibaliser la proposition de cadre financier pluriannuel. Pour ceux qui ne suivent pas au quotidien les questions budgétaires, rappelons qu’il s’agit de l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, la Suède, la Finlande, l’Autriche et le Royaume-Uni.

Charibde et Scylla. Deux monstres encadrant un détroit par lequel il sera bien difficile de passer. Le premier n’est autre que l’absurde concurrence entre les institutions à Bruxelles. Le second figure la méthode intergouvernementale, cette relique de notre passé westphalien qui offre à nos États l’illusion de défendre des souverainetés nationales qui, à l’exception des dissuasions française et britannique, ne sont plus que des vues de l’esprit. C’est par ce détroit qu’il va falloir faire passer la défense européenne. Tout le monde doit y contribuer à commencer par les ministres de la Défense et l’agence européenne de défense. Mais il ne peut y avoir qu’un seul moteur d’intégration européenne, dans le domaine de la défense comme pour les autres politiques, et c’est la Commission européenne appuyée sur le Parlement. Le travail engagé par la task-force défense, la nouvelle stratégie industrielle qui nous est annoncée (la précédente communication de ce type en 2007 avait mis sur les rails le paquet défense) sont essentielles pour l’avenir. Certains s’inquiètent déjà des innovations qui pourraient s’y trouver et l’on voudrait les ralentir, attirer le Commissaire Barnier au conseil d’administration de l’AED comme pour lui rappeler un prétendu cadre intergouvernemental de la défense. Quelle idée impolitique : un commissaire présentant aux ministres un projet de la Commission dans le cadre du conseil d’administration d’une agence ! Serait-il possible que sur un sujet d’une telle importance, un brisquard de la politique tel que Michel Barnier renonce à s’exprimer au sein du Conseil en profitant du moment où les ministres des Affaires étrangères et de la Défense sont réunis ? J’ai peine à le croire. 

 

Cet article a éte initialement publié comme éditorial du numéro 557 d'EUROPE, DIPLOMATIE &DEFENSE en date du  1er novembre 2012.                                                    

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